Le gouvernement face aux contexte, défis et perspectives: échec garanti

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Le gouvernement face aux contexte, défis et perspectives: échec garanti
IBK et le PM Abdoulaye Idrissa Maiga

Accélérer la cadence du processus de paix après la conférence d’entente nationale sauvée in extremis avec ralliement très controversé des groupes armés et de l’Opposition ; stabiliser la situation sécuritaire et organiser le retour de l’Administration dans les régions du nord après la mise en place des autorités intérimaires ; apaiser le front social à travers l’ouverture d’un dialogue productif avec les syndicats grévistes et ceux qui sont sur pied de guerre ; faire face aux préoccupations quotidiennes des Maliens (électricité, eau, flambée des prix, Éducation…) à l’approche du mois de carême ; rassurer les partenaires techniques sur la volonté et la capacité du gouvernement à conduire les reformes et la communauté internationale sur la bonne foi du Mali à mettre en œuvre l’Accord ; préparer les échéances électorales qui pointent… voici un condensé de défis qui peut être les termes de référence assignés au nouveau gouvernement.

Nommé le 8 avril dernier, le nouveau Chef du gouvernement, Abdoulaye Idrissa Maïga, jouit d’un préjugé favorable. Fonctionnaire de classe exceptionnelle doublé de consultant, le parcours du nouveau locataire de la Primature est sans aucun reproche. Aucun scandale dans son sillage au service de l’État. Cadre réputé intègre et rigoureux, ce natif de Gao allie à l’expertise qui lui est reconnue un commerce agréable –toujours jovial – et des solides relations sociales. Politique, discret, mais respecté sur la scène politique, la carte maitresse du nouveau boss du gouvernement, au-delà de sa qualité de vice-président du parti présidentiel, est sa très grande proximité avec le président de la République qu’il a la confiance et l’estime affichées.
C’est donc un cadre d’une compétence avérée et très bien en harmonie avec le Chef de l’État qui est aux commandes. Cela suffit-il à assurer et garantir la mission qui lui est assignée dans le contexte de tension sociale insurrectionnelle larvée (tension sociale, grogne politique, insécurité permanente, éternelle volte-face des ex-rebelles) ?

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Son Excellence Abdoulaye Idrissa Maïga a beau été le meilleur des Premiers ministres nommés par le président IBK, il n’est et ne peut être le seul conducteur de l’action gouvernementale. Un gouvernement, c’est une équipe, un collectif, solidaire, loyal et engagé à réussir une mission autour d’un coach. En effet, quelle que soit la qualité d’un coach, s’il dirige un collectif de bras cassés, d’incompétents, de têtes brulées, cooptés ou repêchés sans envergures et sans aucune base politique ou sociale, il ne peut à lui seul être facteur de la victoire et de réussite.

Or, quelle équipe a-t-on donnée au nouveau Premier ministre ?
La même équipe gouvernementale qui a scandaleusement échoué sur tous les fronts (sécuritaire, sociale, économique et politique). Incapable de faire face aux enjeux et aux défis de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, le gouvernement sortant de Modibo Keita a sombré dans la crise sociale à travers une série de grèves perlées qu’il a alignée depuis le début de l’année. Quand le président IBK avait décidé enfin de le congédier, le Mali était à 33 jours de grève illimitée au niveau de la santé et 8 jours idem au niveau de l’Enseignement supérieur.

Le nouveau Premier ministre n’hérite pas que du seul passif de ce gouvernement qui a été incapable de prévenir et gérer une crise sectorielle, mais il récolte aussi son fardeau humain.

Loin d’un nouveau gouvernement, c’est cet ancien reconduit à près de 77 % qu’on lui fourgue pour les défis. Et comme si on voulait le sacrifier et faire d’un échec la nomination du seul Premier ministre issu du parti majoritaire, on conserve les mêmes ministres qui ont été incapables aux mêmes postes de résoudre la crise sociale.

Le sacrifice de la ministre de la Santé ne peut satisfaire une opinion très déçue par le limogeage du ministre de l’Éducation nationale, de l’Agriculture et celui de l’Urbanisme et de l’Habitat. Ce, d’autant que d’autres de leurs collègues pyromanes ou qui se sont illustrés par des scandales ont été reconduits à la très grande surprise des observateurs politiques et des Maliens qui ne se désintéressent pas, loin s’en faut, de la chose politique.

Le débauchage d’un leader syndical en l’occurrence, la deuxième personnalité de la Centrale syndicale UNTM, en plein conflit social, au moment où ce puissant regroupement donne de la voix, ne peut procéder d’un rassurant gage de l’apaisement du front social. Les opérations de charmeurs lunatiques envers la CAFO à la présidente de laquelle est octroyé gracieusement le portefeuille de celle du parti présidentiel, tout comme la trop grande générosité envers l’Adéma, pourraient être des raisons légitimes de stigmatisation et de braquage contre le gouvernement dans son ensemble. Ces choix controversés sont commentés et analysés sur les réseaux sociaux non pas comme une stratégie d’ouverture envers la société civile, mais comme une opération kamikaze pour fragiliser davantage le RPM et saper sa cohésion et son renouveau.
On peut ne pas être du RPM, mais on peut comprendre et partager le sentiment légitime d’injustice, de lâchage et de mépris ressenti en son sein.

