GOUVERNANCE : Le Mali va mal, ATT aussi

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A moins d’une année des élections générales, notre pays se trouve dans une situation peu enviable. Les indicateurs économiques sont au rouge. Le coton et l’or, qui jadis faisaient la fierté de notre économie, sont au plus bas niveau. Les recettes internes tombent directement dans les sébiles des courtisans du pouvoir. Conséquence : la pauvreté généralisée.
Le premier responsable du pays, par le mauvais choix de ses hommes et de ses stratégies de développement mal adaptées, est au creux de la vague. Surtout avec le fameux accord d’Alger du 4 juillet.
Il serait prétentieux pour notre part de dresser un bilan du consensus, mais quatre ans dans un mandat de cinq ans sont largement suffisants pour faire une évaluation du parcours du président Touré.
 Son slogan « Retrouvons ce qui nous unit » ne pouvait tomber dans l’oreille d’un sourd. Au sortir des dix ans de vol et de gabegie institutionnalisés par le régime ADEMA, le peuple malien n’aspirait qu’au changement. Et ce changement, pour lui, devait se traduire par la satisfaction de ses besoins fondamentaux, ignorés volontairement par les soit disants démocrates sincères et patriotes convaincus. Le Général, qui mesurait déjà la tâche qui l’attendait, ne tardera pas à donner de quoi espérer aux Maliens. Il déclenche l’offensive par une augmentation des salaires en 2003, une année après son investiture. Par cette mesure, ATT venait d’avoir la sympathie du peuple. Encore pour montrer à ses compatriotes qu’il a pris à bras le corps leurs attentes les plus urgentes, il ordonne l’application immédiate de sa décision d’augmentation des salaires, avant même que l’Assemblée nationale ne vote la loi des finances,. Il ne s’arrête pas là. Les tarifs d’eau et d’électricité de même que ceux du téléphone ont tous connu une réduction. Ces premières mesures ont redonné espoir à un peuple traumatisé par la gestion calamiteuse d’OAK et ses amis.
Mais l’espoir ne va pas tarder à céder la place au désespoir. Le président Amadou Toumani Touré craque. Les préoccupations des Maliens sont très vite cadenassées par la nouvelle équipe qui ne songe désormais qu’à se faire les poches. Comme pour dire aux uns et aux autres que notre tour est arrivé dans la «mangecratie ». Quant au président lui- même, il reste sourd à l’appel de ses électeurs, or les stratégies de développement qu’il a initiées sont toutes presque inadaptées au contexte malien.
Une minorité s’accapare des maigres richesses du pays.
L’asphyxie de notre économie continue de plus belle. Elle se fait avec la complicité et la participation, active et intéressée des gens du pouvoir et leurs sbires installés dans les rouages de l’Etat. Les nouveaux riches, affairistes et trafiquants, produits du consensus se sont plutôt illustrés dans le pillage systématique des richesses du pays. A la tête des entreprises d’Etat où ils ont été subitement propulsés, consensus oblige, ils se sont tous révélés improductifs alors qu’ils auraient dû gagner s’ils contribuaient à leur sauvegarde et à leur développement.
Les marchandises ou produits importés assurent à nombre d’entre eux un gain facile dont l’économie ne tire aucun avantage, car les profits qu’ils font ne s’investissent pas dans le pays mais vont plutôt gonfler les comptes personnels ouverts à l’étranger.
Aussi pour avoir une main mise complète sur l’économie du pays, les sociétés et entreprises d’Etat sont-elles mises à genou par des « Directeurs » en mission commandée et rachetées par les nouveaux maîtres du pays. Les dernières illustrations en sont l’ITEMA et l’ HUICOMA de Koulikoro.
La complicité de la classe politique  
L’avènement du consensus a plongé notre pays dans un obscurantisme sans précédent. Les leaders politiques ont tous tourné casaque et rejoint le camp présidentiel. Ceux qui ne sont pas dans cette logique ne cessent de faire d’incessants appels du pied à ATT. Les pourfendeurs du régime ADEMA sont devenus les porte- parole attitrés du président de la République. Sans qu’il ne les confie véritablement ce rôle. Ils ne jurent que par son nom. « Nous soutenons l’action du président », « … Conformément à la volonté du président », « Le président m’a chargé… ». Voilà entre autres les nouvelles trouvailles de la classe politique pour bénéficier des strapontins du consensus.
Cette attitude a crée chez leurs militants l’idée funeste que l’action politique n’a finalement pour but que d’envoyer, pour les uns s’offrir des salaires de ministres ou de directeurs et pour d’autres, des indemnités de députés.
La classe politique, qui devait veiller sur le renforcement de notre jeune démocratie, a préféré donner carte blanche à ATT pour mettre le pays sous la tutelle d’une minorité qui devient de plus en plus insolente.
Le président Touré est aujourd’hui dans une mauvaise passe. Et voilà que l’accord d’Alger vient s’ajouter à la non satisfaction des préoccupations du peuple. 

Yoro SOW

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