Gouvernement Modibo Sidibé : Le ministre Sadio Gassama est-il devenu versatile ?

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               S’il y a actuellement un ministre qui se trouve dans le collimateur de quelques uns de ses subordonnés, c’est bien celui de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile. En effet, après avoir pris ses responsabilités en signant l’arrêté portant règlementation du port de l’uniforme pour les agents de la protection civile, le Général de Brigade Sadio Gassama n’a guère mis ledit arrêté en application. Pourtant la mise en application de l’arrêté en question n’entraîne aucune incidence financière. Pourquoi alors le ministre tarde-t-il à le faire ?

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La fin d’une frustration ?

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                Les sapeurs pompiers nourrissaient un sentiment de doute presque généralisé quant à leur avenir au sein de la protection civile. Ils se considéraient comme les plus frustrés, du fait que beaucoup d’entre eux servaient pendant environ dix ans… avec les mêmes grades. C’est dire que pour la plupart, les “soldats du feu” ignoraient le mot avancement.

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                Cependant, avec l’arrivée de Sadio Gassama à la tête du département, ils ont repris espoir : ce dernier s’est engagé à mettre fin à cette frustration qualifiée d’injustice. Aussi, après moult tractations et concertations, il parviendra à soumettre à la signature l’arrêté interministériel n° 07-1679/MSIPC-MDAC-SG du 10 juillet 2007 portant réglementation de l’uniforme et déterminant les appellations des grades militaires des fonctionnaires de la protection civile.

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                Cet arrêté signé par les ministres de la Défense et des Anciens Combattants, et de la Sécurité Intérieure et de la Protection civile de l’époque, stipulait que le port de l’uniforme s’accompagne de celui des insignes et prérogatives des grades militaires au sein de la protection civile, et concerne le corps des administrateurs de la protection civile (le grade le plus élevé est le Général de brigade et celui le plus bas est le commandant) ; le corps des techniciens de la protection(qui va duMajor au Capitaine) et le corps des agents techniques de la protection civileoù les grades sont compris entre le Sergent et l’Adjudant-Chef.

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Gassama, une fierté

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                Cependant, cet arrêté ne sera pas appliqué. Le blocage ne venait pas des sapeurs-pompiers, puisque le texte proposé par le syndicat de la protection civile avait été modifié avant son adoption. C’est plutôt le Directeur Général qui, à tort ou à raison, serait soupçonné de créer des difficultés empêchant l’application de ce texte. Parce que la pression viendrait de certains fils de hauts gradés des forces armées et de sécurité intervenant dans l’encadrement des sapeurs pompiers. C’est dire que ceux-ci sont prêts à tout pour ne pas retourner un jour à leur corps d’origine, à savoir la gendarmerie nationale. Allez-y savoir pourquoi.

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                Néanmoins, face à la grogne des sapeurs-pompiers, c’est le ministre Gassama qui prendra ses responsabilités en mettant de côté l’arrêté interministériel que lui et son collègue de la défense avaient signé ensemble. Il va donc prendre seul l’arrêté n° 07-2619/MSIPC-SG du 26 septembre 2007 portant règlementation du port de l’uniforme par les fonctionnaires de la protection civile. Mais, précisons que cet arrêté reprend intégralement le contenu de l’arrêté interministériel.

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                Curieusement, le Directeur Général de la protection civile qui est censé être d’accord avec cet arrêté -le texte a été adopté en réunion de cabinet du ministère, à laquelle il a pris part ne voudrait pas que ledit arrêté soit appliqué. En effet, selon nos sources, dans une correspondance à son ministre, il évoque un certain nombre d’éléments qui, selon lui, entravent l’application de l’arrêté du 26 septembre 2007. De l’avis du Directeur Général de la Protection civile, dans les cas de figure, le niveau des attributs de grade est élevé par rapport à la situation interne, “II y aura des sauts très importants en la matière.” 

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                Pour lui, “la parution de l’arrêté a été perçue comme un lâchage , malgré les services rendus et les sacrifices consentis par les militaires sapeurs- pompiers (…) leur démission pourrait conduire à l’effondrement de la structure” parce qu’ils jouent le rôle de “véritable épine dorsale du système actuel”.

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                Alors questions : Pourquoi le Directeur Général s’est-il rétracté, après la signature, à deux reprises, de cet arrêté? Pourquoi n’a-t-il pas exposé l’inquiétude de ceux qu’il prétend défendre, lors des réunions du cabinet ayant abouti à l’adoption dudit texte ? qu’est-ce qui lierait le ministre au Directeur Général, pour que Gassama tarde à appliquer son propre arrêté? Le ministre serait-il l’otage de son subordonné?

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La colère du syndicat

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                Le comportement du Directeur Général et du ministre Sadio Gassama soulève le courroux des sapeurs-pompiers. Dans une lettre datée du 12 Novembre 2007 et adressée au ministre, la section syndicale de la protection civile explique que, “contrairement à ce que pense le Directeur Général de la protection civile, nous ne voyons aucune difficulté” dans l’application de l’arrêté.

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                Selon les syndicalistes, “ si on doit parler de frustration, c’est bien les agents de la protection civile qui sont aujourd’hui les plus frustrés, car ayant déjà dix ans environ dans les mêmes grades. Il y a des officiers de gendarmerie qui ont été encadrés par des administrateurs Sous-lieutenants de la protection civile, mais qui sont devenus ,l’année suivante, Lieutenants et promus soit directeurs régionaux de la protection civile, soit commandants de compagnie de sapeurs pompiers et qui continuent à commander ces Sous-lieutenants administrateurs de la protection civile”.

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                Pour le syndicat, l’arrêté ne doit pas être pris pour une entité du personnel, mais plutôt pour l’avenir de toute une corporation. D’ailleurs, pensent des sapeurs-pompiers, le niveau des attributs de grade n’est en aucun cas élevé si l’on se réfère au retard accusé par les agents de la protection civile de tous les corps dans leur avancement.

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                Dans ce cas, “l’application de cet arrêté ne saurait être synonyme de démission des officiers de gendarmerie, directeurs régionaux, car dans l’organigramme de la direction générale, il y a bien des postes à pouvoir pour garantir l’épanouissement de ce jeune corps”

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                Pourquoi le ministre et son Directeur général refusent-ils donc d’appliquer cet arrêté, sachant bien que son application “n’a aucune incidence financière comme lors des nominations au grade supérieur dans l’armée”, puisqu’il s’agit seulement d’une simple transposition en grade, conformément à la grille annexée au statut des fonctionnaires de la protection civile?

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Affaire à suivre donc…

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Oumar SIDIBE

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