En exigeant l’élargissement du gouvernement de transition, la classe politique malienne s’est à nouveau engagée dans autre type de contrat avec le peuple malien. Un contrat qui ne laisse aucune place au moindre faux pas. Le défi est énorme. Très énorme pour la jeunesse qui débute ainsi son initiation à la gestion des affaires publiques en s’exposant au regard intolérant d’un peuple assoiffé et affamé du mieux être.
Notre pays semble s’être désormais lancé vers le bout du tunnel en s’octroyant un gouvernement d’union nationale et de large ouverture tel que nous l’exigeaient la CEDEAO, l’Union Africaine, et même l’ONU.
A part quelques inassouvis et eternels pleurnicheurs et d’autres perroquets, presque tous les Maliens ont approuvé l’équipe mise en place par le président par intérim Dioncounda Traoré et son chef du gouvernement Cheick Modibo Diarra. Mais dans l’euphorie, on semble perdre de vue les très lourdes responsabilités ainsi confiées à ce gouvernement légèrement féminisé, tenu pour l’essentiel par des jeunes au dessus de la mêlée, sous le regard très vigilant du Dr Cheik Modibo Diarra, premier ministre.
Après la fin des discussions politiques qui ont abouti à la formation de ce gouvernement, que reste t-il à faire pour Cheik Modibo Diarra et son président par intérim ?
En priorité, le gouvernement « faux pas zéro » n’a presque pas de temps à perdre. Il doit parer très rapidement au plus pressé et s’atteler à l’essentiel.
Le plus pressé ou les urgences
Notre pays doit à tout prix retrouver la confiance de la communauté internationale dont l’accompagnement est indispensable à la gestion de tous les défis qui se dressent à l’horizon. Le nouveau ministre des affaires étrangère Tiéman Hubert Coulibaly, est le premier à passer au charbon dans le chapitre des questions urgentes. Premier objectif, le nouveau diplomate doit aller chercher très loin, la nouvelle carte diplomatique de notre pays. Une carte chiffonnée par le nouveau contexte international qui a propulsé notre pays au devant de la scène. Où trouver les meilleurs partenaires du Mali pour la gestion de la crise du nord ? Tiéman Coulibaly doit très rapidement trouver un bon carnet d’adresse.
Faire la différence entre ceux qui nous épient, ceux qui observent, ceux qui nous accompagnent, ceux qui nous pillent et vilipendent. Une autre épreuve que le nouveau ministre des affaires étrangères doit pouvoir résoudre au plus vite.
Dans le cadre de sa mission, Tiéman doit pouvoir rassurer le peuple malien du soutien de la communauté internationale qui visiblement s’est détournée de notre pays pour des raisons qui ne sont pas difficile à connaître.
D’abord, pendant dix ans, le régime du président Amadou Toumani Touré s’est livré à un vagabondage diplomatique qui nous a éloigné de l’essentiel, permettant aux bandits de tout acabit de faire de notre pays le terreau du narco trafic et de la délinquance transnationale.
Certaines chancelleries que nous ne citerons pas par courtoisie diplomatique, avaient même officiellement saisi leur gouvernement sur des questions de magouille autre trafics impliquant des hauts cadres de l’Etat.
Le nouveau ministre des affaires étrangères doit impérativement impulser du sang neuf dans la chaine diplomatique du Mali.
Il faut se rappeler que dans certaines chancelleries du Mali à l’étranger, des ambassadeurs et consules continuent de servir leur mentor ATT et contribuent de ternir l’image de notre pays. A Bruxelles, Paris, Washington, Berlin, où officient des très proches de l’ancien système, on déplore le très peu d’engagement de nos représentations dans le cadre de la gestion de la crise que traverse notre pays.
C’est seulement après un toilettage que le ministre des affaires étrangères pourra mettre en place une chaine diplomatique appropriée au contexte actuel.
L’essentiel ?
