Le déficit de communication des gouvernements successifs du Mali a toujours fait l’objet de critiques. Certaines mesures prises par l’actuel ministre de l’Economie numérique et de surcroît porte-parole du gouvernement étaient porteuses de beaucoup d’espoirs en termes d’amélioration, de visibilité et de lisibilité des politiques étatiques destinées notamment au grand public. Mais force est de reconnaître que les attentes sont loin d’être totalement comblées.
Pour preuve, les récentes dispositions adoptées sur la disponibilité et la délivrance du passeport et de la carte nationale d’identité sont passées presque inaperçues auprès du public presque 48 h après le passage du ministre en charge de la Communication, porte-parole du gouvernement, Dr. Choguel K. Maïga, sur le plateau du JT de 20 h de l’ORTM pour les annoncer.
En effet, le lendemain de cette sortie médiatique du ministre sur l’ORTM, aucun autre média ne faisait écho de cette nouvelle de première importance en raison du tollé généralisé que la pénurie de passeport et de carte nationale d’identité a soulevé ces derniers temps dans l’opinion publique nationale.
Compte tenu du contexte particulier créé par cette situation conjoncturelle, l’information distillée par le porte-parole du gouvernement aurait dû bénéficier d’un meilleur traitement dans la presse, les médias et les réseaux sociaux. Mais curieusement aucune disposition pratique n’avait visiblement été prise afin de la relayer conséquemment de la façon la plus large possible.
Cet exemple n’est malheureusement pas un cas isolé de défaillance dans la communication gouvernementale dans notre pays.
En effet, les écarts de langage, les contradictions entre membres de la même équipe gouvernementale portant sur les mêmes sujets et l’émoi suscité dans l’opinion par “le silence” assimilé la plupart du temps à de l’immobilisme ou au laxisme, laissant libre cours à toutes formes de désinformation et d’intoxication au besoin a jusque-là causé suffisamment de tort aux institutions de la République, à commencer par le président de la République, chef de l’Etat.
Qui ne se rappelle de l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel, du marché d’acquisition de matériels et équipements pour l’armée nationale, les incompréhensions survenues un moment avec les FMI et d’autres partenaires techniques et financiers du Mali, des folles rumeurs sur la santé du premier citoyen du pays, des questions liées à la sécurité nationale, notamment autour des pourparlers de paix ayant abouti à la signature de l’accord d’Alger le 15 mai et le 20 juin dernier ou encore face à “l’agressivité” des différents mouvements rebelles du Nord du pays etc.
La communication du gouvernement s’est, la plupart du temps, limitée à des communiqués lapidaires donnant à l’opinion peu d’éléments pouvant une saine appréciation des efforts déployés par le gouvernement afin d’apporter aux préoccupations du moment les réponses appropriées. Dans les meilleurs des cas, c’est à des points de presse parfaitement encadrés et maîtrisés auxquels l’on assiste.
Il arrive que dans d’autres cas, le gouvernement ne pipe mot jusqu’à ce que la pression nationale et ou internationale, les réseaux sociaux, la classe politique ou la société civile en fasse leur choux gras. Alors, la réaction vient un peu comme le médecin après la mort. Le malaise s’étant déjà installé et le mal fait à l’image du pays.
Cette “inaudibilité” a été souvent aggravée par une certaine cacophonie dans la communication gouvernementale. Ce que dit un ministre est contredit par soit un autre membre du gouvernement ou par le Premier ministre en personne et vice-versa. Ce fut le cas dans l’affaire dit de l’avion présidentiel et le crash du vol d’Air Algérie vers la frontière de Burkina Faso dans la zone de Gossi.
Toute chose qui amène le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, lui-même, à descendre de temps à autre, dans l’arène pour essayer, tant bien que mal, de se défendre soi-même face à une opinion légitimement exigeante en la matière.
A l’avènement de la présente équipe gouvernementale avec en son sein, notamment dans les différents cabinets de la Primature et des départements ministériels, de communicateurs chevronnés rompus à la tâche et unanimement reconnus comme tels, l’on espérait une amélioration conséquente. Plusieurs initiatives ont vu le jour afin de créer les conditions d’une amélioration subséquente à la visibilité de l’action du gouvernement. Mais pourquoi donc le mal demeure et persiste ?
Dans “l’affaire des engrais frelatés”, il a fallu encore que le chef de l’Etat s’invite une fois de plus dans le débat en prenant l’engagement lors de la Journée du paysan, que toute “la lumière sera faite dans cette affaire” et qu’il veillera personnellement à ce que “tous les responsables impliqués dans ce scandale ne bénéficient d’aucune impunité”.
