On a entendu la nouvelle et brillante porte-parole du gouvernement poser le problème avec clarté et sobriété : il faut donner au peuple malien la saine information sur ce qui se dit en ce moment sur un ministre de la République, sur un cadre compétent de l’Etat malien. Le nouveau gouvernement administrait ainsi la preuve qu’il cultive la transparence et, au passage, une cinglante gifle aux organes de presse qui ont écrit pour accuser, négligeant une règle de base de la profession de journaliste, qui est d’aller prendre l’information à la source. En ce vendredi 2 novembre, celle-ci, en la personne du ministre Sow lui-même, était donc venue à eux, à la Maison de la Presse. Pour les édifier, et, par leur truchement, informer la nation.
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Les deux complots
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Le premier s’est tramé dans les couloirs de l’Union européenne, lorsque qu’un cadre, pour se venger d’avoir été relevé par le Directeur du CDE (Centre de Développement des Entreprises), à l’époque notre compatriote Ahmed Sow, a écrit en haut lieu pour dire que celui-ci a financé des entreprises où il est actionnaire lui-même. Quant à son projet de restructuration informatique jugé non viable et rejeté, il n’en fait sûrement pas un problème. Le deuxième complot aura été le fait d’entrepreneurs maliens irrités de n’avoir pas obtenu de financement, qui ont également écrit au Directeur de l’OLAF (Organisme de lutte contre la corruption de l’UE) pour traitement inégal dont ils auraient été victimes, ou, comme dit dans leur lettre, pour « conflit d’intérêts »
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Les entreprises nigérianes, dit l’un d’eux, ont reçu, proportionnellement, beaucoup moins de financement que celles du Mali. S’agirait-il d’altruisme ? Où va le pays, s’il doit être bâti sur la délation, la mesquinerie et le mensonge ? Le Portugais et le Fijien qui ont précédé Ahmed Sow n’ont pas subi une telle fronde de la part de leurs compatriotes, alors qu’on constate le même phénomène après leur passage : un surcroît de financement des entreprises de leur pays. Quoi de plus normal, s’est exclamé le ministre, quand on sait que la présence d’un national à sa tête fait mieux connaître le CDE ! Ce boum a été bien plus important lors du passage du Fijien : 30% du total des subventions accordé à son île, contre 10% après ajustement. Le Portugais avait accordé plus de fonds à son pays qu’à tous les pays ACP ajoutés à la France, ce qu’on a ramené actuellement à 1%!
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Une presse partiale ?
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Personne n’a pris contact avec l’accusé, nouvellement nommé ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau pour connaître sa version des faits, alors que l’affaire était à la une des journaux pendant des jours, s’est étonné l’intéressé devant un parterre de journalistes, sans être démenti. De fait, on a préféré gloser sur ses bonnes relations avec telle ou telle personne haut placée, spéculer sur son envergure, qui le faisait pressentir pour un poste encore plus prestigieux, hasarder quelques jugements, surtout malveillants, sur l’avenir du gouvernement Modibo Sidibé. Que ce dernier n’ait pas bénéficié de la moindre période de grâce, passe encore : il paraît qu’il existe désormais une opposition dans notre pays, que le consensus autour d’ATT a pris fin. Mais une presse partisane, cela signifie-t-il une presse partiale ? Que la nouvelle opposition le sache : elle ne sera jamais crédible, si elle veut engager, pour défendre sa cause, des journalistes manquant si cruellement de professionnalisme que des ministres peuvent les prendre en flagrant délit et les rappeler à leur devoir !
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Ibrahima KOÏTA
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SI VOUS NE LE FELICITEZ PAS, FOUTEZ-LUI LA PAIX !
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« Nul n’est prophète chez soi ». Cette sentence n’a jamais été aussi vraie que maintenant et dans notre pays où on a le malin plaisir, au nom de sordides intérêts politiciens, de s’en prendre à tous ceux ou toutes celles qui ont, il faut le dire, le tort d’avoir réussi dans leurs entreprises. Le pauvre Ahmed Sow est aujourd’hui la victime de cet égoïsme d’une certaine catégorie de Maliens qui n’hésitent pas à salir quiconque ne pense pas comme eux et se refuse à salir le pays en prenant prétexte des différends du monde politicien. On n’a pas eu honte de reprocher à cet homme d’attirer vers sa patrie d’importants flux financiers, à supposer même qu’il fût actionnaire dans les entreprises bénéficiaires.
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En entendant parler ces égoïstes de la pire espèce, ou en lisant la presse qui relaie leurs libelles diffamatoires, on a l’impression d’avoir affaire à des ressortissants de pays étrangers, qui peuvent se montrer jaloux de la chance de notre cher Mali.Eh bien, si vous ne pouvez pas, Messieurs les délateurs, le féliciter à l’instar du Conseil d’Administration de l’Union européenne, foutez-lui la paix, pour qu’il puisse rééditer le même exploit dans ses nouvelles fonctions. En tout état de cause, M. Sow a fait gagner de l’argent au Mali, tandis que ses détracteurs, surtout les commanditaires du présent complot, lui en ont fait perdre beaucoup en le détournant vers des pays occidentaux. Croit-on que la chose ne soit pas connue ?Dramane Aliou KONE
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DECLARATION DU GOUVERNEMENT
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Depuis quelque temps, des informations relatives à une enquête initiée par un organe de la Commission de l’Union Européenne à l’encontre de Monsieur Hamed SOW, actuel Ministre de l’énergie, des Mines et de l’Eau, sont relayées par différents titres de la presse nationale.Face à cette situation, le Gouvernement tient à apporter les précisions suivantes : Il est vrai que l’Office Européenne de Lutte contre la Fraude (OLAF) de la Commission Européenne a ouvert une enquête administrative concernant le Centre de Développement de l’Entreprise, précédemment dirigé par notre compatriote Hamed SOW, suite à des allégations de conflits d’intérêts.Dans le cadre de cette enquête, l’OLAF a souhaité procéder à des vérifications à Bamako avec l’assistance des autorités maliennes. A cet effet, il a saisi le Gouvernement du Mali, qui par souci de transparence, en a accepté le principe et s’est dit disposé à accorder à l’équipe d’enquêteurs l’assistance nécessaire pour le bon déroulement de l’enquête. Le Gouvernement en a informé le Chef de la Délégation de l’Union Européenne au Mali.Le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, a été chargé d’organiser l’assistance sollicitée. A ce jour, toutes les dispositions sont prises afin que l’enquête se déroule dans la transparence requise mais aussi dans le respect des principes régissant la présomption d’innocence.Le Gouvernement entend gérer cette affaire en toute responsabilité et dans la sérénité et attendra avec intérêt les résultats de l’enquête.
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Bamako, le 1er Novembre 2007
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Le porte-parole du Gouvernement
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Madame DIABATE Fatoumata Guindo
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