Jeamille Bittar, Lassine Boiré, Maharafa Traoré… :Les raisons de leur sortie ratée contre le VEGAL

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La sortie, pour le moins ratée de certains responsables contre le rapport du VEGAL s’explique. Ils ont été, pour la plupart, épinglés dans leur gestion sans pouvoir apporter la réplique nécessaire. Nous avons revisité les rapports les concernant.

Le ministre délégué du Budget auprès du ministre de l’Economie et des Finances Lassine Boiré et le ministre de la Justice Maharafa Traoré, à l’issue de leur conférence de presse du jeudi dernier sur le rapport 2009 du Vérificateur Général, sablent le champagne. Mieux, ils sont heureux d’avoir discrédité une institution, à défaut de pouvoir traîner devant la justice, un adversaire qui leur fait ombrage.

Erreur. Ils viennent, contre toute attente, de faire du Vérificateur Général, Sidi Sosso Diarra, un martyr. Du moins, aux yeux de nos concitoyens. Mais qu’est-ce qui peut motiver cette démarche du gouvernement ? Surtout à un moment où le Végal s’apprête à quitter son poste en fin mars. Pourtant, ce n’est pas une première fois qu’un  rapport du genre est publié.

« L’attente a été longue. Mais, nous avons fini par avoir la peau de ce prétentieux, qui a toujours voulu nous ôter le pain de la bouche ».

C’est en ces termes que certains cadres de l’Administration malienne dont les casseroles se comptabilisent en centaine de millions célèbrent leur gloire, face aux brèches du gouvernement à l’endroit du Vérificateur Général.

Pour ces voleurs de la République, le BVG est une pierre dans leur jardin… secret. Mais aussi, une aubaine pour les vérificateurs de présenter des rapports d’enquête non fiable sur leurs « mangements ».

 

Le gouvernement s’en défend sans convaincre

 

Mais pour faire échouer la mission du Vérificateur Général et encourager le vol du dénier public, le gouvernement à travers le ministre de la Justice Garde des « Sots » Maharafa Traoré, ne manque pas de jokers : le Bureau du vérificateur Général n’est pas la justice. Il ne saurait se substituer à la justice. Il peut saisir la justice pour des dénonciations.

En clair, le ministre qui tente de faire l’avocat du diable est loin d’être blanc comme neige. Il est cité dans une ténébreuse affaire recrutement direct de 286 agents dans l’Administration publique, au compte du ministère de l’éducation nationale en 2007. A l’époque des faits, Marafa était le Secrétaire général du ministère de la Fonction Publique.

Et les propos du ministre délégué du budget Lassine Boiré ressemblent fort à une contestation des rapports du Vérificateur Général. Surtout  que le Vérificateur dans son rapport 2008 a décelé un trou de 40 millions environ dans sa gestion, lorsqu’il était le DG de l’INPS.

Même si les ministres Maharafa Traoré et Lassine Bouaré se refusent à être en « campagne de communication offensive » contre les rapports produits par le Bureau du Vérificateur Général, la communication qui a été faite à travers leur sortie médiatique ressemble fort bien à cela.

A en croire le ministre Bouaré, la lutte contre la corruption et la délinquance financière est un objectif fondamental du gouvernement. Ce qui s’est manifesté par la tenue des états généraux sur la lutte contre la corruption sanctionnés par l’élaboration d’un plan d’action de mise en œuvre des recommandations de ce forum.

Selon lui, on ne peut sensibiliser le peuple sur les efforts faits dans ce sens sans faire le point de la mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport du Végal.

En clair, il s’agit pour le gouvernement de s’attarder sur les rapports du Vérificateur Général. Singulièrement, sur celui de l’année 2009.

Pour le gouvernement, la notion de « manque à gagner », qui revient sans cesse dans les rapports du Végal pose problème. Bien plus, l’utilisation du terme  manque à gagner est source de nombreuses confusions : « à l’analyse des constats et des montants incriminés dans le rapport de vérification, il apparaît que le « terme manque  à gagner » se rapporte effectivement à des situations assez diverses et variées bien éloignées de ce que pourrait comprendre le grand public.  Il s’agit notamment de la non-application des textes, de l’absence de mentions obligatoires sur les factures, du non-recouvrement de la TVA et de créances, de dépassement de mandatement, de paiement sans mandatement,  de l’absence de l’avis de la Direction des marchés publics », explique le ministre délégué en charge du budget, Lassine Boiré. Avant d’ajouter : « le gouvernement s’engage à tout mettre en œuvre  afin que les services concernés entreprennent des actions dans les meilleurs délais pour leur régularisation ou justification et éventuellement la saisine de la justice… »

Quant au ministre de la justice Garde des « Sots », Maharafa Traoré et le juge anti-corruption, Sombé Théra, l’expression « manque à gagner » ne figure pas dans le Code pénal. Et comme tel, il ne pourrait suffire pour réprimer.

