ATT en avait gros sur la patate

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Les Maliens croyaient que Sa Majesté n’est pas un homme de « rupture », que le remaniement ministériel était relégué aux calendes bamanans. Erreur !

Contrairement aux sources officielles, ce n’est pas le Premier ministre, qui aurait présenté sa démission et celle de son gouvernement, au président de la République. Mais c’est plutôt ATT qui a mis les ministres devant le fait accompli en les remerciant, à la fin du Conseil des Ministres, pour le « travail accompli ». Cela s’appelle une dissolution. Il a fallu y mettre la forme, peu après.

Cela a tout l’air d’un limogeage du gouvernement. Ce geste, pour le moins brutal, s’explique par plusieurs raisons : les séries de scandales dans lesquels le gouvernement Modibo Sidibé s’est trouvé empêtré, l’imminence du calendrier électoral, la nécessité de donner une nouvelle impulsion à l’action gouvernementale…

Gros sur le cœur

Si Sa Gracieuse Majesté a brusqué la dissolution du gouvernement, c’est qu’il devrait, non seulement, en avoir gros sur la patate ; mais surtout, vouloir quitter Koulouba par le grand portail…noir. Son discours, à l’occasion de la remise du dernier rapport du Vérificateur général, en dit long sur son état d’âme. « Je ne dirais pas que je suis déçu mais j’ai été touché par les polémiques autour du Bureau du Vérificateur général. Polémiques entre le Vérificateur et ses collaborateurs, polémiques entre le Vérificateur et les vérifiés, polémiques autour de certains termes… », a-t-il martelé devant un parterre de personnalités, présentes à cette cérémonie. On se tromperait en disant que ce sont là des piques adressées à Sidi Sosso Diarra. Elles sont adressées à tout le monde, y compris les membres du gouvernement. Et elles traduisent les sentiments d’un Président qui découvre l’hypocrisie de ses amis et proches, réputés comme les plus fidèles des… fidèles.

On avait tendance à croire que le président ATT ne se fâche jamais, ne garde pas rancune, quel que soit le problème. Il garde, toujours, sa bonne humeur. Ce qui ne signifie pas qu’il a oublié le coup de poignard qu’il a reçu dans le dos. Le scandale du Fonds mondial, la sortie ratée du gouvernement contre le Bureau du Vérificateur général, la gestion cahoteuse de la question scolaire, la difficulté à traduire en actes concrets le PDES (les Maliens continuent toujours de se demander si le PDES prend en compte la réalité de leur vécu quotidien), la difficulté à faire passer les réformes envisagées, l’ampleur de la corruption malgré les garde-fous…

Plusieurs fois, le Président ATT est intervenu, lui-même, pour calmer le jeu. Sans oublier le fait que les ministres au gouvernement, étaient plus préoccupés par leur avenir politique que par la mise en œuvre du Programme de Développement Economique et Social de Sa Majesté. Face à la polémique sur un troisième mandat ou prolongement de mandat, entretenue par son propre entourage, ATT s’est montré agacé. « Je ne sais pas comment ils vont prolonger mon mandat. Je ne sais pas ce que cela veut dire de prolonger un mandat (…) Pour moi, mon mandat finit le 8 juin 2012. Ils n’ont pas besoin de mobiliser qui que ce soit. La seule personne qu’il faut mobiliser, c’est moi-même, et je suis d’avis que le mandat finit le 8 juin et qu’il faut partir le 8 juin …», confia-t-il au journal « Les Afriques ».

Déçu par les hommes, ATT s’en remet, désormais, aux femmes. Une femme, chargée de piloter le navire ATT jusqu’en avril 2012, date prévue pour la présidentielle.

Rodrigue

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