Ici ou ailleurs, la constitution d’un gouvernement suscite toujours des commentaires et notre pays ne fait pas exception à cette règle universelle. Mais jamais, au Mali, une équipe nouvelle n’a soulevé autant de réactions. Les raisons sont étroitement liées. Il y a, d’abord, cette longue attente qui a précédé sa mise en place, éprouvante au fur et à mesure que celle-ci devenait imminente ; il y a, ensuite, cette interminable liste de tous ceux qui cachent mal leur colère, leurs frustrations voire leur indignation…Pas seulement parce qu’ils n’auront pas ou plus été conviés au banquet même si, à tort ou à raison, ils ne voyaient pas ailleurs leur place. Mais aussi et surtout parce que la sélection opérée aurait dû être plus rigoureuse or, entend-on ça et là, les fruits sont loin d’avoir tenu la promesse des fleurs. Tout se passe comme si la très longue attente avait fini par atrophier les réflexes du président et de son nouveau Premier ministre.
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Les interrogations tournent essentiellement autour des mobiles réels du choix de certaines nouvelles têtes couronnées. Car ils sont nombreux à avoir de la peine à se convaincre que c’est cette équipe qui sera au charbon pour mettre en œuvre le P.d.e.s sur la base duquel les Maliens ont renouvelé leur confiance au chef de l’Etat pour un nouveau bail de cinq ans. A moins qu’il n’existe un ‘’Shadow Cabinet’’ derrière les épais rideaux de la Présidence de la République pour veiller au grain et le schéma serait alors le suivant : un gouvernement pour la forme, et à côté une équipe dans l’ombre qui tiendrait véritablement les leviers de commandes. Ou alors, que Modibo 1 ne soit ‘’l’entrée avant le plat de résistance’‘et si tel était le cas, à quand le vrai gouvernement ? Avant ou après la Déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale?
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Pour l’heure, c’est en tout cas la sulfureuse ‘’Dream team’’ de Modibo, cette souris que Koulouba a enfantée et qui est l’objet d’une réprobation d’une inénarrable ampleur qu’Amadou Toumani Touré a laissée derrière lui jeudi dernier pour se rendre en France afin d’y recevoir un doctorat honoris causa. Jamais, depuis l’indépendance du Mali, un gouvernement n’a été aussi décrié
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Pour plus d’un analyste, quelque chose a dû se passer entre la démission de Pinochet et l’entrée en scène de l’Inspecteur général de Police Modibo Sidibé et la formation de son équipe. Quoi exactement? Allez – savoir ! Seulement il est fort à craindre que les hommes et femmes nommés se la couleront douce pour de très longs mois, le président ATT ayant donné suffisamment la preuve qu’il fait fi des états d’âme en pareille circonstance. C’est connu, il ne se décide plus dès lors que la presse prend le devant dans une quelconque affaire. Les Accords d’Alger et l’affaire dite des exonérations sur les céréales au plus fort de la disette en sont la parfaite illustration.
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Modibo Sidibé le très discret et si loyal cadre selon les termes d’ATT lui-même, n’a malheureusement pas eu beaucoup de chance, même si sa nomination a coïncidé avec deux événements nationaux majeurs : l’installation des Aigles en jupon sur la plus haute marche du podium à l’issue de la 20e Coupe d’Afrique des Nations à Dakar, et la qualification des mignards de Jodar pour Accra 2008.
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Au sujet de la formation qu’ils souhaitent engagée, ATT et lui, il y a des faits qui laissent perplexes : la nomination de personnes sur la tête desquelles pèsent des ‘’choses’’ absolument gênantes, en tout cas pour l’opinion nationale, au point de faire planer le discrédit sur toute équipe. Devrait-on persister à garder celle-ci ? S’il est vrai qu’on ne change pas une équipe qui gagne, que vaut donc celle qui apparaît avant même le coup d’envoi avec des tares ?
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Le nouveau ministre Maharafa Traoré, à qui on prêterait déjà la louable intention d’aller jusqu’au bout de la croisade anti-corruption, accepterait-il de siéger avec des ministres qui restent toujours sous le coup de soupçons ou accusations des services de Sidi Sosso Diarra ? Au moment où des dossiers sont semble-t-il acheminés vers le magistrat instructeur, certains qu’on dit également proches du régime continuent leur fulgurante ascension. D’où le paradoxe de la vision du président.
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Sory Haïdara
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