M Bakary Doumbia, Ministre de l’Entreprenariat National, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, était l’invité le 26 mai dernier de l’émission-débat de l’ORTM, intitulée ‘’Mali Kura Taasira’’. Durant 30mn d’échanges à bâton rompu, le Ministre Doumbia a pu répondre aux questions de nos confrères de l’ORTM et du journal l’AUBE sur ses missions et résultats, obtenus depuis son arrivé à la tête de ce département. Nous vous proposons quelques grandes lignes de ce débat télévisé que nous avons pu suivre.
D’entrée de jeu, le Ministre de l’Entreprenariat National, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle a expliqué que son département a l’initiative et la responsabilité des actions suivantes : la promotion et le développement de la culture entrepreneuriale ; le développement de la formation professionnelle pour le renforcement de la compétitivité des entreprises nationales ; l’élaboration et la mise en œuvre des mesures visant l’insertion professionnelle des jeunes et des femmes. « En somme, ma mission est de favoriser l’accroissement des opportunités d’emplois, de faciliter l’accès à la formation et à l’acquisition de qualifications professionnelles adaptées au besoin de l’économie », explique-t-il.
Le Ministre ajoute qu’à la faveur de la mise en place du Gouvernement, dirigé par Dr Choguel Kokalla MAIGA, Premier ministre, Chef du Gouvernement en juin 2021, le département a pris le nom de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle. C’est dire donc que les plus hautes autorités considèrent l’entreprenariat comme un moyen d’accroître les opportunités d’emploi. Sur la base des orientations données au Gouvernement de Transition le 13 juin 2021 par le Premier ministre, le département a dans une démarche participative et ouverte, déterminé le périmètre de sa contribution à la réalisation des ambitions de la transition à travers les trois résultats dont le plus important est de trouver des opportunités d’emploi pour les populations en milieu urbain et rural.Ce périmètre repose sur quatre éléments de stratégie, à savoir (i) l’initiation de partenariat avec les autres départements ministériels et avec les organisations professionnelles, (ii) la collaboration inter agences, (iii) la mise en œuvre des projets et programmes et l’initiation de nouvelles actions et enfin (iv) la redevabilité.
La transversalité de la question de l’emploi impose au département de travailler avec toutes les catégories d’acteurs et de partenaires au niveau desquels des possibilités et des niches d’emplois peuvent exister. C’est ainsi que le Ministre Bakary Doumbia expliquera que chaque année, il y’a plus de 300 000 jeunes sur le marché de l’emploi, dont l’état ne peut employer au maximum que 10 à 12%. Il faut donc s’occuper du reste. Le défi consiste à faire en sorte entre autres de reconvertir dans d’autres domaines ceux qui peuvent l’être et également de développer des stratégies visant à maintenir les jeunes ruraux dans les villages pour travailler. « Nous avons constaté chaque année que les universités du Mali mettent sur le marché beaucoup d’étudiants, mais avec des profils non scientifiques, ce qui fait difficilement qu’ils arrivent à avoir du boulot. Nous avons convenu, avec le Ministère de la Recherche scientifique, de travailler à la reconversion des étudiants qui sortent de grandes universités… Au Mali, la perception que les jeunes ont du secteur agricole est qu’il offre une carrière peu attrayante, faire du travail pénible toute la journée où les énumérations sont faibles et il n’y a pas de considération sociale au bout. Donc les jeunes sont réticent à s’engager dans l’agriculture, or c’est le secteur qui offre le maximum et d’énormes potentialités d’emploi. Pour cela, nous devrons travailler sur la perception des jeunes à ce niveau et travailler avec le département du développement rural pour avoir des convergences de politique agricole, des politiques d’emplois et de politique de formation professionnelle, y compris de politique d’éducation. C’est ainsi qu’on peut booster l’emploi en milieu rural… Nous voulons absorber le maximum de jeunes maliens et les aider à trouver un emploi… » martèle le Ministre Doumbia.
Par rapport à la problématique de l’insertion des diplômés, formés en langue arabe en particulier qui constituent une préoccupation majeure des plus hautes autorités, le Ministre dira qu’il y a eu un moment, ces diplômés se sont sentis oubliés. « Mais le gouvernement de la Transition, sous l’impulsion des hautes autorités, a permis au département de mettre sur la table du Conseil des ministres les textes relatifs à la création, à l’organisation, aux modalités de fonctionnement et au cadre organique de la Cellule d’appui à l’Emploi et à la Formation professionnelle des Diplômés et Formés en langue Arabe (CEFORPA) et ces textes ont été adoptés. Ce qui fait que les arabophones ont une cellule arabe à laquelle ils peuvent s’adresser qui a les moyens de sa politique pour créer les opportunités d’emploi pour cette catégorie », explique-t-il.
