Après la réélection de Amadou Toumani Touré et son investiture le 8 juin 2007, il nomma Modibo Sidibé comme Premier ministre.
Réputé sérieux, gros travailleur et ayant le sens de l’anticipation, celui qu’il convient d’appeler désormais l’ex-Premier ministre aura passé 4 ans à l’hôtel de la Primature, soit deux ans de moins que le Châtelain de Sébénikoro Ibrahim Boubacar Kéita (1994 – 2000) en terme de longévité pour un PM à la Primature. Sa gestion fut mi – figue mi – raisin, et n’a pu, par moments, discipliner les membres du gouvernement. De constat, des ministres, très proches de ATT, outrepassaient l’orthodoxie gouvernementale dans l’exercice de leurs missions en contournant le Premier ministre dans certaines prises de décisions. Mieux, il fut mis sous l’éteignoir par ATT soucieux de la réussite de son PDES. C’est dans cette situation chaotique que l’ex-PM a jeté l’ancre du navire battant pavillon « Made Modibo Sidibé ». S’il est candidat, il aura en face un Soumaïla Cissé aguerri par sa bonne gestion à la Commission de l’UEMOA et un Dioncounda Traoré qu’il ne faut pourtant jeter en pâture pour la présidentielle à venir.
Le soutien à Modibo Sidibé ne sera pas un cas de conscience pour les Maliens. Sociabilité zéro doublé d’un piètre communicateur, voilà, résumé l’homme annoncé par certains comme le poulain du chef de l’Etat. La promesse de ATT ? Hélas ! Cette promesse aurait peut-être été tenue par ATT à d’autres candidats. Qui sait ?
Pour preuve, la nomination de Mariam K. Sidibé prouve si besoin en est que ATT est bien versatile dans ses choix. Donc la partie est bien difficile pour Modibo qu’on y croit surtout que le courant ne passe pas régulièrement entre lui et les cadres du PDES. Donc 2012 est plus ouvert qu’il n’y parait.
Concernant sa gestion proprement dite, l’ancien Premier ministre n’a pu se faire respecter sur le front scolaire. « Il nous trouvera sur son chemin » disait cet enseignant désabusé. Dans la résolution de l’irrédentisme touareg, c’est ATT qui a dû s’employer en usant de toute son ingéniosité pour que la paix revienne dans le septentrion malien. Dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, pas un seul procès dans ce sens encore moins d’emprisonnement. Pour la mobilisation des fonds à l’échelle internationale, Modibo n’avait pas l’étoffe d’un Pinochet rompu à ce genre d’exercice. Pour ce qui est des prises de décisions macro-économiques, l’échec de « l’Initiative riz » a fini de mettre à nu les carences d’un homme pourtant habile dans l’anticipation. Vu sous ces angles, Modibo a laissé des arrières goûts amers. C’est compte tenu de ce tableau somme toute sombre que des cadres hésitent pour soutenir sa candidature.
Mais le masque n’est pas encore tombé sur cette candidature. Mais Modibo doit réfléchir par mille fois avant de se lancer dans cette aventure coûteuse et souvent déshonorante. Cela est s’autant plus vrai que ATT lui-même a dû avoir le soutien de l’ADEMA, du CNID, de l’URD, du MPR, de l’UDD, pour se défaire de IBK en 2007. En 2002, c’est le Groupe Espoir 2002 et l’ADEMA qui l’ont accompagné dans sa marche difficile vers Koulouba face à Soumaïla Cissé. Or, ces partis ont une existence propre, c’est-à-dire qu’ils ont été créés pour la conquête du pouvoir et non soutenir sans discontinuer un Indépendant. Pis, ATT n’est pas Modibo. Il ne doit pas compter sur l’effet ATT, mais sur ses propres forces et son aura pour faire bonne figure. Car tous ceux qui crient après lui n’ont pas une grande capacité de mobilisation. Attention Modibo !
Donc si sa déclaration de candidature est très attendue, elle est aussi jonchée d’embûches et parsemée de pièges. La prédestination divine existe pour rentrer dans l’histoire. Mais Modibo est sur des braises ardentes face à son propre destin.
Issiaka Sidibé