Gouvernement de Modibo Sidibé : La Fin annoncée de la médiocrité

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En décidant de constituer un gouvernement dont le seul et valable critère n’a été que la compétence, le président de la république Amadou Toumani Touré et son Premier Ministre, Modibo Sidibé ont lancé par là, un message fort, empreint de toute leur détermination à rompre avec le vice du laisser- aller sur fond d’incompétence, qui était devenu le virus de la gangrène de notre administration depuis un certain temps. Fini désormais le temps des laudateurs accrocheurs ou des narcissiques politiques à la recherche effrénée de l’herbe du pouvoir. Loin de nous tout acharnement derrière un ministre sortant pour des antécédents d’ordre privé. D’ailleurs, ils sont nombreux les ministres sortants qui loin d’avoir démérité ont bien mouillé le maillot pour sortir par la grande porte de l’histoire, comme ils sont aussi nombreux, les piètres ministres, qui au lieu de sauver la république, ont contribué à la faire sombrer.rn

Les bons ministres de Pinochet

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 Des ministres comme Modibo Sylla de l’habitat et de l’urbanisme, Nacoma Keita, de l’environnement et de l’assainissement, M’Bodji Sène, de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille, Moctar Ouane des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale, le Général Kafougouna Koné de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, Sadio Gassama de la sécurité intérieure et de la protection civile, Aboubacar Traoré de l’économie et des Finances, Ahmed Diane Séméga des mines de l’énergie et de l’eau, Abdoulaye Koita de l’équipement et des transports, N’Diaye Bah de l’artisanat et du tourisme, et Cheick Oumar Sissoko de la culture, ont été quelques uns des rares commis qui ont bien tenu le gouvernail du navire de l’équipe sortante que dirigeait Ousmane Issoufi Maiga depuis 2004. Même si tous, n’ont pas eu la chance de poursuivre avec leurs œuvres entamées, il faut qu’à même reconnaître leurs mérites, et dire qu’ils sont tous sortis par la grande porte. Nacoma keita pendant son passage au Ministère de l’Environnement et de l’Assainissement, aura été très présent sur le terrain, où on le voyait toujours aller à la rencontre des forestiers pour leur prodiguer d’innombrables conseils par rapport aux enjeux liés à la protection de notre environnement.

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Son homologue de l’habitat et de l’urbanisme, Modibo Sylla a été sans nul doute le principal artisan de la réussite de la politique de logement, qui été l’une des principales réussites du mandat écoulé du chef de l’Etat. Sa discrétion empreinte du caractère de grand bosseur a été déterminante dans la conduite à bon port du programme de logements sociaux avec lequel ATT a fait pas mal d’heureux.

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Moctar Ouane a beaucoup contribué à donner plus de dynamisme à notre diplomatie par son sens élevé de l’écoute, sa discrétion et son amour du travail bien fait. D’ailleurs, le salut de ce département est passé par la venue de ministre pragmatique, pour qui connaît les agitations qui le hantaient du temps de Lassana Traoré avec le cortège de grèves qui battait son plein. Et voilà que depuis l’arrivée de Ouane, la boite a vite retrouvé son calme.

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 M’Bodji Sène, même si elle n’a pas eu le temps matériel d’imprimer sa marque sur le département, il faut souligner que sa venue a contribué à refroidir la tension qui prévalait entre le département et les organisations féminines, du temps où Mme Berthé Aissata Bengaly était encore à la tête dudit département. Toute chose ayant contribué à renforcer la coopération entre la département et les organisations et associations féminines, contribuant à la pose de jalons décisifs dans le cadre de la promotion de ce secteur.

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L’imperturbable général Kafougouna Koné est aussi l’une des satisfactions de l’équipe sortante. La bonne conduite de toutes les échéances électorales a fait même des émules à travers le reste du continent, où les élections sont toujours caractérisées par des ratés dans l’organisation matérielle et le manque de dialogue entre les différents acteurs. Or chez nous, loin de là, le ministre depuis son arrivée à la tête du département a réussi à instaurer un dialogue fécond au sein de la classe politique, où à chaque fois que le pays fait face à une équation de haute portée démocratique, on le voit toujours en conclave avec les différentes parties prenantes pour trouver une solution concertée.

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Quant au chauve national de l’hôtel des finances, Aboubacar Traoré, ce vieux routier des sérails des finances avec son passage à la banque mondiale, a, dans la discrétion, abattu d’énormes efforts pour notre économie. C’est vrai que les baisses des recettes douanières et l’affaire des exécrations ont beaucoup fait souffrir son image, mais cela n’aura pas pu avoir raison de son bon travail qui a fait du Mali, un des pays éligibles au fonds PPTE en 2006, avec à la clé l’annulation d’une bonne partie de sa dette extérieure. D’ailleurs, les différentes missions que les institutions de Breton Wood ont effectuées dans notre pays, ont confirmé avec suffisance l’efficacité de ce protégé de Pinochet.

