L’état d’urgence a été décrété le 12 janvier dernier, deux jours après l’offensive surprise des jihadistes sur la ville de Konna. A l’époque, les autorités de transition ont justifié le recours à cet état d’urgence par l’intervention militaire au Nord et le climat d’insécurité qui régnait à travers le pays.
Par deux fois, Bamako a prolongé cette décision interdisant toutes réunions publiques, rassemblements et manifestations de rue de nature à troubler l’ordre public. Selon des politiciens maliens, la dernière prorogation du 4 juin ne se justifiait pas. Ou plus exactement, le gouvernement a utilisé opportunément les menaces sécuritaires pour empêcher les manifestations de rue qui bouillonnaient dans la capitale, au moment où s’ouvraient à Ouagadougou les discussions entre les autorités maliennes et les groupes armés touaregs.
Artistes victimes de l’état d’urgence
Un état d’urgence qui, selon certains, s’est appliqué de façon discriminatoire. « De gros événements sportifs ont eu lieu dans les stades et des hommes politiques ont tenu leur meetings » à l’intérieur du pays, affirment les professionnels du monde de la musique, pour qui les artistes sont les vraies victimes de l’état d’urgence.
A Bamako, musiciens et griots sont aux abois. Cela fait sept mois qu’ils ont déserté les lieux de concerts et les cérémonies familiales. La faute à l’état d’urgence, qui a interdit tout rassemblement et manifestations de nature à troubler l’ordre public.
Pour Mbaye Boubacar Diarra, le président des producteurs du spectacle, des milliers d’artistes sont tombés dans la misère. Il y a 12 000 artistes, musiciens et griots qui sont aujourd’hui au chômage technique. Pour beaucoup d’entre eux, le quotidien est désormais la recherche de nourriture et d’un toit. Mais ces artistes devront encore patienter jusqu’à la fin du mois de carême avant de retrouver les salles de concert et les maquis.
Par RFI