Le moins que l’on puisse constater dans la constitution du premier gouvernement du second quinquennat d’ATT, c’est qu’elle a obéi aux engagements pris par le Chef de l’Etat à propos du Programme de Développement Economique et Social (PDES), lors de sa première campagne présidentielle tenue au Centre International de Conférences de Bamako.
Sur les 27 ministres du précédent gouvernement, seuls 8 sont restés. Et sur les 8, seuls 4 ont été maintenus à leurs postes, sans que leurs départements subissent des modifications.
En effet, les deux Officiers supérieurs(généraux) de l’équipe gouvernementale, Kafougouna Koné et Sadio Gassama, gardent leurs départements respectifs : l’Administration territoriale et les Collectivités locales, la Sécurité intérieure et la Protection civile. Idem pour Moctar Ouane et N’Diaye Bah qui conservent leurs domaines des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, et de l’Artisanat et du Tourisme.
Oumar Ibrahim Touré, qui était à l’Elevage et la Pêche, se retrouve à la Santé. Idem pour Ahmed Diane Séméga, qui quitte le département de l’Energie les Mines et l’Eau pour celui de l’Equipement et des Transports. Natié Pléa, qui cumulait le département de la Jeunesse et des Sports et celui de l’Environnement et de l’Assainissement, s’en va au ministère de la Défense et des Anciens combattants.
Quant à Abou-Bakar Traoré, il voit son ministère tronqué, et il ne lui reste plus que le département des Finances à gérer.
Des départs prévus
De l’avis de beaucoup de citoyens, le départ de certains ministres était prévisible. Tel que ceux de Djibril Tangara (Développement Social, Solidarité et Personnes Agées), Oumar Hamadoun Dicko (Maliens de l’Extérieur et Intégration Africaine), Choguel Kokalla Maïga (Industrie et Commerce), Ousmane Thiam (Investissement et PME), Seydou Traoré (Agriculture), Cheick Oumar Sissoko (Culture), Marimantia Diarra (Plan et de l’Aménagement du Territoire), Me Fanta Sylla (Justice, Garde des Sceaux), Modibo Sylla (Habitat et Urbanisme), et Gaoussou Drabo (Communication et Nouvelles Technologies de l’Information).
Mais ce qui a bien surpris plus d’un, c’est le maintien de Abou-Bakar Traoré dans le gouvernement, même si son département a été tronqué de l’Economie. Peut-être que le ministère lui était trop lourd à gérer. Aussi fallait-il l’alléger pour ne lui réserver que les Finances.
Des modifications notoires
Ainsi, le département de l’Industrie et du Commerce est dissout pour être intégré à l’Economie. Le ministère de l’Education nationale a aussi disparu, ou du moins, il a été scindé en deux départements : d’un côté, le département des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, de l’autre, celui de l’Education de base, de l’Alphabétisation et des Langues nationales.
Le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme et celui des Domaines et des Affaires foncières ont subi, entre eux, une sorte de fusion. Ainsi, le volet“Habitat” a disparu pour ne garder que le terme“Urbanisme”.
Tout comme le volet“Domaines” est dissout pour céder la place au terme “Logement”. Le tout a donné naissance à un nouveau département : celui du Logement, des Affaires foncières et de l’Urbanisme. C’est dire que l’ancien département de l’Habitat et de l’Urbanisme n’existe plus. Tout comme n’existe plus celui des Investissements, des petites et Moyennes Entreprises (PME). Tous ces deux ministères ont été “effacés” et leurs ministres ont été remerciés.
Le volet“Plan et Aménagement du territoire “ n’existe plus non plus. Signalons que le“Plan”, était auparavant rattaché aux“Relations avec les Institutions”, ensuite à “l’Environnement et l’Assainissement”. Quant au volet“Reforme de l’Etat”, il a été annexé au département du Travail et de la Fonction publique. Le ministère de la Communication et des Nouvelles Technogies de l’Information a été privé du volet…“Information”. Comme pour dire que l’Information, c’est avant tout la Communication.
