ATT hier face à la presse à l’occasion du 8 juin : Un remaniement ministériel n'est pas à l'ordre du jour

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Hier 8 juin, date anniversaire de son investiture comme président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré était, comme à l’accoutumée, face à la presse dans la salle des Banquets du Palais de Koulouba pour un grand oral touchant tous les domaines de la vie publique. Répondant à une question d’un de nos confrères de la place relative au remaniement ministériel, le président ATT a déclaré ceci : "Je suis le seul, en tant que président de la République, à décider de l’opportunité d’un remaniement. Je sais qu’au fil des semaines, la presse fait et défait le gouvernement, souvent en complicité avec certaines personnes intéressées par l’équipe gouvernementale en estimant qu’elles peuvent nous influencer. Pour être clair avec vous, moi-même, je ne sais pas quand aura lieu. Pour tout dire, je n’ai pas encore décidé à procéder à un remaniement ministériel".  

Ça y est, le fameux débat sur un éventuel remaniement ministériel qui continuait à défrayer la chronique peut maintenant s’arrêter. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, le seul habilité à décider de ce remaniement a été, on ne plus, clair sur la question. "Je ne sais pas moi-même quand le remaniement aura lieu. Pour tout dire, je n’ai pas encore décidé de procéder à un remaniement ministériel".

Ainsi, l’histoire vient de nous donner raison concernant une éventuelle entrée de l’opposition dans le gouvernement que nous avons qualifié, à son temps, de vrai faux débat. Certains observateurs et analystes de la vie politique nationale avaient fait et défait le gouvernement, en soutenant, la main sur le cœur, que l’actuel Premier ministre Modibo Sidibé va partir. Obsédés dans leurs analyses, qu’ils prenaient pour la parole divine, "ses faiseurs de roi" (sic) avaient même prédit le nom des probables locataires de la Maison du peuple (Primature), ainsi que des ministres partants.

Ce jeu politique, auquel certains hommes de medias se sont malheureusement prêtés, a été dénoncé par le président de la République, Amadou Toumani Touré, qui a déclaré, avec flegme et sérénité : "Je sais que certaines personnes, intéressées par le gouvernement, poussent les journalistes à faire et défaire le gouvernement selon leur gré en estimant qu’ils peuvent nous influencer.  Je suis le seul, en tant que président de la République, à décider de l’opportunité d’un remaniement et pour le moment, je ne suis pas encore décidé". Sans commentaire !.

 

ATT : "Le problème de l’école me donne des insomnies"

Un autre sujet – et non des moindres- qui a retenu l’attention des journalistes, fut la fameuse question de l’école, qui va mal. Interpellé, le président ATT a exprimé toute son amertume de voir l’école, donc l’avenir des jeunes et par ricochet celui du pays, dans une situation qui n’honore personne. Ainsi, le chef de l’Etat a-t-il indiqué : "J’avoue très sincèrement que le problème de l’école me donne des insomnies. Il faut que l’on se dise la vérité, l’Etat a fait tout ce qui est à sa mesure pour ne pas vivre la situation que nous connaissons aujourd’hui. Aujourd’hui, l’Etat est à la limite de ses moyens.

Tenez-vous bien, il y a eu une évolution des salaires et des primes du corps enseignant. Ainsi, les salaires des professeurs de l’enseignement supérieur ont augmenté de 60% de 2002 à 2010, passant de 175 466 FCFA à 281 095 FCFA. Les salaires nets du secondaire ont progressé de 95%, passant de 94 926 FCFA en 2002 à 185 216 FCFA en 2010. Au niveau du fondamental, les salaires ont augmenté de 98% à la même période, passant de 65 294 à 129 255 FCFA. Au même moment, les primes accordées aux professeurs d’enseignement supérieur sont passées de 13 500 FCFA à 76 000 FCFA. Au niveau de l’enseignement fondamental, ces primes sont passées de 12 500 FCFA à 29 500 FCFA".

Ce n’est pas tout. Le président ATT a également indiqué que "le taux de l’éducation au budget national s’élève à 36,83%. La masse salariale au niveau de l’éducation est en progression de 155% de 2002 à 2010 passant de 97,5% à 448,3 milliards de FCFA". Face à ses efforts du gouvernement, le chef de l’Etat a demandé aux enseignants de faire preuve de retenue, même s’il sait que leurs revendications sont légitimes. "Aujourd’hui, l’Etat ne peut pas supporter les charges des revendications des enseignants. Si, nous fermons les yeux, en prenant en charge tout ce que les enseignants nous demandent, nous serons un jour dans une situation de cessation de paiement. Chose que je ne souhaiterais pas vivre ou en être témoin".