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Parlant de Sadio Gassama, il faut dire que depuis qu’il est arrivé à la tête du département, les services de sécurité semblent être dotés de moyens de bord suffisant. En témoigne l’éradication du grand banditisme qui s’était explosé dans notre pays à la suite de la crise Ivoirienne, où les évadés des prisons de la zone rebelle avaient transformé notre territoire en un Town ship Sud Africain. Un coup de chapeau à nos différents commissariats, qui parviennent quotidiennement à relever le défi.

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Quant à N’Diaye Bah, il a fait de son secteur un moteur de notre développement avec les festivals et ses expositions à l’étranger qui font beaucoup la promotion de l’artisanat malien. Plus de mille touristes foulent annuellement notre sol, ce qui génère des séries de milliards par an pour l’économie du pays.

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Le ministre Check Oumar Sissoko s’est quant à lui illustré dans l’honnêteté dans la gestion des affaires. Ce cinéâtre de renom, n’a même pas hésité à faire appel au contrôle général d’Etat pour venir vérifier sa gestion à la veille de son départ, tant il était rassuré et fier d’avoir accompli sa mission. Chose qui, il faut le dire, est vraiment rare dans notre pays.

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S’agissant d’Ahmed Diane Séméga, son passage à la tête du département des mines de l’énergie et de l’eau aura fait parler le département de lui-même. L’odeur de pétrole qui ne cesse de se répandre à travers le pays avec cette forêt de sociétés exploratrices de pétrole, est en partie due aux efforts de ce baroudeur. La prospérité des mines d’or à travers le pays a fait du Mali le troisième producteur de cette matière en Afrique.

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Quant à Abdoulaye Koita de l’équipement et des transports, cet autre protégé de Pinochet savait qu’il avait du pain sur la planche, en venant occuper la place d’un grand passionné du travail comme Pinochet. Conscient de la lourdeur de la tâche, il s’est beaucoup départi de son bureau climatisé pour mettre l’épée aux fesses des sociétés de construction routière dans les chantiers. Son mérite est qu’il a pu mener à bon port tous les chantiers que son prédécesseur lui avait confiés. Sa part dans le développement de la route par où passe la route du développement, selon ATT lui-même, est énorme et les réalisations de ce département ont contribué à rendre flatteur le bilan du premier quinquennat du chef de l’Etat.  

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Les ministres moyens de Pinochet

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A côté de ce lot de bons ministres, qui se sont bien illustrés lors du mandat écoulé, il y a un autre lot qui s’est moyennement comporté dans la gestion des affaires publiques. Ils auront été mi-figue, mi-raisin pendant tout leur séjour au sein de l’appareil exécutif de Pinochet. Il s’agit par exemple du ministre de la communication et des nouvelles technologies, Gaoussou Drabo, dont sa gestion de la crise de la maison de la presse a presque laissé beaucoup sur leur faim. Ici, on peut ajouter le ministre de la promotion des investissements des petites et moyennes entreprises, Ousmane Thiam, dont les évaluateurs ont eu du mal à mesurer l’impact réel de son département sur le développement du pays. De sa création jusqu’à la nomination du nouveau gouvernement, on a plutôt vu le titulaire de ce département dans les plaidoyers et dans la flagornerie, que de faire part des résultats que lui-même est entrain de réaliser sur son terrain.

D’ailleurs, c’est faute de cet impact visible que le tout nouveau Premier Ministre a été amené à supprimer purement et simplement ce département encombrant, même si l’homme en sentant le couperet venir avait mobilisé un certain vendredi tous les ressortissants de la Venise à Bamako, pour aller prier et supplier ATT afin qu’il puisse rester toujours, la bouche dans le beurrier. Mais bien malin qui pouvait se laisser impressionner par tant d’acrobaties. Le ministre du développement social de la solidarité et des personnes âgées, Djibril Tangara, communément appelé « le beau », même si on l’a vu suffisamment à la télé, lors des inaugurations d’infrastructures socio-économiques, semblait être plus intéressé par son avenir politique, que soucieux des préoccupations légitimes des populations. C’est ainsi que les gens en avaient même finalement marre de voir ce monsieur dans son attmania, lequel ne pouvait plus prononcer un mot sans faire allusion à la vision du chef de l’Etat, duquel il se croyait le plus proche.

Mais au-delà de cette flagornerie dont il récolté la rançon, allez y voir les différents rapports de la CASCA sur les éditions du mois de la solidarité au cours de son règne. A ce lot, on ajoutera les ministres de l’agriculture, Seydou Traoré, de la jeunesse et des sports, Natié Pléa qui n’a pas réussi à qualifier les aigles à la dernière CAN, du plan et de l’aménagement du territoire, Marimatia Diarra, dont le département a été aussi jugé encombrant par Modibo Sidibé, de la santé Mme Maiga Zeynab Mint Youba, du domaine de l’Etat et des affaires foncières, Mme Sidibé Aminata Soumaré, dont le département est réputé être le plus pourri de la république.

