Affaire du Ministre Ahmed Sow : Le nouveau ministre victime de son patriotisme ?

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Depuis un certains temps, des journaux de la place se font l’écho d’une certaine enquête ouverte par l’Office Européen de Lutte contre la Corruption (OLAF) à l’encontre du nouveau ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, ancien directeur du CDE, basé en Belgique. Afin de couper court à toutes les spéculations relatives à cette affaire, le gouvernement du Mali a rencontré le vendredi dernier l’ensemble de la presse nationale et les représentants de la presse internationale à la Maison de la Presse. C’était lors d’une conférence de presse animée par le ministre lui-même, principal concerné dans cette affaire et le ministre Chargé des Relations avec les Institutions, porte-parole du Gouvernement, Mme Diabaté Fatoumata Guindo.

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Au cours de la rencontre, le conférencier a donné tous les éclairages et précisions nécessaires pouvant conduire à la compréhension de l’affaire dans toutes ses composantes.En fait, il s’agit de l’enquête diligentée par l’OLAF à l’encontre de la Direction du CDE, créé le 28 avril 1999 à la suite à la démission de la commission centrale dont Mme Gessou faisait partie. Il s’agit d’un service international de la Commission de l’Union européenne placée sous l’autorité du vice-président de la commission responsable des affaires administratives, de l’audit et de la lutte contre la fraude. Ce n’est pas une juridiction comme il a été donné à croire. Mais d’une administration de contrôle concernant l’enquête diligentée. Une précision assez importante pour le ministre Ahmed Sow qui a d’abord relaté les faits avant de rapporter les facteurs explicatifs.

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Concernant les faits, l’ancien responsable du CDE affirme que tout remonte au 28 mars 2007. Date à laquelle une équipe d’enquêteurs de l’OLAF s’est présentée au CDE afin de l’auditionner dans le cadre d’une enquête administrative suite à des allégations anonymes dont certaines seraient relatives à un possible conflit d’intérêts. Par souci de transparence, l’ancien directeur du Centre a, malgré l’accord de siège entre le royaume de Belgique et le CDE qui stipule dans son article 2 que les locaux du CDE sont inviolables, autorisé les enquêteurs à faire leurs investigations. Pourtant le problème n’allait pas se poser si le diplomate s’était référé à l’accord de siège qui n’autorise pas les enquêteurs de franchir l’entrée au CDE.

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Confiant dans son bilan jusque-là, l’homme n’a point voulu fermer l’enquête (un pouvoir que lui confèrent l’Accord de Cotonou et l’accord de siège entre le royaume de Belgique et le CDE) chose qui, en fait, pouvait donner cours aux spéculations qui allaient déjà bon train. Si le dossier était fermé il n’y a que le directeur du CDE qui pouvait permettre à des organismes tiers de venir enquêter. Sauf s’il y a un fait avéré et qu’un juge le demande.  Dans ce cas les enquêteurs ne pouvaient pas le faire. Il a autorisé les enquêteurs qui ont fait leur travail mais n’ont eu qu’à copier des dossiers et des disques durs de certains ordinateurs dont celui de M. SOW.

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Après des prises d’auditions des agents, y compris M SOW lui-même, les enquêteurs ont conclu à la nécessité de vérifier et de recouper certaines informations parce qu’ils avaient estimé avoir trouvé des fichiers à écouter. Le 7 mai, suite à leur demande, M SOW s’est rendu dans les locaux de l’OLAF pour une audition malgré les dissuasions de l’avocat du CDE pour qui, en sa qualité de directeur, M. Sow n’avait pas à se plier à cette demande. Qui est synonyme d’une violation de son propre statut diplomatique. Qu’à cela ne tienne ! M Sow affirme qu’il avait gros sur le cour à tel point qu’il s’est rendu dans les locaux de l’OLAF pour que la lumière soit faite. Parce que les enquêteurs disaient qu’ils avaient trouvé des fichiers informatiques qui établiraient que M Sow serait actionnaire de certaines sociétés qui auraient des subventions du CDE.

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Trois sociétés ont été citées à cet effet. Il s’agissait de Fitina et SOCEM au Mali et PMC au Sénégal. Mais lorsque l’homme a demandé de mettre ces fichiers à sa disposition pour qu’il fournisse lui aussi ses explications, la réaction des enquêteurs a été toute autre. Ils ont refusé, sous prétexte de préservation de leurs sources. Mais ils ont dit qu’ils allaient en référer à leur hiérarchie pour voir la suite. C’est ainsi que le 14 Mai M Sow a reçu un courriel laconique d’un des enquêteurs lui disant qu’il sera informé de l’enquête. Le 14 août 2007 il a également reçu une lettre de l’OLAF lui demandant de rencontrer les enquêteurs à Bamako où ils s’étaient rendus pour poursuivre leur enquête. Mais, a rappelé M Ahmed Sow, le 26 juin il avait présenté sa démission à la direction du CDE pour se mettre à la disposition de son pays. A la date du 30 août 2007 son avocat a adressé la réponse à la demande de l’OLAF de rencontrer les enquêteurs à Bamako. Résultat : il en ressort que l’OLAF n’a fourni aucun élément probant pour étayer les dénonciations anonymes.