Cet engagement présidentiel n’a malheureusement pas mis fin aux débats sur la question. Car, plusieurs fois de suite, le ministre du Développement rural, Bocary Tréta, a fait l’objet d’interpellations à l’Assemblée nationale. Là aussi, on n’a pas suffisamment senti la solidarité gouvernementale autour des ministres durement malmenés lors de ces séances face à des députés assez pugnaces et bien au fait des sujets débattus.
A chacune des occasions, le soutien des structures et autres services en charge de l’image, de la diffusion ou et de l’amplification des messages du gouvernement n’a pas été à hauteur de souhait pour lever les malentendus, contrer les contre-vérités et autres volontés de porter un discrédit sur le gouvernement à travers la production et présentation de versions tronquées de ces affaires par certains milieux d’intérêts cachés. L’affaire dite de pénurie de passeports et de cartes nationale d’identité n’a pas reçu un meilleur traitement de la part des structures spécialisées en communication gouvernementale en anticipant sur son “pourrissement”.
Il reste toutefois évident que des institutions de la République et départements ministériels font mieux que d’autres dans l’information, la diffusion, la réactivité et ou la pro activité en matière de communication. Mais il est tout aussi un constat que l’action gouvernementale, de façon globale, se trouve affectée par ces tares.
Nul besoin de revenir ici sur les durs propos, à la limite de la passion souvent, échangés sur ce même dossier récemment entre le député Oumar Mariko et le ministre de la Sécurité, le général Sada Samaké, à l’Assemblée nationale.
Prenant donc la juste mesure de la gravité des problèmes auxquels cette “pénurie” exposait nos compatriotes, le Premier ministre, Modibo Keita, a jugé nécessaire, voire impératif, de réunir les principaux membres du gouvernement concernés par la question, en vue d’y apporter des solutions adéquates. A l’issue de cette rencontre, d’importantes mesures ont été prises. Il incombait au ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement d’aller porter à la connaissance de l’opinion publique nationale, voire internationale, ces nouvelles dispositions.
Ce qu’il fît en se rendant sur le plateau du JT de l’ORTM, édition de 20 heures du mardi 21 juillet 2015. Une si importante action du gouvernement qui vise à soulager les compatriotes de souffrances que d’aucuns ont assimilé à un véritable parcours du combattant, devrait être largement diffusée par tous les canaux appropriés afin que l’information parvienne à tous de façon équitable. Mais malheureusement seuls les téléspectateurs qui regardent le JT de l’ORTM ont appris la nouvelle.
En effet, l’information n’a été relayée le lendemain par aucun autre support ou source. Combien sont-ils actuellement les Maliens de l’intérieur surtout, à suivre intégralement le JT de l’ORTM ? Il y en a certes, mais certaines composantes non négligeables de la société malienne ne suivent quasiment pas le JT de 20 h. Comment ne pas tenir compte d’une telle réalité dans une stratégie de communication visant l’ensemble de la population ?
Au regard de ces multiples insuffisances, le gouvernement se doit d’adapter sa communication aux nombreux défis auxquels le pays est confronté.
En ce siècle de la révolution technologique et numérique, nul ne peut ignorer l’importance, le rôle et la place de la communication dans la conception et surtout la mise en œuvre de toute action de développement de nos jours. En la matière, toute approximation peut avoir des conséquences désastreuses sur l’équilibre et la compréhension nécessaires entre l’Etat et ses citoyens et ou ses partenaires.
Alors, M. le Premier ministre, certes il y a des avancées notables. Mais également il y a des efforts à faire pour améliorer la performance dans ce domaine et de donner à notre pays toute la place qui doit être la sienne dans le concert des nations en cette période du boom numérique et des technologies de l’information et de la communication.
B. Sidibé
B. Sidibé
Même si ce gouvernement communiquait bien, cela va changer quoi pour les Maliens qui ne savent plus à quel Saint se vouer face aux prix de tous les denrées qui prennent l’ascenseur chaque jour? Fais un tour au marché et tu sauras que les mots ne peuvent rien pour améliorer la vie des gens.
Qu’est-ce qu’un gouvernement moribond, incapable, incompétent et corrompu pourrait bien dire pour convaincre ? Ils sont médiocres, sinon nuls en tout. Les paroles, les slogans et campagnes médiatiques ne se mangent pas. C’est le fruit des actes qui importe pour les populations.
Le monde est devenu un grand marché ouvert et soumis à toutes sortes de pressions liées aux jeux d’intérêts entre différents protagonistes et antagonistes. Se taire ou ne pas savoir se faire entendre dans un tel contexte, porte à tout Etat un préjudice incommensurable. Le Mali peut et doit mieux faire dans ce domaine. La communication est aujourd’hui facteur de puissance.
C’est la grosse plaie que les gouvernements du Mali ont toujours traîné face surtout aux groupes rebelles du nord. La tendance n’est pas prête d’évoluer avec l’actuel.
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