La nouveauté
Il semble que tous les ministères qui ont disparu ou ont été modifiés ou tronqués ont en même temps vu le départ de leurs locataires du gouvernement. D’autre part, des 27 ministres de l’ancienne équipe, il y a eu 19 partants et 8 restants.
Le motif du maintien de ces ministres restants pourrait s’expliquer par leurs performances, soit au sein de leurs départements, soit pour prouver ces performances dans d’autres départements. Ainsi, ceux qui ont conservé leurs anciens domaines sont N’Diaye Bah, Kafougouna Koné, Moctar Ouane, Sadio Gassama, et Abou-bakar Traoré. Et ceux qui ont été mutés à d’autres départements sont Oumar Ibrahima Touré, Ahmed Diane Séméga et Natié Pléa.
Les 19 ministres partants de l’ancienne équipe ont cédé la place à 18 entrants, tous des nouveaux. Et parmi ces nouveaux figurent… sept nouvelles dames. C’est dire que les femmes ont été bien récompensées et que le Chef de l’Etat leur a bien rendu la“monnaie” de leur soutien, lors de la campagne présidentielle 2007.
D’autre part, sur les 18 nouveaux ministres, seuls 4 étaient assez connus sur le plan politique : Ibrahima N’Diaye, ex-directeur national de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi, Tiémoko Sangaré (ADEMA), Badra Alou Macalou (secrétaire général de l’US-RDA), et Mme Sidibé Aminata Diallo qui n’a été connue qu’à la faveur de l’élection presidentielle passée.
Tous les autres sont pratiquement des inconnus de la scène socio-politique, même s’il est possible qu’ils militent -ou aient milité-, parallèlement, dans un parti politique.
Un partage raisonnable
En définitive, cette configuration du nouvel attelage gouvernemental du Premier ministre Modibo Sidibé répond, à première vue, à l’ambition de Chef de l’Etat de mener à bon terme les grands axes contenus dans le document du PDES. Des hommes et des femmes“compétents et intègres”, avait promis le Chef de l’Etat.
Reste à savoir si les partis siègeant à l’Hémicycle sont satisfaits de leur part de ministres, en particulier l’ADEMA qui avait fait parvenir, à la Présidence, sa liste de plus de 20“ministrables”.
Finalement, les Ruchers ont été les plus favorisés,avec 4 représentants dans le gouvernement: le 1er vice-président du C.E. de l’ADEMA, Ibrahima N’Diaye (Emploi et Formation professionnelle), le S.G. adjoint du parti, Tiémoko Sangaré (Agriculture), le 1er sécrétaire à la communication du C.E, Sékou Diakité (Développement social,Solidarité et Personnes âgées), et Aghatane Ag Alassane, membre de la commission de discipline de l’ADEMA à l’Environnement et l’Assainissement
Le parti de la“poignée de mains” gagne deux départements occupés par le vice-président de l’URD, Me Abdoul Wahab Berthé (Travail ,Fonction publique et Réforme de l’Etat), et Oumar Ibrahim Touré (Santé).
Le parti du “soleil levant” (CNID) conserve son ministre N’Diaye Ba(Artisanat et Tourisme) et obtient une nouvelle représentante , Mme Maïga Sina Damba (Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille).
Le parti du“Tigre” (MPR) s’en tire avec un ministre : Mme Diallo Madeleine Ba (Elevage et Pêche).
Le RND obtient une ministre en la personne de Mme Diabaté Fatoumata Guindo(Relation avec les Institutions, Porte-parole du gouvernement). Tout comme l’UMP avec Amadou Touré(Enseignements secondaire, supérieur et Recherche scientifique).
Quant à l’US-RDA, elle enregistre l’entée de son secrétaire général, Badra Alou Makalou,dans la nouvelle équipe,en tant que ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine.
En résumé, ils sont12 formations politique à être représentées dans le gouvernement. Compte tenu de l’aspect restreint du nombre des membres de ce gouvernement, on peut dire que le partage ministériel entre ces partis est tout à fait raisonnable.
Oumar DIAWARA
5 octobre 2007
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