Le grand chamboulement auquel beaucoup s’attendaient n’aura donc finalement pas lieu. Il y a juste un léger réajustement de l’attelage gouvernemental qui compte trois ministres de moins que le précédent. D’ailleurs, à l’exception des Affaires étrangères, les départements stratégiques, tels que l’Economie, la Justice et la Défense n’ont pratiquement pas changé de main. Autre fait notable, c’est la suppression de tous les ministères délégués, ainsi que l’entrée remarquable de Me Mountaga Tall et le retour surprenant d’Ousmane Sy.
Le suspense a duré une semaine. Nommé le samedi 5 avril 2014, le Premier ministre Moussa Mara a formé son gouvernement le vendredi dernier. Mais l’espoir d’insuffler du sang neuf à l’Exécutif après le départ d’Oumar Tatam Ly a été presque déçu. A l’analyse, on arrive à la conclusion qu’en termes de départs et d’arrivées, le gouvernement Mara se différencie de peu de celui de son prédécesseur.
Une vingtaine de maintiens
En effet, sur les 31 membres qui composent la nouvelle équipe- contre 34 pour celle de M. Ly-ils sont au total 23 ministres à rempiler. Il s’agit, en référence à leurs anciens portefeuilles, de Me Mohamed Aly Bathily de la Justice, Soumeylou Boubèye Maïga de la Défense et des Anciens combattants, Général Sada Samaké de la Sécurité, Bouaré Fily Sissoko de l’Economie et des Finances, Zahabi Sidi Ould Mohamed des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Bocary Téréta du développement rural, Hamadoun Konaté du Travail des Affaires sociales et humanitaires, Cheickna Hamady Seydi Diawara de la Planification et de la Prospective, Tiéman Hubert Coulibaly des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières. A ceux-ci s’ajoutent Bocar Moussa Diarra de la Fonction publique, Abdel Karim Konaté du Commerce, Mamadou Frankaly Keïta de l’Energie et de l’Hydraulique, Ousmane Koné de la Santé et de l’Hygiène publique, Togola Jacqueline Marié Nana de l’Education nationale. Cette liste est complétée par les jeunes Boubou Cissé des Mines, Moustapha Ben Barka de l’Industrie et de la Promotion de l’investissement, Mahamane Baby de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Me Mamadou Gaoussou Diawara et autres Sangaré Oumou Bah de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Abdrahamane Sylla des Maliens de l’Extérieur, Berthé Aïssata Bengaly de l’Artisanat et du Tourisme et enfin Thierno Hamady Oumar Hass Diallo des Affaires religieuses et du Culte.
Ils sont onze à faire leurs cartons
Les départs qui ont le plus retenti sont certainement ceux de Cheick Oumar Diarrah, précédemment en charge de l’épineuse question de la Réconciliation nationale et Moustapha Dicko de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ces deux étaient dits très proches du Président de la République, même s’il est vrai que le second, politique, est d’un autre bord, de l’Adema notamment. Les Généraux Moussa Sinko Coulibaly de l’Administration territoriale et Abdoulaye Koumaré de l’Equipement et des Transports ont, eux aussi, fait leurs valises. Mais, leurs départs n’ont guère surpris, car il ne fallait plus s’attendre à ce que le gouvernement s’ouvre aux uniformes après le parachèvement du retour du pays à une vie institutionnelle normale. Ils ont dû retourner dans les casernes pour se consacrer aux affaires militaires, après un passage appréciable au gouvernement. En plus de ces quatre, les ministres Ousmane Ag Rhissa de l’Environnement et de l’Assainissement, Bruno Maïga de la Culture ont été éjectés. A l’instar de tous les ministres délégués, notamment Malick Alhousseini, chargé de la Décentralisation, Nango Dembélé, chargé de l’élevage, de la pêche et de la sécurité alimentaire et Madani Touré, chargé du Budget.
Huit nouvelles recrues
Parmi ceux qui font leur entrée dans le gouvernement Moussa Mara I, Me Mountaga Tall est certainement la grande curiosité. Curiosité en ce sens que ce dinosaure politique, président du Cnid, siège pour la première fois dans une équipe gouvernementale. De l’avis d’observateurs politiques, c’est là une manière pour IBK de recaser ce soutien de taille qui s’occupe du problématique département de l’Enseignement supérieur. Car, le président du soleil levant courrait désormais le risque de se voir stationner au garage, après qu’il eut été évincé de son siège de député lors des dernières législatives. Ancien professeur d’enseignement supérieur, cet Avocat chevronné devra trouver les voies et moyens pour sauver cet ordre d’enseignement des maux qui l’assaillent depuis des années.
