Gouvernement Moussa Mara : Les questions qui taraudent

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Moussa Mara
Moussa Mara nouveau PM

Avec l’équipe gouvernementale qui vient d’être mise en place, le Mali se donne-t-il des chances réelles de voir le bout du tunnel ? Les 31 hommes et femmes choisis par IBK ” sur propositions ” du Premier ministre Moussa Mara feront-ils mieux que l’équipe d’Oumar Tatam Ly, qui semblait prise dans la gadoue ces sept derniers mois ? Ce sont-là des questions que le Malien lambda se pose depuis le samedi 11 avril dernier, après la formation de ce gouvernement qui porte en réalité la seule marque du président de la République.

 

L’ancienne équipe gouvernementale dirigée par le Premier ministre Oumar Tatam Ly était forte de 34 membres. La nouvelle compte 31 ministres. Certains observateurs et les partenaires techniques et financiers avaient souhaité que le Mali, un pays encore en crise, se dote d’un cabinet restreint avec au plus 25 portefeuilles. Le véritable architecte du gouvernement, Ibrahim Boubacar Kéita, ne l’a pas entendu de cette oreille. Il n’a pas eu la main heureuse lui permettant de faire un casting qui laisse à quai les ministres au pedigree particulier.

 

Ainsi, Moustapha Ben Barka, un neveu du chef de l’Etat, a vu son portefeuille de ministre délégué chargé des investissements étoffé avec l’industrie. Le parcours de ce jeune homme de 36 ans, qui ne maîtrise pas les rouages de l’administration et les impératifs des investissements, le prépose-t-il à élaborer la politique d’industrialisation du Mali ? A poser les jalons de la relance des investissements dans un pays meurtri par la crise de 2012-2013 ? On peut en douter. Que dire de son collègue des Mines, Boubou Cissé, autre proche du président, qui a promis l’audit des sociétés minières, une opération dont on n’a aucune nouvelle depuis son annonce fracassante.

 

 

 

Ces interrogations peuvent se répéter à loisir concernant des ministres comme Hamadoun Konaté, le beau-frère du chef de l’Etat (décidément!), qui s’adjuge le ministère de la Solidarité, de l’action humanitaire et de la reconstruction du nord ? Il aura au moins la chance (c’est le cas de l’écrire) de gérer les juteux contrats de reconstruction des infrastructures dans le septentrion malien.

 

 

Ces exemples illustrent le fait que le gouvernement Moussa Mara n’a pas tenu compte des aspirations au changement des populations. Un petit tour dans les “grins” de la ville de Bamako révèle la déception des citoyens. Comment comprendre que les dirigeants ne tiennent pas compte des critiques formulées par les divers corps sociaux dans la composition de l’équipe gouvernementale? Par exemple, la confirmation du très contreverséMohamed Ali Bathily au ministère de la Justice en le renforçant avec les Droits de l’Homme est un pied de nez manifeste  à la famille des magistrats. Ce ministre, qui est la deuxième personnalité du gouvernement après le Premier ministre, entretient depuis plusieurs mois des relations exécrables avec le corps de la magistrature. C’est là aussi la preuve que le chef de l’Etat n’est pas à l’écoute de son peuple. Sinon, comment concrétiser la politique criminelle de l’Etat quand les magistrats du parquet et le ministre de la Justice se regardent en chiens de faïence ? C’est un euphémisme de dire qu’il y a aujourd’hui une crise de confiance aiguë entre Me Bathily et de nombreux hauts magistrats. Le récent report sine die des Assises de la Cour d’Appel de Bamako en est la parfaite illustration.

 

 

En dehors de ce mauvais casting, on peut relever que le gouvernement dans lequel le Premier ministre Moussa Mara n’a pu placer un seul ministre, regorge de compétences.

