Dans l’attente du réaménagement du Gouvernement : Utiles rumeurs ministérielles

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ATT ne signera pas le décret de réaménagement de l’équipe gouvernementale du Premier ministre Modibo Sidibé si Bamako continue de bruire des rumeurs allant dans ce sens.

Dans toutes les rencontres sportives, l’équipe qui mène au score a souvent tendance à "temporiser". A "tuer" le temps, comme dirait l’autre. Dans ces cas, dans un match de football finissant, les joueurs amènent plus souvent le ballon vers le poteau de corner, refusant de jouer, empêchant l’adversaire de le faire, pour égrener quelques secondes supplémentaires.

Ce scenario ressemble fort à celui que jouent actuellement plusieurs membres du Gouvernement. Il est peut-être osé d’affirmer qu’une forme de coutume (juridiquement s’entend) s’est installée au Mali et veut qu’à-mi mandat,  il y ait un réaménagement de l’équipe gouvernementale.

Cette pratique, ajoutée à un certain nombre de facteurs, pousse même le Malien le plus sceptique à tendre l’oreille au poste radio et à s’attendre à un toilettage l’équipe gouvernementale du capitaine Modibo Sidibé. Or, il est constant qu’aucun coach n’aime faire des changements dans son équipe lorsqu’il sent une quelconque pression dans ce sens. En clair, si le public demande avec insistance que du sang neuf soit introduit dans certains compartiments de l’équipe, il faut être sûr que l’entraîneur ne va pas agir jusqu’à ce que ces sollicitations cessent.

Ainsi, ATT reconnaît aujourd’hui (le contraire nous aurait étonné) que certains ministres sont essoufflés, d’autres ont des choses à se reprocher et qu’il faille redistribuer les cartes ministérielles avant d’amorcer la ligne droite vers 2012.

Seulement, il est peu probable qu’il procède à ce réajustement tant que l’opinion, notamment la presse, en fera régulièrement cas. ATT est certainement humble, mais ne voudra pas donner l’impression que le remodelage du Gouvernement Modibo Sidibé lui a été dicté par les observateurs de la scène sociopolitique nationale. Surtout pas en ce moment où il s’approche inexorablement de sa sortie (2012) de la scène, la tête haute. Ayant mesuré cette réalité, quel ministre en fonction ne se plairait à faire perdurer ce stand by ? Pourquoi ne pas alors tenter de distiller quelques rumeurs ou du moins à la faire amplifier ? Et, plus ces rumeurs envahissent la cité, très improbable devient la signature du fameux décret "portant réaménagement du Gouvernement". A côté du ministre, quel député ou haut cadre de l’administration (DAF, Chef de cabinet par exemple) ayant un intérêt particulier dans l’actuel statu quo, n’entretiendrait pas ces supputations. Le président de la République connaît certainement ce piège qui peut lui être tendu en vue de freiner ses ardeurs à opérer des changements au sein du Gouvernement Modibo Sidibé.

Or, il est établi, selon les analystes politiques, que l’efficacité des ministres qui se savent sur "une chaise éjectable", est plus qu’amoindrie. Sans compter que la bonne gouvernance est la valeur la moins partagée au sein d’un cabinet ministériel à la tête duquel trône un… " ministre en sursis". C’est-à-dire un membre du gouvernement plus ou moins convaincu de son départ de l’équipe en fonction.

Par ailleurs, il faut qu’en moins de deux ans de la présidentielle de 2012, ATT use, sans hésitation, de son pouvoir discrétionnaire de nomination et de révocation du Gouvernement. Il y a intérêt parce qu’il semble que pèsent sur lui certaines obligations de récompense. En redistribuant les cartes à des jeunes cadres au niveau de plusieurs formations politiques, ATT contribuera à véritablement déblayer le terrain pour sa succession. Sans équivoque.  

Bruno D SEGBEDJI

 

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