Koulouba : Dans les coulisses du dernier conseil des ministres ordinaire de la transition

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gouvernementsortant de la salle du conseil, le chef de l’Etat a tenu à serrer la main de chacun des ministres comme pour leur confirmer que la mission étaient vraiment terminée.

 

 

Toute chose à une fin, assure un dicton. Hier, le gouvernement de transition a tenu son dernier Conseil des ministres ordinaire au palais présidentiel de Koulouba. Présidé par le chef de l’Etat par intérim, le Pr. Dioncounda Traoré, la session s’est déroulée sous une pluie battante au premier étage du bâtiment où se trouve la salle du Conseil des ministres. Les couloirs qui mènent à cette salle étaient occupés par les gardes du corps et notre équipe de reportage. Le temps passait au rythme des averses qui s’abattaient sur Bamako. Il pleuvait très fort et les couloirs du bâtiment étaient presque arrosés. Nous étions obligés de changer continuellement de position au gré de la direction du vent.

 

 

Notre équipe de reportage baignait dans une ambiance peu familière. En général, le monde de gardes du corps est un univers particulier, discret, voire mutique. Tout le contraire des journalistes qui sont souvent comme chats et chiens avec la garde rapprochée du président de la République. Les deux professions ont souvent des prises de bec publiques. Hier, rien de tout cela. La fin de transition aidant, les gardes du corps étaient étonnamment relaxes. Certains se sont même autorisés à commenter ces 18 mois de transition marqués par des hauts et des bas. «Nous avons passé une transition bien remplie. Il s’est passé tellement des choses et nous étions constamment sous pression», avouera un officier de la garde rapprochée du chef de l’Etat. Un autre bodyguard s’est livré avec humour : « Aujourd’hui, c’est la dernière journée du championnat. Tous les meilleurs buteurs, les meilleurs gardiens, les meilleurs défenseurs seront connus et récompensés ». La causerie était animée, touchant à des sujets habituels hors de ce cénacle : les tares de l’administration publique, l’égocentrisme du chef, la méchanceté entre employés … Bref, les tabous tombaient avec une étonnante facilité.

 

 

Les grondements du ciel semblèrent soudain ramener tout le monde à la réserve habituelle. Nous avons donc entrepris de préparer une série de questions à l’adresse du président de la République par intérim : Monsieur le président quelles sont vos impressions après avoir passé 18 mois à la tête de la transition ? Etes vous vraiment satisfait de la mission accomplie ? Avez vous aujourd’hui des regrets ? Quelle sera votre vie après transition ? Avez vous un conseil à donner au président élu ? Le chef de l’Etat qui était d’accord pour répondre à nos questions, s’est ravisé par la suite sur la recommandation de ses collaborateurs.

 

 

A défaut du président, les ministres semblaient disponibles. Deux d’entre eux ont volontiers répondu à nos questions : le ministre de l’Energie et de l’Eau, Makan Tounkara, et celui de l’Agriculture, Baba Berthé. «Aujourd’hui je suis animé par un sentiment de satisfaction. Les missions confiées au gouvernement de transition ont été pleinement accomplies. En tant que ministre en charge de l’électricité et de l’eau, nous avons fait beaucoup de choses en si peu de temps. Mais l’appréciation revient toujours à la population », a indiqué le ministre de l’Energie et de l’Eau. Il dit avoir tout de même regretté les délestages qui auraient pu être évités si certaines dispositions avaient été prises en amont. « Nous avons eu à affronter ces problèmes avec tout le tact professionnel», s’est consolé Makan Tounkara.

 

 

«Le gouvernement avait pour mission la libération du nord et l’organisation des élections. Je pense que ça s’est bien passé même s’il faut reconnaître qu’il y a eu des difficultés. Le plus important aujourd’hui, c’est améliorer les acquis de la transition. Que ça soit pour la sécurité du nord du pays ou pour les élections à venir. Ce que je pouvais faire dans ce gouvernement de transition, je pense l’avoir fait avec satisfaction. Seuls les charlatans pourront dire ce que je vais faire après la transition. Pour l’instant je reste à la disposition du président et de son gouvernement », a indiqué le ministre de l’Agriculture.

 

 

Le Conseil des ministres s’est terminé comme il avait commencé : sous la pluie. En sortant de la salle, le chef de l’Etat a tenu à serrer la main des ministres comme pour leur signifier que la mission était vraiment terminée. Il a renouvelé le geste avec les gardes du corps avant de s’engouffrer dans sa voiture.

Selon certaines indiscrétions, un Conseil des ministres extraordinaire pourrait être prévu au début de la semaine prochaine ainsi qu’une cérémonie de remise de médailles.

 

 

M. KEITA

 

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4 COMMENTAIRES

  1. L’impunité, l’incivisme et la corruption constituent un mixage assez détonnant parfois, explosif. Tenez : un richissime malien, un vendeur de condiment ou un chauffeur de taxis donne de l’argent à un policier qui remettra sa part à son chef, à un conseiller communal qui remettra sa part à son chef, à un administrateur qui remettra sa part à son chef, à un responsable des domaines qui remettra sa part à son chef. Alors, qui va sanctionner l’autre ? Violer allègrement la loi est devenu le sport favori du malien d’en haut comme celui d’en bas. Juste de temps en temps quelques coups d’éclats de responsables que l’on arrête, et que l’on libère quelques mois après. Ainsi, nos braves dames occuperont illégalement la voie au rail-da (le policier et son chef ayant reçu leur part ne bronche pas, IBK que les uns et les autres craignaient n’étant plus Président de l’Assemblée Nationale). Toutes les voies aménagées sont vite réduites en parkings, espaces de ventes, lieux de prière les vendredis, etc. Le propriétaire de station pose ses installations sur le lit de Woyowoyanko (le Maire, le Préfet ou le Chef des Domaines ayant reçu leur part ne pipe pas mot). Les habitants de Banconi montent leur maison au flanc de la mare ou de la colline en soudoyant le Chef de village et ses conseillers, les maires et les préfets. La zone aéroportuaire est désormais transformée en zone industrielle, comme si les usines n’étaient pas habitées. Toutes les canalisations et évacuations de Bamako, déjà initialement sous-dimensionnées, sont transformées en dépotoirs par l’incivisme. Les espaces verts, les terrains de jeux, les zones classées de Sotuba ou d’ailleurs sont tous bradés. Et idem dans les villes et villages. ALORS QUAND LA NATURE REPREND SES DROITS LORS DE VIOLENTS ORAGES, A L’UNISSON, ET DE FAÇON UNANIME ET COORDONNEE, TOUT LE MONDE CRIE : AU SCANDALE !!!!!!

  2. Quelles médailles veut-on encore donner à des gens qui, malgré l’atteinte des objectifs à ce gvnmt fixés, ont semblé pour la plupart ne pas savoir ce que c’est un gvnmt et qui ont plus travaillé à résoudre leurs problèmes personnels en plaçant amis et familles, en attribuant des marchés sans appels d’offre et en réformant les véhicules de l’état. En plus qui ont pensé qu’il faut multiplier leurs salaires par 5 ou7? Donnez-leur des médailles et commanditez des audits qui vont montrer que les médailles ne sont pas méritées?!

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