Les deux ministres sortants du gouvernement Modibo Keita, Sada Samaké et Mahamadou Diarra, respectivement en charge de la sécurité et de la justice, laissent un héritage problématique à leurs successeurs. Le départ de ces deux ministres aura été la seule attente des citoyens. Les Maliens ne disent plus rien de bon sur la justice et la sécurité, seuls baromètres d’efficacité à leurs yeux. Mais en attendant que les dessous du réaménagement du gouvernement soient révélés, l’on s’interroge sur la nature du nouvel attelage.
En lieu et place d’un remaniement ministériel que tout le monde attendait, les Maliens ont eu droit à une réorganisation de l’Exécutif. Les acteurs de la vie publique annoncés pour rejoindre incessamment le gouvernement post-accord n’ont pas eu de places parmi les nouveaux ministres, le gouvernement reformé ne représente finalement pas les forces vives comme la société civile et les groupes armés signataires de l’accord de paix.
Le constat qui se dégage de la configuration du nouveau gouvernement est que IBK a presque fini de récompenser tous ceux qui l’ont soutenu lors de la présidentielle de 2013. L’un de ses derniers soutiens étant Sambel Diallo, membre de l’APR, qui devient ministre de l’Aménagement du territoire et de la Population.
Mais Sambel porte à lui seul plusieurs casquettes. C’est un membre de la milice Ganda Izo, donc affilié à la Plateforme des mouvements d’autodéfense. Pourtant, les membres de la Plateforme tout comme les ex-rebelles de la CMA, sont mécontents après le réaménagement de l’équipe gouvernementale. Certains parmi eux ont rencontré le président de la République il n’ya pas longtemps et avaient même proposé des noms de leurs ministrables. Malheureusement, leurs propositions n’ont pas été prises en compte dans la réorganisation de l’Exécutif.
Nouveau ministre de l’Intérieur, il n’est pas certain que le colonel Salif Traoré fasse mieux que son prédécesseur, le Général Sada Samaké. Même si ce dernier a été critiqué pour la gestion des questions ayant trait à l’administration de certains services relevant de son département, la quiétude que cherchent les citoyens dépasse la seule compétence du ministre chargé de l’Intérieur.
Contrairement à Sada, Sali Traoré qui était gouverneur de la région de Kayes est peu connu du grand public. La question est de savoir s’il s’agit d’une forte personnalité, un décideur capable d’imposer la discipline et la rigueur au sein des forces de sécurité. Parlant des brebis galeuses de la police et de la gendarmerie, son prédécesseur n’hésitait pas à dire « ce sont nos enfants ». Le nouveau ministre aura-t-il le même langage?
Dans une certaine mesure, le départ de Sada était souhaité, les citoyens ayant vainement attendu une police et une gendarmerie plus à l’écoute; des agents qui les éduquent, protègent et rassurent en ces moments difficiles. En août dernier, le regrettable incident ayant opposé les populations de Ouélessebougou à la gendarmerie locale symbolise suffisamment le fossé entre forces de sécurité et citoyens. Et que dire des séries de bavures causant morts et blessés à cause des « super flics » de Bamako?
Si le réaménagement a autre chose de pertinent, c’est l’éviction du ministre de la Justice Mahamadou Diarra. Ce garde des sceaux était effacé, alors que la justice donnait du régime une image négative. Les populations ne voient en la justice qu’une force oppressive qui ne cultive pas l’amour du pays chez les pauvres.
Ainsi, la peur de la justice semble être le sentiment le mieux partagé dans le cercle de Yélimané où plus de 15 personnes sont emprisonnées depuis le 18 août pour avoir manifesté sans autorisation. On peut imaginer ce que cela donne comme image de l’Etat à des populations qui n’avaient jamais exhibé la moindre animosité envers l’Etat.
Le challenge de la nouvelle ministre de la Justice, Mme Sanogo Aminata Mallé, est de rapprocher la justice aux citoyens ; réconcilier les populations avec l’administration judicaire. Le risque est que les populations de la localité finissent par se sentir opprimées et développent une conscience identitaire liée à leurs particularités linguistiques ou ethniques.
Autre entrée dans l’équipe de Modibo Keïta, Mme Marie Madeleine Togo, qui prend les reines du ministère de la Santé et l’Hygiène publique, remplaçant Ousmane Koné devenu ministre de la Décentralisation et de la Reforme de l’Etat. Abdoulaye Diop, garde le portefeuille des Affaires Étrangères qui est séparé de la Coopération Internationale et de l’Intégration africaine dirigé par Cheihkna Ahmed Sidy Diawara. Le nombre de ministères est passé de 29 à 31, des ministres changeant seulement de portefeuilles.
Soumaila T. Diarra
c bien vu ce départ du ministre de la justice. c est le k o dans ce département rien ne bouge. les acteurs n ont pas compris qu’ ils sont les régulateurs de la vie sociale et économique
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