Gouvernement Mara : Chronique d’un accouchement douloureux

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Le bouleversement annoncé n’a pas eu lieu, même si la gestation a été difficile. La pilule a été amère pour les partis politiques qui ont souffert de l’accouchement, même si l’on est en présence d’un gouvernement à dominance politique. Ainsi, le premier ministre Mara a conservé 20 ministres de l’ancienne équipe dont 11 titulaires ont été remerciés  tandis que 8 nouveaux faisaient leur entrée. On assiste à l’arrivée en force de la société civile avec 13ministres pleins alors que le Rpm recule à 10 contre 11 auparavant. Mara a mis stratégiquement à l’écart son parti, le Yélèma, dans la distribution. Il doit faire face à un sacré challenge.

 

 

Moussa Mara face à la presse partisans
Moussa Mara

 Depuis l’annonce de l’information souterraine d’un gouvernement de combat fortement réduit du premier ministre Moussa MARA pour le vendredi dernier. Ce fut le branle bas de combat dans les différents états major de partis politiques de la mouvance présidentielle. Le RPM lui-même, le parti présidentiel, n’était pas en reste.

 

 

 

Non sans une certaine angoisse, les barons et autres cadres ministrables de ces partis se demandaient dès lors à quelle sauce ils allaient être mangés. Car avec ce diable d’IBK qui ne cessait de leur en faire voir de toutes les couleurs, on n’était désormais plus sûr de rien.

 

 

 

Des proches du président de la République avaient savamment distillé la nouvelle qui est tombée véritablement comme une douche froide, faisant fléchir les espoirs et l’enthousiasme de maint candidat à la charge ministérielle. Ils ne furent pas les seuls. Car derrière il y avait une flopée de parents, d’amis et de connaissances fortement intéressés aux éventuelles retombées de la manne ministérielle attendue. Le parti majoritaire avait pris les devants, lors d’une rencontre de plus d’une heure d’horloge entre le président Ibrahim Boubacar Keita et Bocary Téréta, le secrétaire général du RPM. Dans cet entretien à hui-clos, le numéro un du parti présidentiel demandait au nom de sa formation des ministères de souveraineté, dont la Défense et la Justice.

 

 

Deux départements extrêmement sensibles en ces temps de crise du Nord, de refondation de l’armée et de lutte contre la corruption. Mais Téréta avait commis l’impair de suggérer pour occuper ce poste le nom de du Procureur de la Cour d’Appel Daniel Tessougué, l’ennemi intime du titulaire du poste Mohamed Bathily que les magistrats ne portent guère dans leur cœur. Il n’a pas été plus avancé en demandant la tête de l’inusable Boubèye Maïga, celui qui revient toujours, comme le Sphinx. A cause des chantiers de la refondation de notre armée dont le maître d’œuvre est le président de l’Asma, » à hauteur de souhait », comme dirait Ladji Bourama. Téréta pouvait dès lors difficilement plaider d’autres cas, tout aussi désespérés. Il en était désormais à souhaiter de ne pas perdre les ministères déjà acquis,  les 11 portefeuilles du précédent gouvernement.

Le message était on ne peut plus clair : c’était à Ibrahim Boubacar Keita de choisir au RPM qui il voulait faire rentrer au gouvernement Mara, comme par le passé, quand il a volontairement oublié de consulter ou d’associer la direction du parti aux moments de la formation du gouvernement Tatam Ly.