 

 

Ainsi, la nomination d’Ousmane Sy à la Décentralisation et à la Ville est saluée comme un bon choix heureux. L’homme possède une expérience avérée dans ce domaine et peut aider le Mali à mettre en œuvre sa politique de cohabitation d’un Etat fort avec des collectivités renforcées.

 

 

De même, le maintien d’Abdel Karim Konaté au Commerce (qui doit faire tout pour faire baisser les prix des denrées alimentaires), de Soumeylou Boubèye Maïga à la Défense, l’arrivée de Abdoulaye Diop à la tête de la diplomatie malienne, Mme Bouaré Fily Sissoko à l’Economie et aux finances,

 

 

 

Zahabi Sidi Ould Mohamed à la Réconciliation nationale et Bocary Treta au développement rural sont, entre autres, des choix jugés pertinents. Chacune de ces personnalités a fait ses preuves et d’autres affichent des parcours qui cadrent avec le portefeuille concerné.

 

Au-delà de ces constats, c’est l’intégrité et la ferme volonté de servir le Mali qui doivent inspirer les ministres de la République. Ils doivent être conscients que le pays a déjà perdu assez de temps sur le chemin du redressement. Et l’instabilité gouvernementale n’est pas pour faciliter les choses ; puisque on reprend tout quasiment à zéro. C’est en cela que le président de la République et son Premier ministre doivent tout mettre en œuvre pour sauvegarder de bons rapports à la tête de l’exécutif.

 

Or, il est à craindre que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les dysfonctionnements et l’absence de marge de manœuvres évoquées par l’ex-Premier ministre Oumar Tatam Ly refassent surface. Jusqu’où, en effet, Moussa Mara, un leader politique, peut-il jouer le rôle d’exécutant ou de figurant à la tête d’un gouvernement au sein duquel il n’a de prise sur aucun ministre ? Comment le supposé chef du gouvernement face à des ministres visiblement plus puissants que lui ? Ce sont là des questions auxquelles le duo IBK-Mara ne manquera pas d’être confronté.

Bruno D SEGBEDJI

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4 COMMENTAIRES

  1. Il place ces jeunes et proches à ces postes stratégiques pour piller un pays à genoux ou à terre si je peux m’exprimer ainsi. Un boubou cissé qui n’était rien d’autre qu’un gestionnaire de projets sociaux au Niger et les autres, on en parle pas. Comment ces peuvent ils élaborer une roadmap de développement ou de relance à l’échelle d’un pays qui va très mal. Oh le Mali! Ils se foutent des maliens ce IBK.

  2. On n’accepte pas de poste de premier ministre sans avoir discuté au préalable des conditions et prérogatives pour mener à bien sa mission.
    Si Mr. Mara a accepté ce poste sans avoir posé ses conditions au préalable, cela veut dire:
    1.) Seul le titre de premier ministre l’interessait, ou
    2.) il a été naif et s’est fait avoir, ou
    3.) il a une estime de sois meme démesurée en pensant pouvoir controller ces vieux routards de la politique et leur montrer la voie à suivre.
    Dans tous les cas pour l’INTERET du MALI on ne peut que lui souhaiter bonne chance car il en aura besoin et le MALI mérite MIEUX.

  3. Des jeunes dans le Gouvernement, nous le voulons bien pourvu qu’ils aient les competences techniques et l’experience necessaires pour relever les defis. C’est a ce niveau que le doute subsiste dans le choix porte sur certains jeunes ministres. Nous devrons eviter d’etre ridiculises sur l’echiquier politique international pour n’avoir pas porte le choix sur des cadres qui maitrisent la matiere ou le portefeuille qu’on leur confie. La politique doit etre un parcours reconnu non pas un raccourci. Pourquoi certains cadres tres competents et honnetes tels que Koniba Sidibe ancien ministre n’ont pas fait l’objet du choix ? Alors, la competence est-elle vraiment recherchee pour sortir notre Pays du gouffre? Wait and see.

  4. Une analyse pertinente et véridique!
    Félicitations l’indépendant et à M. Bruno Djito!

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