La redevabilité constitue un point clé de sa vision à la tête du Ministère de l’Entreprenariat National, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, car selon le Ministre Balakry Doumbia, « Nous communiquons plus sur la culture de la redevabilité parce que l’État confie des ressources financières et humaines au département à travers le financement du citoyen malien. Il est important que nous qui gérons les ressources de l’État, nous rendons compte à l’État, mais la première étape est de rendre compte au département pour que le peuple le sache. Et ça aide l’entreprenariat parce que cela va maximaliser les ressources financières qui doivent être investis dans l’appui aux femmes, aux jeunes qui font de l’entreprenariat. Deuxièmement, de mieux cerner les résultats, parce que nous serons capables d’identifier quelles sont les insuffisances aux regards des analyses des écarts qu’ils vont nous présenter. A partir de cela, nous allons faire des recommandations pertinentes pour les agences et nous pourrons recentrer nos efforts de manière à ceux que les organisations de femmes et de jeunes puissent bénéficier du maximum d’appuis. En clair, la reddition des comptes est un passage obligé pour pouvoir renforcer l’employabilité des jeunes et des femmes. »
En termes de résultats obtenus à ce jour dans le cadre de la mise en œuvre des missions confiées à son département, le Ministre Doumbia explique a fait part de résultats majeurs en termes d’employabilité. Ainsi, 3291 jeunes ont bénéficié des actions de renforcement de l’employabilité ; 5925 jeunes pour le développement de l’esprit d’entreprise ; 1 588 projets de jeunes ont été financés, suite au partenariat avec l’UE et Lux Dév ; 90 PME ont bénéficié de financements ; 2996 emplois ont été générés à partir des activités de promotion de l’auto-emploi ou de l’entreprenariat ; 654 personnes ont bénéficié de formation professionnelle dans différents corps de métiers dont 42,54 % de femmes ; 20 projets de formation ont été financés au profit d’environ 1356 jeunes et femmes, membres des associations et groupements professionnel d’artisans et du monde rural ; 785 Tonnes d’aliments bétails sont offerts à 3750 jeunes ruraux, promoteurs des projets économiques pour atténuer l’impact socioéconomique lié à la COVID-19 ; 2000 jeunes ont été engagés dans le stage de formation professionnelle de l’APEJ au titre du 12èmecontingent ; 36 projets de formation ont été financés (FAFPA) au profit de 1855 actifs dont 1008 femmes pour un coût de 194 076 448 FCFA. Il faut y ajouter l’élaboration de 12 référentiels de formation et le renforcement des capacités de 200 formateurs de centres de formation professionnelle (CFP) et des instituts de formation professionnelle (IFP), selon l’approche par compétence (INIFORP) ; l’installation de 300 jeunes dans les filières riz, fonio, sésame et embouche dans le cadre du Projet ‘’Contribution à l’insertion professionnelle et au Renforcement de la Résilience des jeunes en Milieu rural au Mali’’ (Sikasso, Koutiala et Bougouni).
A la fin du débat, le Ministre de l’Entreprenariat National, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle a prodigué des conseils aux jeunes du Mali à s’invertir davantage dans le secteur agricole. « Je tiens à dire aux jeunes du Mali que la situation est très difficile, mais il y a des opportunités surtout dans le monde rural, dans le secteur agricole. Il faut que les jeunes comprennent qu’on peut véritablement entreprendre en milieu rural, on peut produire et qu’on peut devenir un entrepreneur agricole. Si vous regardez autour du Mali qui est un pays central avec beaucoup de frontières, tous ces pays ont besoin des produits agricoles du Mali. Il suffit seulement qu’on s’organise pour produire suffisamment. Les jeunes doivent être les premiers sur ce chantier, ils ont la force et l’intelligence. Les jeunes ne doivent pas se décourager, croire en eux d’abord, de croire en nous qui sommes aujourd’hui à la tête du pays et de penser que le Mali en tant que pays agricole offre de nombreuses potentialités dans le secteur agricole et qu’il faut retourner à la terre… Beaucoup de jeunes ont déjà compris… »
Bokoum Abdoul Momini