 

 

A l’occasion, IBK n’avait choisi que ceux en qui il avait confiance. Il en a été de même cette fois-ci. On n’en menait pas plus large du côté des partis alliée de première heure et des ralliés au second tour où l’heure était aux disputes pour des postes chimériques. Puisqu’on ne pouvait pas contenter tout le monde. Ce qui provoqua les frustrations que l’on peut imaginer. A l’UM-RDA et dans l’alliance IBK-2013, Bocar Moussa Diarra, le président du regroupement fut la cible favorite. Parce que l’on pensait qu’il avait « assez profité » du poste de ministre  depuis 2012 et la transition dirigée par le président intérimaire Dioncounda Traoré. Au sens de ses compagnons, il devait obligatoirement passer la main. Comme si le choix d’un ministre au gouvernement était une affaire de cooptation. Ces gens avaient oublié qu’IBK ne marchait qu’à la confiance et qu’il n’aimait pas être trimballé. Conséquence : Bocar Moussa Diarra a été reconduit à son poste de ministre de la fonction publique augmentée du Travail et de la Relation avec les Institution, un super ministère !

 

 

 

Quid de l’Adéma ? L’heure n’était pas à la fête. La question des candidats ministrables avait agité la Ruche. Tiémoko Sangaré, président par intérim la bête noire des barons qui ont de l’ambition en a fait les frais. N’avait-il pas démontré déjà en maintes occasions qu’il ne roulait que pour lui-même ?  Lui demandera-t-on encore des comptes cette fois-ci en le rendant responsable de la perte d’influence de l’Adéma dans le nouveau gouvernement et auprès d’IBK ? Toujours est-il que le parti ne progresse pas avec seulement 2 ministres : Ousmane Sy, ministre de la Décentralisation et de la Ville et Abdel Karim Konaté, le ministre du Commerce.

 

 

Le groupe des jeunes candidats à la présidentielle à laquelle appartient le nouveau PM pensaient leur tour arrivé, malheureusement pour la plupart, c’est, Housséini Amion Guindo, le président de la Codem qui a enlevé le jackpot avec le portefeuille du Sport.

 
Les autres politiques alliés, quel est leur état d’esprit après ce remaniement qui a laissé la plupart sur leur faim ? L’Alliance Pour le Mali, APM qui compte 25 députés à l’Assemblée Nationale, s’en tire à bon compte avec 5 ministres, tandis que le groupe parlementaire ex Fare-Sadi et ses 11 députés, en déliquescence au parlement a été ignoré dans la représentation gouvernementale. Le parti Sadi a été sanctionné par la volonté d’IBK de tourner définitivement la page du coup d’Etat militaire et des putschistes du 22 mars 2012 qu’Oumar Mariko s’est donné pour mission de défendre à tout prix.

 

 

A l’opposé on assiste à la résurrection de Me Mountaga Tall, le président du CNID-FYT dont on avait annoncé prématurément la mort politique après sa double défaite à la présidentielle et aux législatives à Ségou, sa ville natale. C’est le cadeau royal d’Ibrahim Boubacar Keita à son intention. Ce dernier, alors qu’il était premier ministre d’Alpha, avait orchestré sa défaite en 1997 aux législatives dans la cité des balanzan, parce qu’il était, l’un des leaders emblématiques du Coppo, l’opposition radicale.

 

 

C’est sans doute un symbole de la volonté du Kankélétigui de réhabiliter la politique et les politiques dans une démocratie apaisée.

Il reste à Moussa Mara le challenge de conduire à bon port un attelage parmi lequel de vieux routiers de la politique qui étaient aux affaires alors qu’il était bébé !

 

 

La mayonnaise  de la discipline, de la cohésion et de la solidarité gouvernementale doit prendre. Mara doit savoir y faire dans l’efficience et l’efficacité, en faisant respecter son autorité. Il est conscient de l’enjeu. Il en a déjà donné fermement le ton, avec le style qui est désormais le sien ( sérieux, convivialité et respect) lors de la première réunion le dimanche 13 avril à la Primature de l’équipe au grand complet, à qui il a fait percevoir, en revendiquant sa loyauté et son intégrité, sa responsabilité historique et toute la portée des défis et des contraintes dans l’accomplissement des lourdes tâches elle confiées en toute confiance, au nom du peuple par le président de la république Ibrahim Boubacar Keita.

 

 

Oumar COULIBALY

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