Gouvernement des enfants : Un ancien ministre fustige le régime

Parmi les leaders qui ont pris la parole dimanche dernier lors du meeting des partis politiques de l’opposition figure Ahmadou Abdoulaye Diallo. Le vice président du Parti pour le développement économique et la solidarité (Pdes) a fustigé la gestion du régime IBK et du gouvernement Mara qu’il qualifie de «Gouvernement des enfants», qui donne l’impression de gouverner pendant que le pays tout entier sombre dans l’incertitude.  

«Pour l’honneur du Mali ! Pour le bonheur des Maliens». Tel était le slogan de campagne du candidat Ibrahim Boubacar Kéïta et qui faisait d’un projet de société. Douze mois après, qu’en est-il de l’honneur du Mali et du bonheur des Maliens ? C’est par cette interrogation que Ahmadou Abdoulaye Diallo a entamé une virulente critique sur un an de gestion du président Ibrahim Boubacar Keïta. Ahmadou Abdoulaye Diallo intervenait lors du grand meeting organisé dimanche dernier par les partis politiques de l’opposition : Urd, Pdes, Parena, Ps Yeelen Kura, Psp, Fcd, Prvm… Pour le ministre Diallo, ces dernières années, au Mali, on a vu se succéder le parlement des enfants qui, à coté du vrai parlement, fait juste semblant de légiférer. Mais, depuis un an, a-t-il noté, nous expérimentons le gouvernement des enfants. Et de poursuivre : «Notre étonnement et notre grand malheur est que c’est le gouvernement des enfants qui est le vrai gouvernement». On se trouve face à un «gouvernement des enfants» qui s’amuse en faisant semblant de gouverner, pendant que le pays s’enfonce dans l’abîme et dans l’incertitude, analyse le vice-président du Pdes. Exemples concrets :

Primo : Le gouvernement des enfants déconsidère l’Accord de Ouagadougou, récuse la médiation du Burkina Faso, implique maladroitement à la fois l’Algérie et le Maroc dans le dossier, multiplie les acteurs étatiques dans la gestion du dossier sans délimiter leur champ de compétence, invective la force Serval et la Minusma. Faisant du Mali un pays qui ne respecte pas ses engagements, et qui est perçu comme une menace pour la sécurité de ses voisins et la construction de la paix mondiale.

Des marchés passés dans l’opacité

Secundo : Le gouvernement des enfants va jusqu’à dire qu’aller à Kidal équivaut à aller dans n’importe quelle région du Mali. «Et le gouvernement des enfants s’est rendu à Kidal, le 17 mai 2014. Il s’est passé ce que l’on sait les 17 et 21 mai; la plaie est encore béante et même sanguinolente. Il a fallu recourir au président de la Mauritanie pour aller signer un accord de cessez le feu, le couteau dans la gorge. L’humiliation était à son comble. Jamais le peuple malien n’a été autant déshonoré. Nous avions perdu la certitude qui nous fait croire que le bateau Mali peut tanguer, mais jamais chavirer», affirmé l’orateur.

Tertio, poursuit Diallo, «le gouvernement des enfants» s’amuse à prendre des libertés avec le chef de l’Etat. «Ils passent des marchés dans une opacité totale. Ils passent des marchés publics qui cumulent le délit d’initier, le conflit d’intérêts, le non appel à la concurrence pour des montants très élevés et la présence d’inutiles intermédiaires entre l’Etat et ses fournisseurs», enfonce-t-il.

Autre handicap souligné par le ministre Diallo : les difficultés au sein de la majorité présidentielle, précisément entre le Rpm et des proches du président de la République pour l’accaparement des postes. Le responsable du Pdes de dépeindre cette situation ridicule où les partis alliés regardent incrédules, avec une étonnante capacité de résilience, leurs partisans relevés de leurs fonctions. «Ils n’ont même pas droit à des considérations dues à des supplétifs. Au mieux, ils sont pour le Rpm comme des accessoires. Au pire, ils sont encombrants», souligne l’ancien ministre qui se demande si l’on ne s’achemine pas vers une crise politique qui peut aussi très vite devenir une crise de régime.

Oumar Diamoye 

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