Contre mauvaise fortune, bon cœur. Faute de pouvoir jouer à sa guise sur l’agenda politique comme il s’y était habitué, ATT a choisi de remettre les pieds sur terre pour faire face à l’essentiel.
Le nouveau gouvernement que dirige Mme Kaïdama Sidibé a été annoncé hier, une semaine après la démission de M. Modibo Sidibé. La nouveauté de cette équipe est l’arrivée de quelques fortes personnalités de la scène politique malienne. Il s’agit, entre autres, de Soumeylou Boubèye Maïga, vice président de l’ADEMA, qui prend désormais les rênes de la diplomatie malienne. En homme d’expérience et politicien averti, personne ne se doute de ses capacités à mener à bien cette mission. Son arrivée en lieu et place d’un juriste rompt quelque peu avec l’idée qui veut que la diplomatie soit avant tout une affaire de juristes.
Bokary Tréta du RPM, un nouveau venu lui aussi, prend en charge l’élevage et la pêche. Son arrivée sonne comme un juste retour des choses, car Tréta est connu pour être le grand stratège de la reforme de l’agriculture au Mali ; puis, il a été par la suite mis pendant plus de dix ans au rencart pour ses choix politiques en faveur du RPM. Après cette longue traversée du désert, Dr. Tréta récolte ici les fruits de son abnégation et de sa patience.
Le bouillant Djiguiba Keïta, secrétaire général du PARENA, mais surtout ancien militant connu de l’UNEEM et compagnon de lutte de Cabral, pilote désormais la jeunesse et les sports. Ses amis voient en lui non un simple militant du PARENA, mais plutôt un camarade représentant toute sa génération. Sauf que le département est très complexe avec la composante sports, le foot en particulier ou les tacles viennent généralement de partout. Il devra veiller à tout comme un gardien de but et s’entourer des meilleurs conseillers. Daba Diawara, Président du PIDS, hérite d’un porte- feuille qu’il connaît à merveille et qui est simplement élevé au rang de ministère plein. En revanche, certains départs ne passent pas inaperçus. Iba NDiaye de l’ADEMA et ancien patron du département de l’emploi et de la formation professionnelle, souvent appelé vice- Premier ministre par ATT lui-même, quitte le gouvernement pour se consacrer, selon certaines rumeurs, à la préparation des échéances de 2012. NDiaye Bah fait aussi partie des partants sans que l’on sache trop pourquoi. Son divorce avec le CNID et son ralliement au Programme de développement social, PDES, ne semblent pas lui avoir porté bonne chance. Abou-Bakr Traoré des mines est peu- être mis au repos pour éviter l’usure après avoir tété rétrogradé des finances aux mines, mais il a aussi pu être emporté par le vent qui a balayé son ami d’ex-Premier ministre Modibo Sidibé. Mais le passage éclair de Mamadou Igor Diarra, fils du général Cheick Omar Diarra, compagnon d’armes de ATT, est d’autant plus étonnant que le ministre ne manquait pas d’initiative pour éclairer tout le Mali.
En définitive, on dira que le président de la République a tenu parole puisque ce Gouvernement était finalement attendu depuis plus d’un an. Mais il arrive trop tard, douze petits mois avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2012, donc trop juste pour changer le cours des choses. On a plutôt l’impression que certains facteurs, à la fois internes et externes, ont plutôt pesé dans la balance pour que le président consente à changer de gouvernement. Lesquels ? On ne saurait le dire pour le moment. En plus du facteur temps qui ne plaide pas en sa faveur, le savant dosage entre les hommes du président et les personnalités dont nous avons parlé plus haut ne laisse guère d’autres choix à la nouvelle équipe que la gestion du quotidien. On a perdu du temps dans les calculs politiques, genre scénario à changer l’agenda politique et électoral pourtant bien connu de tous au Mali. Quand on s’est rendu compte que cet agenda ne pouvait être modifié, il a fallu revenir les pieds sur terre et faire face à l’essentiel.
La rédaction