Le torchon brûle entre l’opposition parlementaire et le gouvernement. Dernier avatar de ce bras de fer, la motion de censure contre le Premier ministre Moussa Mara.
La motion de censure déposée par l’opposition parlementaire vendredi dernier, est un coup dur pour le gouvernement de Moussa Mara. Elle n’est pas à prendre à la légère compte tenu des difficultés du moment.
Ainsi, l’opposition parlementaire fonde son argumentaire sur le fait que la vie quotidienne des Maliens est de plus en plus difficile et marquée par l’insécurité, la précarité, le chômage des jeunes, l’effritement du pouvoir d’achat, le malaise de l’école.
Aussi, l’opposition parlementaire fait le constat amer que notre pays s’enfonce dans une crise économique, sociale et sécuritaire profonde marquée notamment par mal gouvernance et la quasi-absence de dialogue politique.
Pis, l’opposition fera remarquer que de nos jours, notre pays n’a pas toujours un plan de sortie de crise et de relance de son économie. En clair, souligne-t-elle, le pays se trouve en impasse sur plusieurs questions : “la gestion calamiteuse des finances publiques avec des dépenses extrabudgétaires importantes en si peu de temps ; l’école qui va mal avec des incertitudes de l’année universitaire 2014 et des examens du DEF et du bac émaillés de fraudes graves sans précédent ; les mensonges au sommet de l’Etat (avion présidentiel, décision d’ouverture des hostilités à Kidal, etc.)”
Dans la foulée, les signataires de la motion de censure reprochent au gouvernement le peu de lisibilité dans les négociations sur Kidal, la non-approbation de la lettre d’intention avec le FMI, entre autres.
Au-delà des griefs formulés par l’opposition
L’introduction de cette motion de censure intervient à un moment ou une presqu’unanimité qui ne doit pas son nom est perceptible dans les milieux. Le fait que lors de la nomination de Moussa Mara, le parti présidentiel le RPM a dans un communiqué dit tout simplement qu’il prendra acte de la décision du chef de l’Etat.
Mais après moult tractations, le parti a fini par se rallier à la décision du président à prendre Moussa Mara. “Nous n’avons pas été associé à sa venue à la Primature. Car, nous estimons que ce poste nous revient de droit”, nous a confié un cadre du RPM.
Si cette position est largement partagée au sein du parti du Tisserand, cela donnera à l’opposition une chance de succès parce que c’est le parti majoritaire qui va jubiler et pourra avoir l’occasion de diriger la Primature. En tout cas, depuis un moment déjà, nombre des cadres et militants travaillent à çà à la base.
D’aucuns sont allés jusqu’à qualifier un département dirigé par un ministre du RPM de primature bus, ce, au regard des multiples actions menées en sourdine pour déstabiliser le chef du gouvernement.
Mais au-delà de ses atermoiements, soulignent certains observateurs, le départ de Moussa Mara aura des conséquences d’abord sur sa carrière politique. Aussi, cela pourra écorcher l’image du président IBK, notamment l’impertinence de ses choix. Car, en moins dix mois, on se retrouve avec deux chefs de gouvernement.
Au regard de ses considérations, la motion de censure déposée par l’opposition parlementaire pourrait bousculer le président de la République à donner une nouvelle orientation à la gestion de la vie de nation qui depuis son investiture chancelle.
Alpha Mahamane Cissé
Encadré
Que dit la loi sur la motion de censure ?
Elément important du régime parlementaire et semi-présidentiel, la censure est le vote émis par l’Assemblée parlementaire contre le gouvernement, obligeant celui-ci à démissionner. Selon la Constitution du Mali, l’Assemblée nationale peut voter la censure de façon spontanée (art. 78.2) ou en réaction à un engagement de responsabilité sur un texte (art. 78.3). Dans tous les cas, la motion de censure est votée à la majorité des deux tiers (2/3) des membres composant l’Assemblée nationale.