La principale décision prise à l’issue du dernier conseil des ministres est l’abrogation du décret de nomination de tous les directeurs administratifs et financiers communément appelés DAF. La décision a surpris plus d’un au moment où ces cadres très puissants, étaient devenus -pour certains- inamovibles.
Le président de la République a mis fin aux fonctions de tous les DAF- directeurs du matériel et du personnel pour certains – à l’issue du dernier Conseil des ministres. Leur décret de nomination a été purement et simplement abrogé. Des recrutements auront lieu dans les prochains jours afin de pourvoir les postes laissés vacants par les partants. Cette fois-ci, a-t-on appris, assortis de conditions plus rigoureuses et plus professionnelles. Les postulants à ce poste devront subir une enquête de moralité et satisfaire à d’autres critères avant de se voir recruté au sein d’un quelconque département.
Le président de la République à travers cette mesure entend assainir notre administration en mettant en fin à ce qui peut être considéré comme la racine de la corruption et des “affaires”, à savoir les directions administrative et financière d’où partent toutes les magouilles et autres malversations tant décriées par l’opinion nationale et maintes fois dénoncées par le vérificateur général et les autres services de contrôle dans leurs rapports respectifs.
Avec cette mesure, il est clair que le président de la République – qui les avait mis en garde contre certaines pratiques des DAF – vient de mettre un terme aux ambitions des nouveaux ministres qui vivent en ce moment une véritable désillusion. Car, il ne faut pas se voiler la face la plupart ont accepté d’être ministre pour une année uniquement dans le but de pouvoir s’enrichir un peu avec la complicité de leurs DAF. On dit d’ailleurs que certains avaient déjà commencé à percevoir le fameux “frais d’installation” de la part de leur chef de service financier. Un montant dont la perception est devenue une règle pour chaque nouveau ministre rentrant auquel le DAF octroie la faramineuse somme de 10 à 20 millions pour lui permettre de s’installer, c’est-à-dire se faire une nouvelle garde-robe, changer son train de vie, s’assurer un certain nombre de petites commodités.
La même mesure inquiète énormément certains ministres sortants qui – déjà agacés par leur sortie du gouvernement- se voient obligés depuis mercredi dernier de boucher des trous béants laissés à leurs DAF respectifs. Une situation qu’ils croyaient pouvoir gérer avec le temps et la complicité de ces derniers. Lesquels sont obligés désormais de boucher rapidement -d’abord- leurs propres trous. D’où la panique totale qui vient de s’installer au sein de ces services et chez certains chefs de département. En plus, l’information selon laquelle des enquêtes seront diligentées sur la gestion de tous les DAF n’est pas faite pour arranger les choses quand on sait que certains ont l’habitude d’octroyer illégalement des prêts à des amis commerçants à hauteur de millions à chaque ouverture de crédit. Ces prêts -s’ils sont remboursés- le sont la plupart du temps dans des conditions très obscures.
C’est tout cela qui sera passé au peigne fin, nous a-t-on dit. Car selon des sources concordantes et proches du Chef de l’Etat, même s’il ne l’a pas dit lui-même, il fera dépêcher par les services de contrôle très prochainement des missions au sein de tous les départements afin de s’enquérir de la situation réelle des caisses au niveau des ministères. De quoi faire pousser des cheveux blancs chez certains.
Affaire à suivre…
Moussa Touré