Gouvernement Choguel : Des grandes priorités en peu de temps.

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Améliorer la sécurité, conduire des réformes politiques et institutionnelles, organiser des élections crédibles, réduire le train de vie de l’État, moraliser la vie publique, mettre fin à l’impunité dans le pays et satisfaire  une part importante de la demande sociale : voilà, entre autres, les priorités que le gouvernement de la transition. Ils ont été déclinés par le Premier ministre, Dr. Choquel Kokalla Maïga, le dimanche, 13 juin 2021, lors du premier conseil de son cabinet. Mais la question est la suivante : huit mois suffiront-ils pour faire face à un tel vaste chantier?

En effet, lors de sa première rencontre avec les ministres qui composent le gouvernement, le Premier ministre, Dr. Choquel Kokalla Maïga, a été très clair. « Être ministre, c’est être un serviteur de l’État, en tous lieux, en tous instants. La confiance placée en lui n’est pas un blanc-seing parce que la confiance se mérite chaque jour et à chaque instant. Nos compatriotes meurtris par des souffrances de toute nature attendent beaucoup de nous. Les circonstances que nous vivons font que l’attente des populations est grande. Beaucoup d’espoir sont fondés sur nous. Nous ne devons pas les décevoir ».

Il reconnaît effectivement que les priorités sont nombreuses et que le temps est limité.

« Sachant que nous ne pouvons tout faire dans le peu de temps imparti, mais déterminés à honorer les engagements pris devant nos compatriotes, nous axerons nos efforts sur les domaines prioritaires suivants : l’amélioration de la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation d’élections crédibles, la réduction du train de vie de l’État, la moralisation de la vie publique, la fin de l’impunité et la satisfaction d’une part importante de la demande sociale », avait dit le chef du gouvernement.

Mais comment l’équipe Choguel compte s’y prendre ?

D’abord, pour ce qui est de l’amélioration optimale de la sécurité. Concernant celle-ci, Dr. Choquel Kokalla Maïga dit désormais compter plus efficacement sur les opérations purement militaires qui, selon lui, donnent des résultats de plus en plus probants, avec la création des conditions sécuritaires pour le retour de l’Administration, notamment dans les zones les plus affectées par la crise en cours.

Un grand chantier qui nécessite non seulement du temps, mais aussi des moyens compte tenu de la situation actuelle du pays.

Organisation d’élections, des réformes institutionnelles…

Le deuxième vaste chantier auquel le gouvernement Choguel veut s’attaquer est de procéder à des réformes politiques, institutionnelles et l’organisation d’élections crédibles. Là encore, la barre est placée assez haut car Choguel Maïga entend réformer le cadre juridique des élections, réviser la Charte des partis politiques et de la Loi électorale et créer un organe unique pour gérer les scrutins.

Le nouveau Premier ministre entend également mener à bien la révision de la Constitution par référendum.

Ce faisant, il veut d’abord réaliser des Assises nationales de la refondation. Ces grandes concertations devraient permettre « une trêve globale », c’est-à-dire politique, syndicale et sociale.

« Très prochainement se tiendront à cet effet les Assises Nationales de la Refondation (ANR). Une équipe de haut niveau, composée de personnalités consensuelles et crédibles, prendra en charge le processus de concertation des ANR qui devrait assurer une participation catégorielle, sectorielle, sociale et largement inclusive », promet le PM. Il s’agira, selon lui, d’établir un diagnostic partagé de la gravité et de la profondeur de la crise, des enjeux, défis et périls, et de nos vulnérabilités structurelles, une revue de toutes les précédentes rencontres thématiques, sectorielles et nationales (Concertations, États généraux, Forums, Assises, Dialogue national).

À l’en croire, le gouvernement s’attachera aussi à obtenir une trêve globale (politique, syndicale, sociale) afin de créer un climat d’apaisement, de sérénité et de confiance mutuelle.

La voie sera ainsi balisée pour les réformes nécessaires à la Refondation du Mali. Pour ce faire, il sera question essentiellement de créer les conditions « d’une refonte consensuelle des textes permettant de garantir l’érection d’une administration professionnelle et moderne, de réadapter la politique de décentralisation pour une gouvernance locale plus efficiente, de réviser la Charte des partis politiques et la loi électorale afin de mettre un terme aux conflits postélectoraux récurrents ».

Pour la création de l’organe unique indépendant de gestion des élections, le gouvernement procédera à la réforme du cadre juridique des élections avec la mise en place d’un nouveau système d’établissement et de contrôle du fichier électoral ainsi que celui de la sécurisation des opérations de vote.

La révision consensuelle et inclusive de la Constitution, dans le respect de son article 118.

À ce niveau, l’équipe gouvernementale risque de ne pas avoir le champ libre puisque Choguel a été mis en garde par un chef de parti politique.

 « Une relecture intelligente » de l’accord d’Alger

Parmi les textes cités par le Premier ministre devant être révisés, figure l’accord de paix d’Alger de 2015, un autre sujet sensible.

La présence de la révision de cet accord dans les discours n’est pas nouvelle.  Déjà, sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, des voix à Bamako se sont élevées pour demander sa modification. Certains lui reprochent d’avoir été négocié alors que l’État malien était en position de faiblesse. « La relecture intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger dans le respect des principes fondamentaux énoncés sera poursuivie et approfondie ».

Enfin, l’action gouvernementale portera sur la fin de l’impunité dans notre pays et la mise en pratique d’une gouvernance de rupture, qui sont aujourd’hui des conditions de survie de l’État. Aussi, il a promis de mener des poursuites judiciaires contre les responsables de la répression des manifestations de juillet 2020, à l’époque organisées par la coalition du M5-RFP dont il est membre.

« De véritables poursuites judiciaires consécutives aux tueries et exactions contre les victimes des journées de juillet 2020, seront également engagées. De même, ceux qui sont appelés à servir l’État ne peuvent se servir de l’État en pillant les maigres ressources de notre pays, au vu et su de tous, sans conséquence. À leur encontre, le gouvernement insufflera une politique de lutte implacable contre la corruption en appuyant de façon systématique les actions judiciaires dans tous les dossiers de détournement de deniers publics. Des audits seront commandités dans les institutions, les grandes administrations, les grands projets nationaux et locaux et dans les collectivités, ainsi que sur le patrimoine immobilier et minier de l’État. La réduction du train de vie de l’État, dont la mise en œuvre a commencé par l’exemple donné par le Président de la Transition lui-même qui a décidé, de façon libre et volontaire de renoncer aux 2/3 de ses fonds de souveraineté, sera généralisée », s’est engagé le nouveau Premier ministre.

Au vu de tous ces chantiers énormes cités, l’on a tendance à se demander si le Premier ministre réalise qu’il ne lui reste que 8 petits mois.

En tous cas ces priorités animent déjà les débats.

Pour le président du  parti du bélier blanc, « il est clair que les chantiers que le Premier ministre veut ouvrir visent à préparer les conditions d’un prolongement de la période transitoire ».  « C’est devenu une évidence aujourd’hui que le temps restant ne saurait suffire pour entreprendre l’organisation non consensuelle d’Assises de la refondation aux contours ainsi qu’à durée imprécis, ensuite conduire des réformes et organiser la présidentielle et les législatives » déclare Tiébilé Dramé.

Weet an see !

Zié Coulibaly

Source : Plume Libre

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