Lors de la Déclaration de politique générale du gouvernement à l’Assemblée nationale, les ‘’honorables députés’’ ont superbement violé la Constitution du 25 février 1992. Qu’ils soient de Kénièba, de Kayes, de Bankass, de Koro, de Douentza, de San, de Koulikoro, de Banamba, de Youwarou, de Mopti, de Ténenkou, de Kangaba ou de Goundam, pour ne citer que ces localités, les députés ont fait largement échos des préoccupations de leurs circonscriptions électorales respectives, donnant ainsi une connotation régionaliste aux échanges. Nos honorables auraient-ils oublié qu’ils représentent la nation toute entière et non une localité particulière ?
Les débats au tour de la déclaration de la politique générale du gouvernement de Mme Cissé Mariam Kaïdhama Sidibé à l’assemblée nationale le 27 juin dernier a prouvé, si besoin était, que les parlementaires ont une mauvaise conception de leurs rôles. L’article 64 de la Constitution du 25 février 1992, dans son 1er aliéna, dispose que ‘’tout mandat impératif est nul’’. Le mandat impératif est la possibilité offerte aux électeurs de révoquer les élus en cours de mandat si ceux-ci ne réalisent pas leurs promesses de campagne. En pareille situation, les élus sont soumis aux instructions de leurs électeurs qui peuvent mettre fin à leur mandat. Au Mali, le député représente la nation et non une circonscription particulière. L’esprit de cette disposition de la loi fondamentale voudrait que le député soit indépendant de ses électeurs qui ne peuvent nullement le révoquer en cours de mandat. Mais il ne faut pas se faire trop d’illusions. Les honorables députés étaient dans une logique de campagne car leurs déclarations prouvent à suffisance qu’ils souhaitent tous une réélection. C’est la raison fondamentale qui les poussent à être dépendants de leurs électeurs au mépris de la Loi fondamentale.
Certains estiment que les préoccupations de leurs circonscriptions électorales ne sont pas suffisamment prises en compte. D’autres, comme celui de Kangaba, Lassine Bereté, crient à l’exclusion des ressortissants de cette localité dont aucun n’est membre du gouvernement de Mme Cissé. Que dire de cet autre député qui estime que le gouvernement doit envoyer uniquement les jeunes ressortissants des régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal pour servir dans le cadre de la fonction publique des collectivités. C’est à croire que les députés ont même oublié qu’il s’agit d’une déclaration de politique générale et non d’une tribune pour plaider les préoccupations locales spécifiques à tel ou tel cercle ou arrondissement. A l’exception de quelques intervenants comme les honorables Ibrahim Boubacar Kéïta, Hamidou Diabaté, Younouss Touré. Même l’intervention du président du groupe parlementaire de l’Adema Pasj, le très vigilant Témoré Tiouleta, n’a pas fait revenir les honorables députés à la raison. Pour faire régner la discipline dans la salle dans le cadre du strict respect du temps de parole octroyé à chaque groupe parlementaire, le président de l’auguste parlement, Pr Dioncouda Traoré, est intervenu à plusieurs reprises pour couper la parole. Malgré le caractère local ou régionaliste de certaines questions, Mme le premier ministre s’est efforcée à donner des réponses.
Par Chiaka Doumbia