L’autre arrivée, surprenante d’ailleurs, c’est bien celle d’Ousmane Sy, issu de la vielle garde du Pasj. Le nouveau ministre de la Décentralisation est, du reste, en terrain connu pour avoir conduit la mise en œuvre du processus de décentralisation de notre pays à la fin des années 1990. On comprend donc aisément le retour de ce haut responsable de l’Adema s’explique pour une volonté des hautes autorités de donner un nouveau souffle au processus de décentralisation, surtout quand on sait que le chef de l’Etat entend davantage pousser ce processus pour en faire une des réponses à la crise récurrente du Nord. Les six autres recrues sont Abdoulaye Diop des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine (un diplomate chevronné), Mahamadou Camara de l’Economie numérique de l’Information et de la Communication, précédemment Directeur de Cabinet de la Présidence, Mamadou Hachim Koumaré de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, Abdoulaye Idrissa Maïga de l’Assainissement, de l’Environnement et de l’eau (ancien directeur de campagne d’IBK), le jeune président de la Codem, Housseini Amion Guindo, qui se charge des Sports et N’Diaye Ramatoulaye Diallo de la Culture.
La gent se renforce d’un portefeuille
Quatre dans le gouvernement précédent, les femmes peuvent s’estimer légèrement heureuses pour avoir concocté au moins un poste de plus dans le nouvel attelage. En plus de la puissante Bouaré Fily Sissoko et autres Togola Jacqueline Marie Nana, Sangaré Oumou Bah et Berthé Aïssata Bengaly, c’est la jeune Communicatrice de talent Ramatoulaye Diallo qui fait son entrée, complétant le nombre des dames ministres à cinq. Ce nombre est-il pour autant suffisant ? Rien n’est moins sûr.
S’il va sans dire que le Gouvernement Mara a fait mieux que celui de Ly, le chemin reste encore tout de même long pour que les femmes soient représentées dans le gouvernement à hauteur de leur importance démographique. Elles qui avaient réclamé au moins 30% des postes du gouvernement précédent, se retrouvent encore une fois avec la portion congrue.
Les suppressions, les scissions, les créations…
D’entrée de jeu, il faut signaler la supression de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de l’Aménagement du territoire a éclaté. Ainsi, l’Administration territoriale devient l’Intérieur qui est désormais ajouté à la Sécurité. Pendant que la Décentralisation, doublé de la Ville, devient un département à part entière. Au même moment, l’Aménagement du territoire se ramifie, avec la Population, à la planification qui perd en même temps la Prospective. Remarque de taille : aucun ministère délégué ne figure dans la nouvelle nomenclature gouvernementale.
Aussi, à part le ministre des Affaires étrangères que Zahabi, désormais ministre de la Réconciliation nationale, perd au profit d’Abdoulaye Diop, aucun département stratégique (Justice, Economie et Défense) n’a changé de main. Au contraire, la Justice se trouve renforcée d’une nouvelle notion, à savoir les droits de l’Homme. Le ministère de la Réconciliation nationale est désormais amputé du Développement du Nord. Cette dernière branche est reprise sous le vocable Reconstruction du Nord, et créée auprès de ce qui est devenu le ministère de la solidarité et de l’Action humanitaire. L’Equipement et les Transports se renforcent du Désenclavement qui fait son apparition, pendant que le Patrimoine nait auprès des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières. Le ministère de l’Industrie et des Mines est scindé en deux, donnant naissant à un ministère des Mines et un ministère de l’Industrie auquel on associe la Promotion de l’investissement. En lieu et place du ministère de la Communication et des nouvelles technologies de l’Information, création est faite d’un département de l’Economie numérique de l’Information et de la Communication, alors que la Jeunesse, qui prend désormais en compte la reconstruction citoyenne, perd le Sport qui devient un ministère autonome.
L’Energie a été séparée de l’Eau qui vient, elle, renforcer l’Assainissement et l’Environnement. Les Relations avec les institutions fait son réapparition et se greffe sur la Fonction publique et du Travail. Quant à l’Urbanisme, qui était sous le même toit que la Politique de la ville, il retrouve l’Habitat, pendant que le vocable Logement disparait. Aux Affaires étrangères et la Coopération internationale, se ramifie de nouveau l’Intégration africaine.
En dehors de ces cas, les autres départements n’ont connu ni scissions, créations, renforcement et supressions, tous les autres départements ont gardé leur appellation initiale. Il faut aussi noter par ailleurs que plusieurs observateurs voient en la nomination de Zahabi Ould Sidi Mohamed comme ministre en charge de la Réconciliation nationale le vœu du chef de l’Etat de relancer ce chantier qui lui tient profondément à cœur. Ce dernier, faut-il le rappeler, connait parfaitement les tenants et aboutissants de la crise du Nord dont il est originaire.
Le travail peut donc commencer et les Maliens, bien entendu, jugeront certainement aux résultats.
Bakary SOGODOGO
les maliens doivent ouvrir les jeux surtout les jeunes la seul solution pour chasser ces vieux kafarre du pouvoir c est la revolution indignez vous
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