Quid de la majorité ? Blasée à longueur de déconvenues et de lâchages spectaculaires, si ce n’est de railleries présidentielles, en son sein, la grogne couvre. L’altruisme sélectif (qui ne trompe personne) pourrait sceller le glas d’un gros mastodonte qui, jusqu’ici n’a demandé que d’accompagner le Président dans le respect et dans la considération. Après tout, la politique est loin d’être un sacerdoce. Dans un pays où les médecins revendiquent à coup de grève illimitée, peut-on s’attendre de voir des politiciens timorés et désintéressés.
Comme les alliés du président IBK, le nouveau gouvernement est et restera une amère pilule pour les Maliens qui s’attendaient, cette fois, à un vrai changement avec la nomination d’un Premier ministre issu du parti présidentiel. Dire que la montagne a accouché d’une souris ne peut traduire qu’imparfaitement cette ratée aux allures de « Yabé ». Il s’agit d’un choix inexplicable de stagnation au moment où le pays avait besoin d’un vrai et réel changement et où l’Etat avait besoin d’une période de grâce pour faire face aux urgences. Mais au lieu de faire bouger les lignes, on a réussi, par un tour de force baroque, à narguer davantage le RPM et la majorité, à fâcher des alliés et des communautés qui ont toujours accompagné le Président : les femmes et les chrétiens. Comme si on disait aux premières, les promesses n’engagent que ceux qui y croient ; et aux seconds, vous ne constituez qu’une frange marginale qui ne mérite plus de siéger dans un gouvernement.

Un gouvernement qui prend du volume (35 ministres) et à travers lequel il n’y a aucune harmonie géographique. À vu d’œil comme on le voit, c’est un collectif qui crée plus de problèmes qu’il n’en résout. Et au regard du cumul des incapacités relevées au sein de l’équipe, quant à la prise en charge des urgences, on peut difficilement parier sur une victoire.
Nous souhaitons être démenti au bout du parcours, mais force reste au pessimisme.
Affaire à suivre

Par Mohamed D. DIAWARA

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Préséance gouvernementale: l’injure à la hiérarchie

Le gouvernement du Premier ministre, Abdoulaye Idrissa MAIGA, est connu depuis, mardi dernier. La préséance au sein de ce nouvel attelage gouvernemental apparait à tout point de vue comme une injure à la hiérarchie malmenée. Et pour cause, cet ordre de classement des ministres ne tient nullement compte d’aucun poids politique des ministres issus des partis politiques.

L’ordre protocolaire n’a d’utilité outre que symbolique ou honorifique. Aussi, « la hiérarchie gouvernementale résulte d’un choix discrétionnaire du président de la République et du Premier ministre lors du décret de nomination », selon Henri Oberdorff et Nicolas Kada dans leur ouvrage Institutions administratives (Sirey, 2013). Cependant, à la lecture décrets de nomination des ministres, des observateurs sont exigeants sur le respect du poids politique des ministres représentant les partis politiques du gouvernement. Dans notre pays, certains partis politiques ces dernières années ne manquent pas de faire une condition pour leur entrée dans les gouvernements. À la lecture du gouvernement AIM, l’on peut s’interroger sur ce qui reste de ce principe. Parfois, l’ordre protocolaire peut fournir des indices sur des questions existentielles.
Appelé à relever le défi de l’apaisement social, de la sécurité et de la paix au Mali, l’on peut comprendre aisément le fait de classer le ministre de la Défense et des anciens combattants n° 2 du gouvernement Abdoulaye Idrissa MAIGA même si le titulaire du portefeuille, Tièna COULIBALY, est un cadre du parti MPR (Mouvement patriotique pour le renouveau) de Choguel MAIGA.
Cependant, le faire suivre immédiatement du ministre de l’Administration territoriale, Tiéman Hubert COULIBALY, président du parti UDD (Union pour la démocratie et le développement) qui surplombe ainsi le président du parti ADEMA, le Pr Tièmoko SANGARE, ministre des Mines ; et le secrétaire général du parti majoritaire (RPM), Me Baber GANO, ministre des Transports, qui arrive respectivement à la 7e et 8e place, ne répond à aucune logique politique. Car indéniablement, les poids politiques du RPM et de l’ADEMA sont plus importants que celui de l’UDD, en termes de représentativité, à travers les nombres de députés à l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, si d’autres présidents de parti, ministres notamment Koniba SIDIBE du MODEC (16e position) ; Housseini Amion GUINDO de la CODEM (33e) et Amadou KOITA, du PS Yeleen coura, (35e), ne font aucune objection par rapport à leur classement dans le gouvernement, il convient de rappeler que sous le président ATT, le RPM avait conditionné son entrée dans le gouvernement, à l’obtention du titre de n° 2 du gouvernement. Ainsi, dans le gouvernement du Premier ministre Mohamed Ag HAMANI, du 16 octobre 2002, Mme KEITA Rokiatou NDIAYE, alors vice-présidente du RPM, ministre de la Santé, était le n° 2 du gouvernement.
C’était le même rang qu’occupait Nancouma KEITA, alors tout puissant secrétaire politique du RPM, ministre de l’Environnement et de l’assainissement, dans le gouvernement du Premier ministre, Ousmane Issoufi MAIGA du 2 mai 2004.
Aujourd’hui, le fait majoritaire semble être bousculé dans la préséance gouvernementale. En démocratie, c’est du politiquement incorrect.

Par Sékou CAMARA

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