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Parlant des facteurs explicatifs

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Le conférencier affirme qu’en janvier 2006, il a demandé à un expert indépendant de faire un diagnostic du système informatique, qui était très peu performant, alors que le service informatique du CDE avait demandé de mettre 2 millions d’euros soit 1,350 milliard de francs CFA pour moderniser ce système informatique et constituer un réseau entre le siège et l’ensemble des antennes qui sont dans les 78 pays ACP et les 25 pays de l’Union Européenne. Constat au bout d’un an : rien il s’est rien passé de déterminant dans ce cadre là. Sur la base de cette évaluation le directeur d’alors (Ahmed Sow) a demandé au Conseil d’Administration qui l’a autorisé de relever le Chef du Service Informatique de ses fonctions en avril 2006. Et il l’a mis dans un service transitoire.  Parce qu’effectivement il ne servait à rien de garder un Chef qui gaspille un tel fonds sans résultat et sans souci.

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A cette décision de mise dans un service transitoire, le Chef du service informatique  a saisi son avocat qui a  demandé une   procédure de conciliation. Le conciliateur qui a été choisi a rejeté sa demande et a déclaré conforme au règlement la décision prise par la direction du CDE. A la fin de l’année 2006, affirme M SOW, le chef remercié a adressé une lettre anonyme à l’OLAF pour accuser la direction du CDE de certaines malversations. Il a, dit-il, affirmé qu’en tant que chef de service informatique, il avait droit à certaines statistiques. C’est pourquoi il a rassemblé toutes les statistiques et fait des ratios avec.

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C’est ainsi qu’il s’étonne qu’un pays comme l’Afrique du Sud qui a 25 fois plus d’entreprises que le Mali et le Nigeria qui a 20 fois plus d’entreprises que le Mali puisse avoir moins d’assistance du CDE que notre pays. Et M. SOW d’affirmer que le Chef du Service informatique aurait dans son raisonnement estimé que depuis la nomination d’Ahmed Sow à la tête du CDE, ce sont les entreprises maliennes qui reçoivent le plus d’assistance. Et qu’il y a certaines entreprises maliennes qui ont reçu 2 ou 3 assistances et que lui (l’ancien chef du service informatique) a vu des correspondances qui montraient que le directeur (Ahmed Sow) serait partie prenante.

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C’est à partir de là, ajoute le conférencier et principal accusé dans cette affaire, qu’on dit que de faire une enquête administrative. « Il n’y a rien d’autre derrière cette affaire qu’une démonstration d’un ancien collaborateur que j’ai mis de côté », explique-t-il, avant d’ajouter ceci : « Effectivement si le Mali a eu un plus grand nombre d’assistance que l’Afrique du Sud ça déclenche automatiquement une enquête pour savoir si en tant que directeur du CDE j’ai respecté les procédures ou si je n’ai pas contourné les procédures pour favoriser les entreprises maliennes ». Pour Ahmed Sow ce qui n’est pas un fait nouveau, pour qui connaît l’histoire de son institution. C’est vrai que plus d’entreprises maliennes ont connu le CDE quand j’en suis devenu le directeur.

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Et le fait qu’elles aient bénéficié de plus d’assistance, cela pouvait susciter une enquête, car mes collègues, lorsqu’ils reçoivent d’une entreprise malienne une requête, ils se disent « Si je traîne sur ça et que le directeur apprenne…., sans que je leur demande de faire quoi que ce soit, ». Et cela explique pourquoi les entreprises maliennes ont reçu plus d’assistance du CDE. Ce qui n’est d’ailleurs pas un ait nouveau dans l’histoire de l’institution. En 2000, lorsque M Charmant, venant des Iles Fiji, était directeur du CDE, la part de la région Pacifique par rapport aux interventions du CDE était de 30%. Aujourd’hui cette part est de 10%. Lorsque le Portugais Mathias Rosa était directeur général du CDE, les cofinancements, les partenariats entre les entreprises portugaises et les ACP étaient au même niveau que les partenariats avec les entreprises françaises.

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Aujourd’hui cela est de l’ordre de 1 à 3%  en faveur des entreprises françaises. L’OLAF a fait ses investigations qui ont prouvé que durant les investigations en Belgique, rien de probant n’a été établi. En fait il s’agit d’entreprises sénégalaise et maliennes, il faut qu’ils ailent au Sénégal et au Mali. Et là le problème qui se pose est un problème juridique, alors que l’OLAF était un organe administratif : il n’y a pas d’accord qui leur permette de venir faire des investigateurs auprès des entreprises maliennes et de notaires maliens. Au Sénégal les enquêteurs ont contourné la justice en déclenchant un contrôle fiscal. Si au Sénégal les enquêteurs n’ont rien trouvé de probant concernant le Cabinet PMC, il faut rappeler qu’ils se sont jamais rendus au Mali. Contrairement à ce qui a été distillé à travers la presse locale. Sur ce plan, le conférencier se dit plus que jamais clair, car « nous étions en train de chercher les voies et les moyens pour que l’OLAF puisse venir rapidement, moi je le souhaitais avant d’entrer dans le gouvernement », a-t-il déclaré. Concernant les supposées sociétés dont on l’estime être un sociétaire, Ahmed Sow met quiconque au défi d’apporter les preuves. « On connaît des notaires chez lesquels les entreprises ont été créées, allez-y voir ces notaires et demandez si M SOW est actionnaire dans une de ces sociétés », a-t-il demandé.

