L’ex-Premier Ministre, candidat à l’élection présidentielle de 2012, Modibo Sidibé avait, semble-t-il, oublié de rendre quelques biens appartenant à l’Etat. Il vient d’être obligé à les rendre.
En début de semaine, la force publique a dû recourir à des moyens de droit pour rendre à l’Etat les véhicules que Modibo Sidibé utilisait illégalement et à des fins politiques. Selon nos sources, la Direction nationale des domaines de l’Etat aurait reçu instruction ferme de perquisitionner et de saisir tous les biens de l’Etat que Modibo Sidibé aurait gardés par devers lui après son départ de la Primature.
Faut-il croire aux premières manifestations publiques de la rupture entre ATT et son ex-Premier Ministre ? Naturellement. Le Gouvernement n’était pas obligé de procéder par cette méthode cavalière pour reprendre ses biens à un ex-Premier Ministre, dont ATT lui-même vante la probité morale et la loyauté dont Sidibé aurait fait preuve pendant son exercice.
En plus, on peut bien s’interroger sur les raisons qui ont pu pousser Modibo à tomber bêtement dans un piège que ses détracteurs ont facilement ourdi.
Il faut rappeler que sous Alpha Oumar Konaré, IBK lui aussi avait commis la même imprudence avec les biens de l’Etat. Un rapport d’enquête de routine avait établi qu’il avait abusé des ressources de l’Etat. Modibo a été l’un des témoins les plus privilégiés de cette affaire dont les indélébiles traces demeurent entre les deux ex-amis et complices.
Aujourd’hui, l’insolence du confort financier de Modibo Sidibé fait l’objet de méchants commentaires à travers le Mali et même dans le monde. Dans son édition n°2631 du 12 au 18 juin 2011, notre confrère «Jeune Afrique» révélait que l’ancien Premier Ministre et candidat potentiel à la présidentielle d’Avril 2012, Modibo Sidibé aurait reçu en vue de sa campagne électorale divers équipements en provenance de la Chine pour une valeur de 3 milliards de FCFA.
Hâtivement peut-être, ses détracteurs n’ont pas hésité à faire la relation entre cette opulence de l’ancien Premier Ministre et les révélations de la CASCA (Cellule d’Appui aux Services de Contrôle de l’Administration) sur le ravage financier subi par l’Initiative Riz dont il était le premier responsable. Nombreux sont les Maliens qui pensent que les caisses de projet ont été vandalisées pour servir des amis proches de Modibo.
De toutes les manières, cette soudaine cavalcade des «pandores» de l’Etat sur «les périmètres sacrés» de Modibo Sidibé arrive au pire moment. Pour plusieurs raisons dont la première se rapporte à ses tumultueuses relations avec le Chef de l’Etat, premier commandant des futurs scrutins. Modibo a bien besoin du coup de main d’ATT à qui il doit privilèges et prestiges. D’ailleurs, ATT a bien fait de le rappeler lors de sa traditionnelle conférence de presse le 12 juin dernier.
Par ailleurs, si l’ancien chef du Gouvernement est «coupable» du «crime» de détention illégale des biens de l’Etat, qu’en est-il pour les autres ex-membres du Gouvernement ? Dieu seul sait !
En attendant d’autres rebondissements dans les affaires dites de l’Initiative riz, il faut craindre que Modibo ne puisse pas trouver suffisamment de ressources pour se justifier devant les Maliens à qui il «quémande» le suffrage pour la responsabilité suprême de l’Etat. Il lui manquera certainement du temps pour nous convaincre sur ses qualités morales dans la gestion des affaires de l’Etat. La balle est dans son camp, à lui de jouer !
Abdoulaye NIANGALY