En prenant à contre pied le peuple malien qui attendait une rupture totale avec les 20 ans de démocratie de façade, IBK se met tout seul la pression. Avec ce gouvernement de ressuscités qui contraste avec l’espoir suscité par la nomination de Tatam Ly, le Président de la République se met tout seul la corde au coup, car n’ayant plus droit à une seconde chance. Coincé entre IBK, les militaires et les religieux, la marge de manœuvre du premier Ministre semble très restreinte. Est-il un PM de façade, genre Mme Sidibé Mariam Kaïdama ?
La configuration du premier gouvernement du président Ibrahim Boubacar Keita porte à croire que Oumar Tatam Ly est loin d’avoir le gouvernail que lui, il avait sous Alpha. Dans la posture d’un bouc émissaire idéal, le jeune Banquier doit comprendre qu’il est entouré de brisquards dont certains n’ont pas laissé que de bons souvenirs. Un simple coup d’œil sur la liste qui ne comporte que des vieux copains du boss, permet de se rendre compte que le premier Ministre est sur une poudrière dont le détonateur est entre les mains du Président de la République. Acceptera-t-il d’être un comptable d’une gestion qui le dépasse ? Le connaissant peu, il est difficile de répondre à cette question. Dans tous les cas, au Mali, l’intervention du Premier Ministre se situe d’ailleurs à tous les niveaux de l’action gouvernementale : nomination des membres de l’équipe gouvernementale, définition des objectifs, impulsion, coordination, prise de décisions, suivi de l’exécution de la politique gouvernementale. Politiquement, le Premier ministre incarne aux yeux de tous, l’action collective du gouvernement.Cela passe par le choix des hommes de confiance, même si tout cela se passe en étroite collaboration avec le président de république à qui le dernier mot revient.
Sachant bien que ces attributions constitutionnelles du chef de Gouvernement sont loin d’être respectées au Mali, il revient à Oumar Tatam Ly de se montrer ferme sur certains aspects pour se faire respecter afin qu’il ne soit pas un PM de façade. Même s’il a ses hommes (une chose dont nous doutons), ils ne sont pas aux postes stratégiques. Face à Boubèye, Tereta et autres, il y a de forte chance que son quotidien ne sera pas un long fleuve tranquille.
Lamine Diallo