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Tout en déplorant toute une campagne de dénigrement d’une race d’hommes politiques à son encontre, M Sow pense qu’il ne mérite pas cela. D’autant plus que durant son séjour au CDE, son souci a toujours été d’honorer le Mali. Toute chose que l’homme aura réussie. Pour preuve, c’est sous sa direction que le CDE a été félicité pour la transparence de sa gestion, l’amélioration des procédures et de la productivité du centre. Par rapport à sa gestion l’homme s’est inscrit  en faux contre toute allégation faisant état d’une gestion incriminée de sa part.    Il a réussi à faire de l’institution la seule institution internationale qui a obtenu et maintenu la certification ISO 9001. C”est-à-dire que le CDE a une qualité managériale comme les plus grandes entreprises internationales. Cette certification est d’ailleurs le rêve de toute entreprise qui cherche à aller de l’avant. Sous la direction du diplomate malien, le CDE a connu ses vrais moments de gloire. En 6 mois l’institution a pu utiliser la totalité de son budget opérationnel. Cela est un réel exploit (quand on sait qu’on accuse des Institutions internationales de ne pas  utiliser leur fonds, tout en diminuant les frais de fonctionnement), de faire en sorte que nous ayons utilisé la totalité de notre budget en 6 mois. Par rapport aux rumeurs mettant en rapport l’ouverture de l’enquête et sa démission, le conférencier a affirmé que sa démission a été mûrement réfléchie depuis le mois de décembre 2006. Et qu’elle a été motivée par une analyse d’opportunité. « J’avais un mandat unique qui prenait fin en février 2010 j’aurais pu attendre 57 ans. Il y avait des opportunités qui se présentaient aussi bien sur le plan public que sur le plan privé.

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« Quand je me  décidais à partir, je ne pensais pas forcément à une fonction gouvernementale. Je pouvais travailler dans les entreprises. J’ai passé 15 ans dans le CDE à aider des entreprises à se créer et à se développer. Qu’est ce qui m’empêchait de créer mon cabinet d’affaires et gagner dix (10) fois plus qu’un ministre ? La vie ne se résume pas à la politique ; j’ai pris ma décision de partir à cause de deux contraintes : c’est qu’il y a eu un conseil d’administration le 25 et 26 juin et le prochain Conseil d’administration était prévu pour le 29 et 30 novembre. Et je voulais partir sinon il fallait attendre jusqu’en novembre. Il est vrai qu’après avoir passé 24 ans dans l’international j’avais envie de rentrer dans le pays. J’ai fait 30 ans à l’extérieur ; à un moment donné on accumule une certaine expérience et on se dit il est temps de rentrer. Je dois dire que mon  choix  a été dicté par mon désir de me mettre à la disposition de mon pays. J’avais eu la chance d’échanger avec le président de la République Amadou Toumani Touré, d’apprécier son amour pour le pays et sa volonté de réduire la pauvreté de nos populations. Et il est vrai que j’avais eu l’opportunité de participer à la rédaction du PDES. J’ai une réelle volonté et un sincère plaisir d’apporter ma contribution à la mise en ouvre du PDES. Le conférencier a ensuite répondu aux différentes questions posées par les confrères.     

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Markatié Daou

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COMMUNIQUE DE PRESSE DU CONSEIL D’ADIMISTRATION DU CDE

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Le Conseil d’Administration du CDE (Centre pour le Développement de l’Entreprise), institution ACP-UE de l’Accord de Cotonou, réuni en session ordinaire les 25 et 26 Juin 2007 en son siège à Bruxelles, a pris connaissance de la demande du Directeur de l’institution de quitter prochainement ses fonctions. Le Directeur a motivé cette décision par sa volonté de se mettre à la disposition de son pays d’origine, le Mali. Le Conseil d’Administration tient à adresser ses remerciements au Dr. SOW pour les réformes et la modernisation qu’il a initiées au cours de ses deux ans et demi à la tête de l’institution. Les qualités managériales, la vision et l’engagement du Dr. SOW ont permis : (i) d’amorcer l’amélioration de la productivité du CDE permettant ainsi au Centre d’engager la totalité de son budget opérationnel dès juillet 2006, (ii) de réduire les coûts de fonctionnement, ce qui a permis d’améliorer le ratio opérationnel du Centre, (iii) d’établir des procédures standardisées ( avec l’obtention et le maintien de la certification ISO) et transparentes, pour ne prendre que quelques exemples.Le Conseil d’Administration souhaite au Dr Hamed SOW plein de succès dans sa future carrière.                                                                                         

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Bruxelles, le 27 Juin 2007                                                                                     

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Le Conseil d’Administration du CDE

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