08 septembre 2013-16 décembre 2013 : lundi dernier le Gouvernement Oumar Tatam Ly, le premier du mandat du président Ibrahim Boubacar Kéïta, a bouclé ses 100 jours.
Cent jours marqués certes par la réalisation d’actions et d’actes concrets, mais aussi et surtout par l’amer constat que quasiment rien n’a changé aussi bien dans le mode de gestion des affaires publiques que dans le quotidien des Maliens et la situation sécuritaire du pays. Analyse
Concrètement, le fait d’arme du Gouvernement Tatam Ly est sans conteste l’élaboration du Programme d’actions du gouvernement (PAG) pour la période 2013-2018 ; un ambitieux document, qui, s’il est mis en œuvre tel que conçu pourrait bien remettre le pays sur les rails. Nous plaçons le PAG devant l’organisation des Etats généraux sur la décentralisation et des Assises nationales sur le nord ; deux initiatives dont l’esprit est salutaire et qui pourraient impacter l’avenir immédiat du Mali à condition que leurs conclusions ne soient rangées aux oubliettes. Entre les deux, nous intercalons l’organisation (presque) parfaite des élections législatives qui consacre le rétablissement définitif de l’ordre institutionnel.
De l’autre côté, les trois mois de l’équipe Tatam Ly sont noircis par le manque total de visibilité de l’action gouvernementale, le tâtonnement dans la gestion des affaires, la redondance dans les discours et le statu quo dans le (mal) vivre des Maliens.
Pour la reconstruction de l’Etat
Ce n’est pas une DPG (Déclaration de politique générale) à proprement parler, mais, le Programme d’actions du gouvernement (PAG), pour la période 2013-2018 vient combler le vide instauré par l’absence d’une véritable Assemblée nationale. Le Premier ministre l’a élaboré sur la base des orientations du président de la République.
En effet, dans le contexte d’une sortie de crise sécuritaire et institutionnelle consécutive au conflit armé déclenché dans les régions du Nord par des terroristes et au coup d’Etat du 22 mars 2012 qui ont entraîné le délitement des institutions publiques et la déconfiture de l’Etat, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a fait part de son ambition de rassembler tous les Maliens autour d’un projet de reconstruction de l’Etat afin qu’ils deviennent, à nouveau, les maîtres de leur destin et de leur développement. La réalisation de ce projet implique pour chaque Malien, le devoir de conduire une œuvre de transformation économique et sociale qui permette de conjurer les périls que sont l’insécurité dans le Nord du pays, la désagrégation des institutions publiques, la corruption, la dégradation des conditions de vie et la perte des repères moraux qui mine la société.
Le Programme d’actions du gouvernement se propose de prendre en charge les priorités du Président de la République à travers la restauration de l’intégrité du territoire et la sécurisation des biens et des personnes, la réconciliation des Maliens et la consolidation de la cohésion sociale, la refondation des institutions publiques et l’approfondissement de la démocratie, la promotion des femmes et des jeunes et la construction d’une économie émergente.
A cet effet, l’action publique sera fondée sur les principes directeurs ci-après : une éthique de la responsabilité, exigeant de tous ceux qui détiennent des charges et responsabilités publiques un comportement exemplaire et réhabilitant le travail et le mérite ; une exigence de qualité et d’accessibilité au plus grand nombre de services publics ; la participation active de tous les citoyens à travers le renforcement des institutions démocratiques ; la promotion de l’égalité des chances, à travers des politiques publiques de santé et d’éducation qui, corrigeant les inégalités, offre à chacun la possibilité de réaliser son potentiel par le travail ; un aménagement de l’ensemble du territoire, qui assure, par la valorisation des potentialités économiques le développement équilibré de toutes les parties du territoire national.
Le Programme d’actions du gouvernement, élaboré selon un processus impliquant l’ensemble des ministères, s’articule autour de six (6) axes. A savoir la mise en place d’institutions fortes et crédibles ; la restauration de la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national ; la mise en œuvre d’une politique active de réconciliation nationale ; la reconstruction de l’école malienne ; la construction d’une économie émergente ; la mise en œuvre d’une politique active de développement social.
Chacun de ces axes se décline en mesures qui doivent être mises en œuvre par le gouvernement. Si tel est le cas, tout deviendra « Rose ».
Le régionalisme comme mode gouvernance
Les deux premiers actes majeurs posés par le Gouvernement Tatam Ly aussitôt après sa formation furent l’organisation coup sur coup des Etats généraux sur la décentralisation (21-23 octobre) et des Assises nationales sur le nord (1-3 novembre). Dans les deux foras, la politique du régionalisme ou de la régionalisation a été dégagée comme mode gouvernance pour sortir le pays de l’ornière.
