Communication : La faillite gouvernementale

0

Une ministre, porte parole du gouvernement, qui brille par son silence, des ministres, plutôt soucieux de soigner leurs propres images, des chargés de communication, qui n’ont pas voix au chapitre : autant de réalités qui ont entrainé la faillite de l’ensemble du système communicationnel du gouvernement. Un vrai gâchis ! Analyse.

 

Depuis plus de deux ans, l’actuelle équipe gouvernementale, dirigée par Modibo Sidibé, a en son sein, un (e) porte parole. Pendant ces deux années, Mme Fatoumata Guindo, ministre chargé des relations avec les institutions et porte parole du gouvernement, n’a pas ouvert la bouche, une seule fois pour… porter la parole du gouvernement. Pas une seule conférence de presse, pas une seule rencontre avec les médias et pas même un petit communiqué de presse de la part de la ministre. Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué, ou qui manquent, pour faire sortir Madame de sa torpeur.

En effet, les nombreuses réformes en cours ou projetées par le gouvernement, les importantes décisions prises lors du conseil des ministres ou encore la position du gouvernement malien face à certains problèmes cruciaux de la sous région; doivent mériter un commentaire de la part de celle qui a la charge de s’exprimer, voire de s’expliquer.

Alors questions, Mme Fatoumata Guindo obéît-t-elle à des instructions? Attend-t-elle qu’on lui dise d’ouvrir la bouche ? Où attend-t-elle son départ du gouvernement pour s’expliquer un jour sur tout ce qui a été fait pendant qu’elle y était ?

Pour le moment, son silence de carpe ne trouve aucune explication, ni justification. Et Mme Guindo est bien partie pour battre tous les records en matière de mutisme, dans ce gouvernement.

Mais, le silence de la porte parole du gouvernement donne lieu souvent à une cacophonie générale. En effet, si certains ministres paraissant soucieux de communiquer. D’autres, par contre, ont plutôt le souci de soigner leurs propres images en étant constamment sur les plateaux de la télévision ou devant les caméras lors des cérémonies.

 

Les failles d’un système

Aujourd’hui, en effet, deux catégories se dégagent dans le gouvernement. Il y a des ministères comme ceux des Affaires étrangères, de la santé, de la sécurité et de la protection civile, des sports, de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur, des Maliens de l’extérieur et de la Justice, qui font des efforts dans une équipe gouvernementale où le système de communication est en panne. Hormis ces départements, les autres ministères brillent par une opacité coupable. La faiblesse, voire l’absence, de communication à leur niveau constitue l’obstacle majeur pour le président de la République, qui est obligé souvent d’intervenir personnellement pour combler le vide.

 

Chargés de communication : à quoi servent-ils ?

« J’ai proposé un reportage au cabinet, je ne sais pas si ça sera accepté… » ; « Je n’ai pas de moyens pour faire le travail… » Voilà, entres autres, les propos émanant des chargés de mission, en charge de la communication dans les départements ministériels. Ces propos traduisent à la fois l’impuissance de ces chargés de communication et le peu d’intérêt des ministres pour la communication.

En réalité, les chargés de communication n’ont ni les moyens, ni les coudées franches pour mener à bien leurs missions dans beaucoup de départements. Ainsi, certains d’entre eux sont réduits au rôle de « rédacteur de communiqué de presse », s’ils ne font pas l’intermédiaire entre le ministre et le journaliste auteur d’un article sur le boss. En effet, ces chargés de communication ne sont sollicités par leurs ministres que pour jouer au sapeur pompier, lorsque leur image est en cause. C’est pourquoi, un certain reflexe s’est installé dans le monde des chargés à la communication. Ceux-ci préfèrent alors « traiter » avec les journalistes ou journaux hostiles à leur boss que de faire un véritable travail d’information pour leur département.

 

La loi du silence

Ce manque de communication se traduit également par un mutisme à tous les niveaux de l’administration. Deux petits exemples: depuis plus d’un an L’Aube a décidé de faire un dossier sur les procès perdus par l’Etat, et qui se traduisent par des condamnations (pécuniaires). L’Etat perd annuellement des milliards de nos francs dans ces procès. Nous adressons une demande au service censé défendre les intérêts de l’Etat notamment le contentieux de l’Etat. Nos multiples démarches sont demeurées infructueuses. La loi du silence semble être de mise au contentieux  de l’Etat. Pourquoi ? Allez savoir !. Et la vache laitière qu’est l’Etat continue d’être saignée, dans un silence qui semble plaire au service censé défendre l’intérêt collectif.

Deuxième exemple : après l’inauguration de l’hôpital de ‘l’Amitié Mali-chine », nous avons joint le directeur du nouvel hôpital, pour avoir une interview et éventuellement informer l’opinion sur cette importante réalisation. Le directeur, un certain Dr Koné, ignorant sans doute l’importance de la communication, pour une structure neuve comme la sienne, joue au faux fuyant et exige au préalable, une autorisation de son département.

Ces deux exemples parmi d’autres illustrent, par ailleurs, toutes les difficultés que rencontrent la presse dans la collecte et le traitement de l’information. En effet, souvent pour la collecte d’informations qui n’ont aucun caractère secret ou confidentiel, les journalistes se retrouvent face à un mur de silence. D’aucuns disent que « c’est par peur de perdre leur place », que tel ou tel responsable opte pour le silence.

Ainsi, faute d’accès aux sources, certains journalistes n’hésitent point à tomber dans la faciliter : désinformer au lieu d’informer.

 

O. Roger Sissoko

 

Commentaires via Facebook :