Un délai supplémentaire d’au moins dix jours est accordé au Mali pour mettre sur pied le gouvernement d’union nationale, précédemment attendu pour le 31 juillet. Le président de la République, Pr Dioncounda Traoré, qui a repris les choses en main, poursuit les consultations avec les différents regroupements politiques constitués après le coup d’Etat du 22 mars 2012.
Après avoir reçu les regroupements ADPS, COPAM, CSM et le FDR le mardi, ce fut le tour hier de l’alliance IBK 2012 d’être reçu par le président de la République. Celui-ci a, selon nos informations échangé avec ses différents interlocuteurs sur les propositions contenues dans son message à la nation du dimanche 29 juillet. Il n’a pas encore été question de la formation du gouvernement. Le président Dioncounda doit recevoir à nouveau, dans les prochains jours, ces différents pôles politiques afin d’aborder la question de l’attelage gouvernemental.
Ainsi, le Mali a obtenu mardi de la part de la CEDEAO au moins dix jours de plus pour former un gouvernement d’union nationale, alors que le premier ultimatum arrivait à terme le 31 juillet.
La décision de fixer au 31 juillet un ultimatum au pouvoir de transition à Bamako pour qu’il forme un cabinet ayant l’assise suffisante pour reconquérir le Nord, occupé par les islamistes liés à Aqmi où ils appliquent la charia (loi islamique), avait été prise le 7 juillet.
Réunis à Ouagadougou, des chefs d’Etat de la Cédéao, excédés par l’impuissance du Premier ministre Cheick Modibo Diarra à agir face aux exactions commises dans le Nord, mais aussi à Bamako par des hommes de l’ex-junte militaire au pouvoir, avaient menacé de ne plus le reconnaître et d’exclure le pays de la Cédéao.
La donne a changé avec le retour à Bamako le 27 juillet du président Traoré, après une convalescence de deux mois à Paris à la suite de l’agression commise sur sa personne dans son bureau à la présidence par des manifestants hostiles à son maintien au pouvoir. Deux jours après son retour, il a prononcé un discours à la Nation presque unanimement salué au Mali, dans lequel il a annoncé la création de nouveaux organes de la transition pour tenter d’enrayer la crise et précisé qu’il se chargerait lui-même de former le gouvernement d’union exigé. Il faut noter que la question de l’éviction ou du maintien de l’actuel Premier ministre, Dr Cheick Modibo Diarra, fait encore couler beaucoup de salive à Bamako.
Il semble qu’en dehors de la Convergence pour sauver le Mali (CSM) de Me Mountaga Tall, tous les autres regroupements ne sont pas contre un changement du chef du gouvernement.
“L’essentiel est fait. L’essentiel est que le président soit rentré, qu’il se soit adressé à la Nation sur la nécessité de mettre en place des organes de transition, dont le gouvernement d’union nationale“, avait estimé lundi Djibrill Bassolé, ministre burkinabè des Affaires étrangères dont le pays conduit la médiation . Il y a urgence, car les groupes islamistes armés qui occupent tout le nord du pays, appliquent de manière de plus en plus brutale la charia.
Dimanche dans la localité d’Aguelhoc, contrôlée par le groupe Ansar Dine et Aqmi, ils ont lapidé un couple non marié devant une foule d’environ 200 personnes.C’est le premier cas de mort par lapidation rapporté dans le nord du Mali où des couples illégitimes, des buveurs d’alcool, des fumeurs, ont été fouettés en public dans plusieurs villes, notamment à Tombouctou, également contrôlée par Ansar Dine et Aqmi. Ils y ont en outre détruit des mausolées de saints musulmans, provoquant l’indignation au Mali et à l’étranger. Le gouvernement malien a dénoncé mardi la lapidation du couple d’Aguelhoc, la qualifiant de “pratique obscurantiste” qui ne restera pas impunie. L’Union européenne a également condamné la lapidation du couple et demandé que soit mis “fin à une telle barbarie“.
Bruno D SEGBEDJI