La politique de décentralisation, comme l’ensemble des reformes en cours au Mali, a été affectée par la crise qu’a traversée le Mali. Du coup, cette dernière remet en débat la pertinence et les choix du processus de décentralisation en cours. Cependant, malgré les insuffisances relevées, la décentralisation apparait toujours comme une option essentielle pour contribuer à la résolution de la crise au Nord du Mali, notamment, à condition que la réforme soit approfondie et adaptée aux enjeux.
Les Etats Généraux ont ainsi proposé des orientations permettant de faire évoluer l’organisation institutionnelle de l’Etat et de la Gouvernance afin d’être en mesure de gérer les diversités humaines et territoriales qui caractérisent le Mali.
Tout a été dit lors ce forum. Il faut désormais booster la décentralisation au Mali en passant par le lancement de la politique de régionalisation, le développement de la base au sommet et non du sommet à la base. C’est pourquoi, il a été décidé lors de ces Etats généraux d’accélérer le transfert des compétences aux collectivités, ainsi que celui des ressources financières. Car, c’est toujours l’Etat qui centralise tous les financements.
Il s’agit donc de donner de nouveaux moyens aux collectivités territoriales et une place importante aux autorités traditionnelles et coutumières qui joueront désormais un rôle capital dans la gestion de la prévention des conflits. Le ministre en charge de la Décentralisation, Malick Alhousséini a promis qu’il établirait rapidement un calendrier pour rendre effectives toutes les décisions issues des Etats généraux. Attendons donc de voir…
Les Assises nationales sur le nord, organisées quelques jours plus tard, ont, elles aussi, abouti à la même conclusion : l’indivisibilité du Mali et le choix du régionalisme comme mode de gouvernance.
Elles ont servi de cadre pour les populations de débattre de la gouvernance locale, de la décentralisation, du développement des régions du nord, de la cohésion, la paix et la réconciliation, … Pour une refondation du Mali et de sa démocratie.
Autre acquis majeur à mettre à l’actif de Oumar Tatam Ly, c’est l’organisation réussie des élections législatives par son ministre de l’Administration territoriale, Gal Moussa Sinko Coulibaly. Celui qui est qualifié par bon nombre de Maliens comme le ministre le plus efficace de la transition et de l’actuelle équipe dote ainsi le Mali de la dernière institution qui complète le puzzle de son architecture institutionnelle.
Cependant, Tatam tâtonne
Si d’autres actes significatifs peuvent être notés dans le bilan de Tatam Ly, comme l’instauration de l’impunité et la lutte implacable engagée contre la corruption, plusieurs lacunes jalonnent également l’action de l’actuel gouvernement.
Le premier handicap du Gouvernement Tatam Ly, c’est d’abord et avant tout la pléthore de son effectif, inédit dans l’histoire du Mali : 34 ministres pour faire le travail de 20 au maximum. Pire, le caractère vieillissant de l’équipe, avec le rappel des vieux chevaux du haras, vient en rajouter à l’inefficacité du groupe et contribuer à la léthargie dans son action.
Ensuite, la solidarité gouvernementale peut se manifester autrement que une demi douzaine de ministres se retrouvent dans une cérémonie qui, dans le meilleur des cas, devrait être présidée par un secrétaire général. Le temps perdu par ces six ministres peut être utilisés à des services plus utiles.
Autre lacune de taille : l’équipe Tatam Ly excelle beaucoup plus dans les discours et les coups d’éclat que dans l’action. Or, les discours ont le double (sérieux) inconvénient de retarder les initiatives que d’enfoncer leurs auteurs.
Le manque de visibilité caractérise également l’action de l’actuel gouvernement où chaque ministre semble fuir ses responsabilités. C’est le président de la République qui vient très souvent à la rescousse. D’où l’intention que IBK parle trop. Il se voit obligé.
Le gouvernement est confiné dans la lecture par son Porte parole, en direct dans le Journal télévisé, de communiqués qui devraient, en temps normal, être contractés par la rédaction de la télévision nationale et lus par le présentateur.
Cette inaction, cette navigation à vue et ce tâtonnement dans la gestion gouvernementale ont conduit au retard pris dans le changement tant attendu dans les dossiers essentiels de l’heure : la situation de Kidal, l’insécurité, la crise financière, l’autosuffisance alimentaire, le quotidien du Malien. Le sursis ? On est seulement à 100 jours sur 5 ans. Mais l’état de grâce est bel et bien fini.
Sékou Tamboura
“Cependant, Tatam tâtonne”…. Quel sens du rythme ce journaliste! Fait-il sournoisement allusion ….au Tam-tam?
Hyndicapes assez explicites, pourvu Mr le premier ministre Ly se donne la paine paine de vous lire. 6 ministres a un evenement alors qu’un secretaire general peut faire le travail: j’ai bien aimé ca. C’est le Mali depuis l’independance 😀 , l’Afrique en un mot 😆 😉 .
100 jour ok, au moins on avance a pas pas de cameleon. Mieux que rien non ❗ 😉 .
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