En somme pour le gouvernement malien, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Car argue-t-il : «  il y a 111 milliards CFA de manque à gagner  dans le rapport 2009 du Vérificateur et dont il suppose recouvrable la bagatelle de 48 milliards. En réalité, les structures contrôlées reconnaissent 7 milliards de nos francs. Ce qui indique que le montant du Vérificateur repose sur des simulations très loin de la vérité et qui ont été faites par des vérificateurs qui ont peu d’expérience dans les finances publiques et l’administration ».

Si pour nos populations, le travail du Vérificateur doit être félicité, il n’en demeure pas moins que cette sortie médiatique du gouvernement manifeste une désapprobation vis-à-vis des méthodes de travail de vérification et certains termes utilisés dans les rapports produits. Autrement dit, c’est le divorce entre le régime en place et Vérificateur.

 

Le Végal une cible à abattre

C’est sans commentaire que les rapports du Végal sont démontés par le gouvernement. Manifestement. Mais il faut reconnaître que depuis la création du BVG, les rapports annuels qu’il publie dérangent. Considérablement. Surtout au niveau des cadres de l’Administration dont le sport matinal reste le détournement du dénier public pour eux et pour leur lointaine descendance.

La récente contestation du président de la CCIM, Jeamille Bittar, suite à la publication du rapport 2009 du BVG en est une illustration. Ce dernier, selon le Végal a dégusté à la petite cuillère la somme de 1,35 milliard CFA. Avant de sacrifier la structure sur l’autel d’intérêts égoïstes. Une tendance suicidaire qui fait qu’aujourd’hui, l’institution consulaire a du mal à convaincre de son efficacité.

Avant le « prince » de la CCIM, c’était le tour du dirlo de l’ANICT, Mohamed Ag Erlaf de s’en défendre sans convaincre, face à l’opacité de la gestion de sa structure relevée dans le rapport 2008 du Végal.

En rendant public le rapport 2009 du BVG, Sidi Sosso Diarra était loin de s’imaginer qu’il venait de commettre un crime de lèse-majesté. Surtout dans un pays où la devise reste « bouffe et tais-toi, s’il en reste la nation pourra en bénéficier ».

A quelque chose, malheur est bon ! Après les contestations, pour le moins spectaculaire des rapports d’enquête du BVG, Sidi Sosso Diarra peut-il, encore, assumer sa charge et bien d’autres responsabilités ?

En tout cas, en vrai bamanan, le Végal  reste serein et promet de mieux faire.

En réalité, les pratiques qui frappent le BVG sont les conséquences logiques de la légèreté, mais aussi, la précipitation avec laquelle l’institution a été mise en place.

Au sein de la population, c’est la colère, la dispute et l’indignation. Surtout qu’en avril 2009, l’incarcération du Végal à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako avait été une occasion en or pour certains magistrats de se débarrasser d’un obstacle à leurs privilèges.

Pour l’écrasante majorité de nos concitoyens, l’humiliation subie par le vérificateur général, risque d’être la goutte d’eau qui fera déborder le vase, déjà, trop plein de rancœurs. Mais aussi, d’injustices contenues.

Sur le site Maliweb, les internautes ne décolèrent pas. Avec des mots, parfois durs, ils s’en prennent  au régime en place, accusé de tous les péchés d’Israël.

Aussi, certaines associations envisagent d’organiser des débats pour manifester leur soutien au Vérificateur général dans sa mission de lutte contre la corruption et la délinquance financière. Mieux ces structures réclament « la cessation immédiate de toute action de nuisance contre le Vérificateur Général ».

Ce que déplorent nos concitoyens, c’est le fait que la présidence de la République qui a institué le BVG arrive à jeter le discrédit sur le travail de la structure. Avant d’humilier en personne Sidi Sosso Diarra.

Mais qu’il le veuille ou non, le gouvernement vient de faire de Sidi Sosso Diarra, un martyr. A tort ou à raison.

Mais nos concitoyens, voient derrière cette démarche une main invisible du régime, afin de traîner le Végal dans la boue et l’humilié. Une manière aussi pour le gouvernement de dire au Végal qu’en politique tout comme à la guerre, l’erreur ne se pardonne pas. Elle se paye chère.

 

Jean pierre James

 

 

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