Pour l’essentiel, le peuple malien attend de ce gouvernement, la libération du nord de notre pays. Or, il est clair que notre pays comme l’a reconnu Cheik Modibo Diarra lui-même, n’a aucun moyen tout seul de faire à cette opération. Il est indéniable que notre pays a une armée capable d’assurer l’intégrité territoriale de notre pays. Mais encore faudrait il qu’elle ait les moyens appropriés. Il faut encore aller chercher.
Quelque soit le plan du ministre de la défense, il lui faut avoir les bonnes adresse et des partenaires crédibles. Il est vrai aussi qu’il ne s’agit pas seulement d’avoir les armes pour réussir la guerre. Il faut impérativement des partenaires stratégiques.
Il est incontestable aujourd’hui qu’aucune force internationale ne pourra déloger ces occupants d’Ançar dine du MNLA ou du MUJAO, sans l’accompagnement de l’Algérie de la Mauritanie et même du Niger.
Le gouvernement d’union nationale, a en face un peuple qui semble de plus en plus manquer d’indulgence et qui aspire à plus de paix et de stabilité. Face à cette situation, Cheik Modibo Diarra n’a pas le choix. Il est obligé d’aller à l’affrontement et très vite pour rassurer la très impatiente population victime des exactions des occupants du nord.
C’est seulement à cette condition qu’il capitalisera le courant de sympathie qui l’accompagne auprès d’une large frange de la population malienne. D’ailleurs, c’est à cette frange qu’il doit son maintien à son poste de premier ministre, même si quelque part, il s’est illustré par une approche pédagogique originale. En matière de communication politique, Cheik a expérimenté un sacré plan d’école lors du débat télévisé qu’il animé à l’occasion de ses 100 jours à la tête du gouvernement.
L’autre essentiel
L’épreuve la plus attendue, est celle de l’organisation des élections afin de doter notre pays d’institutions démocratiques légales.
La très lourde responsabilité confiée au jeune Colonel Moussa Sinko Coulibaly, est à la charge de l’ensemble des forces politiques qui doivent comprendre que l’organisation d’élection démocratique relève pour une large part des parties en compétition. Nous serons sortis du traumatisme de la guerre au nord que nous entamerons la phase préparatoire des élections exceptionnelles en république du Mali.
De toutes les façons, le gouvernement ainsi mis en place n’aura droit à aucune erreur, aucun faux pas. Le peuple Malien attend. Avec une corde à pendre !
Abdoulaye Niangaly
Je ne pense pas que ce gouvernement a l’intention d’aller au nord. Il a oublié ses missions (élections, nord). La preuve en est que le premier ministre est allé à Ségou la semaine dernière ; il a décidé d’y construire un musée à hauteur de 500 millions de F CFA pour le bâtiment seulement. Il a envoyé à Ségou le directeur du musée national et le Directeur national du patrimoine qui ont rencontré les autorités et les acteurs le vendredi. Le premier ministre ne sait pas quel genre de musée il faut implanter; les autorités ne se sont pas entendus sur l’emplacement du musée. Ségou est divisé aujourd’hui sur la question. Le premier ministre ne sait pas qu’il y a déjà un musée de la musique à Ségou et qu’il y a la coopération allemande qui a entamé des études de faisabilité d’un musée des marionnettes à Ségou. Il ne sait pas aussi que la mairie avait engagé le processus d’un musée à Pelengana et que les hollandais veulent construire un musée des marionnettes à Markala avec l’assemblée régionale. Disons-nous la vérité: si les investissements sont arrêtés au Mali, pourquoi investir dans un musée à Ségou ? Est-ce le moment de faire un musée au moment où les mausolées sont détruits ? Cheick Modibo a un autre agenda qui n’a rien à voir avec la guerre au nord. Il faut construire Ségou parce que les ségoviens sont au pouvoir: Sanogo, Cheick Modibo, Mme Diallo l’ex-ministre de la culture et actuelle ministre des domaines de l’état. Nordistes, vous êtes oubliés!
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