L’homme aux “pleins pouvoirs” qui nous gouverne a des larmes plein le corps. Il pourrait même en revendre (en francs martiens, bien sûr!) des tonneaux entiers aux populations du nord-Mali. Petit problème: dans ces contrées, on a déjà trop pleuré et les larmes ont fait l’objet de dévaluation de la part du gouvernement du MNLA…
Or donc, l’autre jour, Cheick Modibo Diarra, en quittant le chevet de son frère et ami Dioncounda, alité à Paris, a inondé le micro de notre confrère RFI de chaudes larmes et de longs sanglots. Plus longs que les “sanglots longs des violons” évoqués par l’éminent poète Paul Verlaine. De mémoire de Malien, on n’avait jamais vu des larmes ni entendu des sanglots d’astrophysicien. Et de voir leur grand chef pleurer comme une madeleine, nos compatriotes en restent encore sans voix.
Leur temps de stupéfaction passé, les mauvaises langues commencent à murmurer que les larmes du Premier ministre étaient peut-être des larmes de crocodile. Elles ont tort car un crocodile, malgré ses gros yeux, ne verse pas de larmes. Alors, Cheick Modibo Diarra a-t-il plutôt sangloté au vu du corps affaibli du président de la transition ? C’est possible et la chose ne cesse de nous inquiéter : Dioncounda Traoré, ce sage et débonnaire vieillard, est connu, en effet, pour son éternel sourire; qu’il puisse inspirer des sanglots, et non la joie, nous amène à croire que sa bastonnade, là-haut sur la montagne de Koulouba, a dû être plus sévère qu’on ne nous l’a avoué et que son “rendez-vous médical pris de longue date” (pour utiliser la pieuse formule du ministre des affaires étrangères) était, en vérité, un rendez-vous pris d’extrême urgence pour échapper à Dame Trépas.
Nous préférons, nous, imaginer l’avenir en rose et croire que le Premier de nos ministres a pleuré pour des choses plus gaies. Lui-même, entre deux longs sanglots, a d’ailleurs semblé déclarer qu’il pleurait à cause de la mésentente chronique entre les Maliens. A en croire notre sangloteur de luxe, il n’y a pas de Malien comme Dioncounda car il suffit de mettre deux Maliens ensemble pour qu’ils se tiennent aussitôt par la chemise. Fort bien ! Mais Cheick Modibo pourrait-il alors nous expliquer comment des Maliens si belliqueux ont pu s’enfuir, avec armes et bagages, devant une petite poignée de rebelles ? Comment, avec une hargne pareille, les Maliens attendent-ils de voir leur pays libéré par une force internationale, s’il vous plaît? Ces troublantes questions nous conduisent à penser que les larmes de l’illustre chef du gouvernement ont peut-être un rapport avec la peur de perdre son poste primatorial. On l’oublie parfois mais le FDR (le regroupement des anti-putschistes) a récemment demandé à la CEDEAO un changement de gouvernement; de plus, les “conventionnaires” qui voulaient installer le capitaine Sanogo à la tête du pays ont souligné la nécessité de nommer un nouveau Premier ministre; enfin, le bruit court de plus en plus que depuis des mois qu’il dirige l’exécutif, Cheick Modibo Diarra n’a soulagé le Mali d’aucune de ses béantes plaies: pas le moindre rebelle bouté hors du nord; pas un investisseur maintenu au bord du Djoliba; pas même de budget d’Etat à hauteur de souhait, celui de 2012 étant deux fois moins important que le budget 2011, le dernier adopté sous le règne du “Vieux Commando”. Quand on a tant de tuiles qui menacent de vous tomber sur la tête et de vous ôter le pain de la bouche, il y a franchement de quoi larmoyer et sangloter toute une journée. Surtout que l’astrophysicien local n’a pas une totale assurance de retrouver son fauteuil de Microsoft-Afrique au cas où il se verrait remercié à Bamako pour ses bons et loyaux services.
En tous les cas, Cheick Modibo aurait tort de broyer du noir pour une simple question de boulot. Avec la force physique qu’on lui connaît, il ferait une excellente recrue pour le contingent malien chargé de récupérer le nord. Il est certain, à notre humble avis, qu’Iyad Ag Ghali, malgré sa foi en Dieu, n’hésitera pas à solliciter ses jambes à la seule vue du colosse Diarra. Au cas où ce dernier ne voudrait pas d’un emploi dans l’armée (ça se comprendrait!), on pourrait toujours lui confier une chronique Bambara sur l’ORTM. En digne fils de Ségou, l’homme manie la belle langue du terroir à la perfection et pourrait bien chasser la nostalgie que nous nourrissons tous pour feu Balla Moussa Kéita, grand bambaraphone devant l’Eternel. Et si d’aventure toutes ces possibilités d’embauche devaient foirer comme sa mission primatoriale, nul n’en voudrait à l’ami astrophysicien de remonter dans la navette spatiale dont il avait débarqué sous nos tropiques.
Tiékorobani
Toute cette belle plume pour ca. Non votre vénin n atteindra pas le premier ministre. Le premier ministre est un homme impavide, qui assumera ses responsabilités jusqu au bout. S il a versé des larmes, c est parce qu il est sensible et donc n a pas un coeur de pierre contrairement à vous. Heureusement d ailleurs! C est vrai que le premier ministre a un physique impressionnant. C est super! par les temps qui courent, les Maliens auront besoin de ses épaules larges quand ils doivent pleurer.
c’est un faible. un vrai homme ne pleure pas aussi facilement. et c’est la preuve que c’est pas l’homme de la situation c’est à dire celui qu’il nous faut en ces moments difficiles. Il pleure telle une fillette souvent pour un rien.
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