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Les piètres ministres de Pinochet   

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Mais s’il y a eu des ministres qui ont plus que déçu ATT et le peuple malien au cours des cinq dernières années, c’est bien Choguel Kokalla Maiga et Me Fanta Sylla.

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Le premier, depuis son arrivée à la tête du département de l’Industrie et du Commerce, a été toujours au cœur des scandales qui ont parfois rendu la vie impossible à la république. D’abord, au niveau des opérateurs économiques, où la faveur de l’élection du Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CICM), il a, en cautionnant le vote par procuration, contribué à mettre le secteur à feu. Dans sa complicité male habillée avec le président sortant, Jeamille Bittar, lequel sera mal réélu, Choguel Kokalla Maiga a plongé le secteur dans un marasme sans précédent.

Avec la guerre ouverte entre le très contesté président, Jeamille Bittar et le camp des sept milliardaires de Ousmane Guittèye, l’unité de nos opérateurs économiques a été brisée et les affaires sont de ce fait paralysées. Ce scandale n’est pas le seul péché de l’homme, sur qui, beaucoup de maliens avaient fondé leurs espoirs. Pendant les cinq années passées au département, les maliens dans leur grande majorité ont eu chaud avec leur panier de la ménagère. La cherté de la vie, avec les prix des denrées de première nécessité permanemment dans l’ascenseur du vampirisme, a poussé pas mal de maliens dans leurs derniers retranchements.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, tigrou est allé mélanger encore les pinceaux à la DNCC, où il s’est érigé en parrain de l’inorthodoxie. Des cadres valables comme Ibrahim Sissoko, pour leur honnêteté et leur sens élevé du respect de l’intérêt de l’Etat, se sont vus chassés de leurs postes pour être mis en chômage technique. Son seul tort aura été la franchise avec sa conscience, qui l’a amené à dénoncer les magouilles, les fraudes et autres piétinements des intérêts publics, qui gangrènent la DNCC. Au lieu de le récompenser pour ce comportement hautement patriotique, tigrou n’a trouvé mieux que d’abattre ses foudres sur un cadre aussi honnête que ce dernier.

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S’agissant de Me Fanta Sylla, depuis que cette dernière est arrivée à la tête du département de la justice, elle a mis la république dans une éternelle tourmente. Premièrement, elle s’est mal illustrée avec le Programme Décennal de la Justice (PRODEJ), où dans le cadre du recrutement des magistrats, elle n’a toujours recruté par an qu’une dizaine de candidats sur une cinquantaine de postes à pouvoir. Son argument a toujours été que les étudiants n’ont pas de niveau pour accéder audit concours, alors que c’est dans le cadre des PPTE que ces ressources nous sont accordées par des partenaires extérieurs. Ce qui faisait qu’à chaque année, on assistait à des troubles post-concours, où le lot des mécontents cherchaient à faire dire le droit. Les propos de la ministre n’étaient pas choquants pour les diplômés seulement, car au-delà de ceux-ci, c’était une insulte pour notre système éducatif, à travers ses produits. La ministre s’est aussi illustrée négativement, quand dans l’affaire de la maîtresse du président de la république, elle a donné ordre au procureur Sombé Théra, d’arrêter l’enseignant et les journalistes.

L’affaire qui a fait un grand tollé au Mali et ailleurs, a plutôt été une mauvaise publicité pour notre pays, lequel était horriblement mis devant la scène internationale. Un grand coup à l’endroit de notre démocratie qui jusque là se vendait bien à l’extérieur. C’est aussi la même ministre qui a été la déclencheuse du bras de fer meurtrier qui a régné entre nos hommes de blouses et de robes dans l’affaire Aida Niaré, cette avocate décédée par suite d’une anesthésie, dont le but était d’extirper une noix de kola restée au travers de sa gorge. Une autre mauvaise publicité pour l’image de notre pays, dont les victimes, de la campagne d’assassinat qui en a suivie, se comptent en milliers.

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C’est donc compte tenu de tous ces paramètres que le nouveau locataire de la primature n’est pas allé avec le dos de la cuillère dans le choix des hommes devant l’aider à réaliser le PDES du président de la république. C’est pourquoi il a décidé de rompre avec la médiocrité en reconduisant les ministres valables de l’équipe de Pinochet et en faisant appel à des hommes et femmes, dont les compétences ne souffrent d’aucun doute. Des griots de tout acabit et des drogués du pouvoir auraient tout tenté pour rester princes, mais c’était méconnaître jusqu’à présent l’homme. Conscient du défi qui l’attend et convaincu qu’il n’a pas fait le mauvais choix des hommes, l’homme a rassuré le chef de l’Etat, lors de la rentrée gouvernementale que ses attentes et celles du peuple malien seront comblées dans la mesure de leurs possibilités

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Abdoulaye Diakité

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