Enquête sur l’affaire Sow : le Mali, contraint et forcé

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A bien lire la Déclaration du Gouvernement malien sur la désormais «affaire du ministre Sow», il y a à comprendre que, à partir de cet instant, l’enquête peut enfin commencer. Le gouvernement a donné son accord. «A ce jour, dit le communiqué, toutes les dispositions sont prises afin que l’enquête se déroule…».

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«A ce jour», il faut comprendre ce 1er novembre 2007, date de signature de la Déclaration du gouvernement. Sinon, comme on le sait désormais, l’affaire qui date de fin mars 2007 a été officiellement portée à la connaissance du gouvernement malien le 24 septembre 2007 à la faveur d’une correspondance adressée au premier ministre Ousmane Issoufi Maïga. Plus d’un mois donc, ce fut un black-out total. Plus exactement, ce fut une lâchée de folles rumeurs, vite rattrapées par de fracassantes révélations dans la presse. Une presse un peu trop méprisée, qu’on a l’habitude de laisser se débattre dans ce qu’on désigne en des termes accusateurs de «vaines élucubrations», d’«allusions calomnieuse». En tout cas, avant les révélations de la presse, les Maliens ne pouvaient soupçonner qu’une affaire d’une telle ampleur soit entre les mains du gouvernement. Une affaire qui, au départ, concernait un homme seul mais qui, depuis, est en train de prendre les allures d’ une affaire d’Etat. Le gouvernement, par la voix de son porte-parole en est aujourd’hui, malgré lui-même, à exiger que «l’enquête se déroule dans la transparence requise mais aussi dans le respect des principes régissant la présomption d’innocence».

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«en toute responsabilité»!

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Reste à savoir jusqu’à quand le gouvernement fera de cette affaire son affaire à lui. Il s’est engagé à coopérer pour les enquêtes. Ce que d’ailleurs il aurait pu faire avant même que la personne concernée ne figure sur la liste du décret présidentiel nommant les membres du gouvernement de la République. Maintenant que c’est bien le cas, le gouvernement est mis dos au mur. Sinon, de toute évidence, l’ALAF était loin d’imaginer qu’il aurait à affaire avec un ministre. «La sérénité» que promet le gouvernement n’a sa raison d’être que quand elle s’alimente à un sens élevé de responsabilité. «En toute responsabilité », c’est d’abord s’employer à éviter qu’une affaire de personne ne déteigne sur la bonne marche du gouvernement voire de l’Etat. En toute responsabilité suppose aussi, contrairement à la position du gouvernement, de ne pas attendre, pour agir, «le résultat des enquêtes». Car, au moment du résultat, il se pourrait que ce soit déjà trop tard.

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Belco TAMBOURA

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L’embarras du gouvernement malien

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Il était très attendu. Il est venu. Ce fut tout à son honneur. Car, c’est bien la première fois qu’un membre de gouvernement vient s’expliquer devant la presse sur une affaire qui le concerne directement et personnellement. Le directeur du CDE qu’il fut a exposé ses arguments. Mais le ministre qu’il est aujourd’hui devait nous dire autre chose. Car, on ne vient au gouvernement pour abreuver l’opinion de ses déboires personnels. Ni même pour offrir ses collègues ministres en otages obligés d’une affaire dont ils n’ont été ni témoins ni acteurs. La notion de solidarité gouvernementale n’a de sens que quand il s’applique au travail gouvernemental.

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 Est-il besoin de le dire donc, ce n’est pas le ministre qui est en cause. C’est bien le directeur du CDE. L’office européen de lutte contre la fraude (l’OLAF) était loin de penser que l’affaire allait prendre sa tournure actuelle. L’OLAf avait demandé des enquêtes sur un agent d’une structure (le CDE) qui se trouve être un citoyen malien. A supposer que sa raison d’être à ce poste ait été de défendre exclusivement les intérêts du Mali. En quoi d’ailleurs quand on sait que l’entreprise malienne dont il est supposé être un actionnaire présente aujourd’hui la forme d’un gors éléphant blanc. C’est bien lui qui est objet «d’allégation calomnieuses».

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Ce n’est ni le Mali ni même son gouvernement. Le gouvernement du Mali aurait dû laisser l’homme seul s’expliquer devant la presse. Mais voilà que le gouvernement se propose de «gérer cette affaire » sans qu’on sache pour quelle raison majeure Est-ce par intérêt supérieur du Mali ? Il a cru devoir se fendre en une Déclaration plus qu’alambiquée. Dans cette déclaration, en effet, le gouvernement malien ne dit rien de ce qu’il connaît de l’affaire, ni même pourquoi il s’en est emparé. Il omet même d’offrir son soutien ferme et résolu à l’homme Sow. Il attendra plutôt le résultat des enquêtes. Bref, le gouvernement a raté une bonne occasion de se taire.

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B. TAMBOURA

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