Comme il fallait s’y attendre, le problème du Code des personnes et de la famille est revenu sur le tapis, via la question relative au mariage religieux. Certains prétendent qu’il serait interdit. A ce sujet, ATT a été également clair : "Le mariage religieux n’est pas interdit et ne saurait être le cas. Il y a mal compréhension autour de certains aspects de la question. Idem pour certains articles du Code des personnes et de la famille, ce qui a fait que j’ai renvoyé la loi à l’Assemblée nationale pour une seconde lecture, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés. Ainsi, je vais très prochainement rencontrer le Haut Conseil islamique et d’autres acteurs afin de trouver un compromis à la question  de ce Code. Pour cela, j’ai voulu attendre que la tension baisse pour que nous corrigions les lacunes, surtout celles liées à la communication".

D’autres questions, relatives au grand banditisme à Bamako et l’insécurité au Nord-Mali et dans la bande sahélo-sahélienne, ont été également abordées par les journalistes. Sur le premier point, le chef de l’Etat a indiqué que "les Maliens ne connaissaient pas ce phénomène de grand banditisme, avec comme corolaire des crimes crapuleux et odieux" qui selon lui, "nous viennent d’autres cieux". Face à ce phénomène, il a déclaré avoir donné des moyens aux forces de l’ordre, tout en renforçant leur capacité d’intervention pour mettre fin à cette pratique. "Pour corroborer ce que je viens de vous dire, j’ai récemment mis à la disposition de nos forces de l’ordre 150 véhicules 4×4 et formé des unités spéciales pour qu’ils puissent faire face au grand banditisme" a-t-il indiqué.

S’agissant de l’insécurité au Nord-Mali et dans la bande Sahélo sahélienne, le président ATT a soutenu qu’ "il y a maintenant de l’accalmie, grâce à la synergie d’action dégagée par tous". Avant de soutenir que "des mesures sont en train d’être prises pour éviter ce qu’on a vécu. J’ai récemment présenté un plan d’intervention à nos partenaires, pour qu’ensemble nous conjuguions nos efforts pour le retour définitif de la sécurité dans la bande Sahélo Sahélienne. Sans cela, il va être difficile pour nous de faire face au phénomène. C’est pourquoi, j’ai toujours soutenu l’idée de la tenue d’une rencontre internationale sur la question. La présence des forces de l’ordre, le retour de l’administration et la sécurité des populations sont une obligation pour nous. Conscient de cela, j’ai mis sur pied une cellule point focal à côté de moi, à la présidence, en plus de l’Office national de répression contre le trafic de drogue et le terrorisme. Ainsi, nous allons tout mettre en œuvre pour combler les insuffisances, surtout juridiques, pour aller à une lutte plus coordonnée contre ces pratiques".

La sempiternelle question de troisième mandat est revenue lors des débats. A ce sujet, ATT a indiqué qu’il est vraiment fatigué de dire qu’il n’est pas candidat en 2012. A propos de la transformation du Mouvement Citoyen en parti politique, il a laissé entendre que «l’heure est vraiment venue pour ses compagnons d’aller dans cette voie. A la question de savoir s’il serait membre de ce parti. ATT a indiqué qu’il répondra à cette question après le 8 juin 2012.

Des sujets comme la lutte contre l’enrichissement illicite, la réforme constitutionnelle en cours, la célébration du cinquantenaire, la sécurité alimentaire, la grève des travailleurs de HUICOMA et le changement climatique ont également fait l’objet des questions des journalistes. Concernant l’enrichissement illicite, le président ATT a fait savoir que des dispositions sont en train d’être prises pour le changement des systèmes de gestion, surtout au niveau des Directions administratives et financières (DAF) pour une gestion rigoureuse des biens de l’Etat.

 S’agissant de la réforme constitutionnelle en cours, le chef de l’Etat a indiqué qu’elle fera l’objet d’une large diffusion, pour sa compréhension, indispensable à son adoption. Quant à la célébration du cinquantenaire, il a estimé que le montant proposé, pour l’organisation de cette fête nationale (7 milliards de FCFA) est vraiment trop et qu’il faut le revoir à la baisse. En ce qui concerne la sécurité alimentaire, ATT a soutenu qu’il faut une meilleure gestion des productions, au profit de tous.

De la grève des travailleurs de HUICOMA, relative au paiement des salaires, le chef de l’Etat a indiqué que des solutions sont en voie d’être trouvées. Enfin, concernant le changement climatique, ATT a plaidé pour le changement de comportement, face à l’environnement.

Auparavant, avant les débats, le président ATT, dans ses propos préliminaires, avait fait une sorte de bilan des actions qu’il a menées, de Kayes à Kidal. Un bilan qui touche tous les domaines de la vie : santé, éducation, équipements collectifs, aménagements hydro agricoles, armée, eau et énergie, logements sociaux et j’en passe… La liste est loin d’être exhaustive. Bref, il s’agit des "actes de nos progrès vers la prospérité pour continuer à aborder l’avenir en confiance", pour reprendre les termes de Seydou Cissouma, Conseiller à la communication du président ATT, l’éditorialiste du journal "Le Contrat". 

      Alassane DIARRA

 

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