Modibo Kéita est un ancien Premier ministre. Il faisait office de Haut représentant du président de la République dans les pourparlers d’Alger. Il n’appartient à aucune formation politique, contrairement à son prédécesseur, Moussa Mara, qui subissait, à cause de la minorité de son parti dans la sphère politique, la pression des militants du RPM. Cela peut être une raison du choix du nouveau Premier ministre, éloigné des querelles partisanes.
Dans le nouveau gouvernement, siègent 29 ministres contre 31 dans l’équipe précédente. Les 6 rentrants sont : Mamadou Igor Diarra, ministre de l’Economie et des finances. Ancien Directeur général de la Banque internationale pur le Mali (BIM), il fut ensuite nommé ministre de l’énergie et de l’eau par ATT. Il a travaillé à la Banque de développement du Mali (BDM) et occupé le poste de PDG de la Banque of Africa (BOA). Le nouveau ministre de l’Economie numérique, de l’information et de la communication, porte parole du gouvernement, Choguel Kokala Maïga, est le président du MPR (mouvance présidentielle). Il a occupé les postes de Directeur général de l’autorité malienne de régulation des télécommunications et des postes(AMRTP) après avoir été ministre du commerce sous le régime de l’ancien président, ATT. Le ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable revient à un poste qu’il avait déjà occupé sous le régime de l’ancien président alpha Oumar Konaré. Mohamed Ag Erlaf est un ancien rebelle des années 90. Il est rentré dans les rangs de la nation malienne, donc de l’Etat. Il faisait partie des membres qui participent aux pourparlers d’Alger. Il occupait le poste de Directeur général de l’Agence nationale d’investissement des collectivités territoriales (ANICT). Dramane Dembélé, ministre de l’Urbanisme et de l’habitat est le malheureux candidat de l’ADEMA, à l’élection présidentielle de 2013. Il dirigeait la Direction nationale de la géologie et des mines (DNGM). Mme Diarra Raky Talla, ministre du Travail, de la fonction publique et de la réforme de l’Etat, chargé des relations avec les institutions, détient une maitrise en droit des affaires et un DEA. Elle est militante du l’UM-RDA. Barthélémy Togo est le ministre de l’Education, département dont il a déjà occupé le poste de secrétaire général. C’est un domaine qu’il connait bien pour avoir souvent été impliqué dans les programmes de développement. Il était aussi inspecteur en inspection de l’Education. Vu les qualifications de ces 6 rentrants, on peut sans conteste dire qu’il y a un signe d’espoir pour un pays qui a plus que besoin d’un gouvernement de « combattants ». En effet, plusieurs dossiers relatifs à des projets structurants restent encore en instance. Huit ministres quittent le gouvernement : Mme Boiré Fily Sissoko, Ousmane Sy, Mme Togola Nana Jacqueline, Bah N’Daou, Mahamadou Camara, Bocar Moussa Diarra, Moustapha Ben Barka et Mme Berthé Aïssata Bengaly. Mme Boiré Fily Sissoko, Mahamadou Camara et Moustapha Ben Barka ont sûrement été victimes de l’affaire liée à l’avion présidentiel et au contrat des équipements militaires. Certains d’entre eux sont pourtant perçus comme des proches de la famille présidentielle. Les raisons du départ du ministre Ousmane Sy, expert en décentralisation restent cependant à déterminer. Quant à Bocar Moussa Diarra, ses démêlés avec l’UNTM l’ont mis à port- à-faux avec le président IBK qui avait reconnu le manque de communication du gouvernement avec la centrale syndicale. Quoique très courageuse, Mme Togola Nana Jacqueline, a donné un coup de pied dans la fourmilière, en s’attaquant à la « mafia » du ministère de l’Education. Parmi les ministres reconduits en bonne position, on peut citer Abdel Karim Konaté, car, l’industrie a été ajoutée à son département. Il convient de signaler que l’approvisionnement régulier du marché en période de crise et sa bonne communication avec les opérateurs économiques et les syndicats ont fait partie des indicateurs qui ont permis de l’évaluer. Le ministre du développement rural, Bocary Tréta gagne en préséance. Cependant, on se demande si l’activité politique des nouveaux ministres des Domaines de l’Etat et des affaires foncières, Me Mohamed Aly Bathily et de la Défense et des anciens combattants, Tiéman Hubert Coulibaly, n’ont pas eu d’impact dans leurs nominations. En effet, le meeting des APM, véritable démonstration de force de son coordinateur, Mohamed Aly Bathily, samedi dernier, au Palais de la culture, a prouvé qu’il sait répondre aux désirs du Chef de l’Etat qui avait souhaité plus de réactivité de sa mouvance. Il en va de même pour le ministre, Tiéman Hubert Coulibaly, qui a lancé le regroupement politique, l’AFD-Mali, censé soutenir IBK. Abdoulaye Idrissa Maïga occupe désormais le poste de ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, ce qui peut être considéré comme une promotion. Le président IBK a donc effectué un dosage de technocrates et d’hommes politiques, de vieux et de jeunes. Espérons que cette fois sera la bonne et que le pays sera bien gouverné. C’est urgent.
B.D.