Une économie agonisante, une Administration gangrenée par la corruption, une école au bord de la faillite et une justice qui cherche son indépendance … Le Mali a mal partout. Partout règne le désespoir. Surtout, avec des lendemains qui s’annoncent, pour le moins incertains. Pourtant, le Programme pour le Développement Economique et Social (PDES) du président ATT serait en marche. Il aurait mis pris l’envol.
Aujourd’hui, le Mali est à l’article de la mort. Confronté à la corruption, aux détournements du dénier public, à la vie chère, à la faillite de l’école et aux « horreurs » judiciaires, le gouvernement espère trouver le remède-miracle sans verser la moindre goutte de sueur. Face à ces fléaux, nos gouvernants espèrent trouver la potion magique sans consentir le moindre sacrifice. En d’autres termes, le Président ATT veut faire des omelettes sans casser des œufs. En clair, vaincre la corruption sans châtier les corrompus et les corrupteurs ; lutter contre les détournements de fonds publics sans livrer leurs auteurs à la justice, lutter contre la hausse des prix des denrées de première nécessité, tout en laissant aux « prédateurs » économiques, qui ont bénéficié de milliards de francs CFA d’exos, la liberté de se « beurrer » sur le dos des pauvres. En un mot, le chef de l’Etat veut vaincre sans péril et triompher sans gloire.
Pour y arriver, il croit en son « fétiche » : l’organisation des foras et des états généraux. Après les états généraux sur la corruption, sur l’école, le forum sur le foncier, la semaine de lutte contre la corruption sans résultat, le Président ATT entend organiser un tout dernier : le forum pour l’Essor, le quotidien national. Pourquoi ? Allez savoir !
Une certitude : pendant que nos princes se complaisent dans ces kermesses, organisées à coups de millions de nos francs, les Maliens continuent de tirer le diable par la queue. Du moins, ceux pour lesquels les diables disposent, encore, d’une queue.
Les Maliens, abonnés au désespoir !
Vaincre le chômage et la pauvreté, assainir la justice, lutter contre la corruption et la délinquance financière, améliorer les conditions de vie des populations, consolider les acquis démocratiques, restaurer l’autorité de l’Etat, moderniser l’Administration. Tels sont entre autres, les grands axes du PDES sur la base duquel, le Président ATT a été intronisé pour un second bail au Palais de Koulouba.
Mais cinq ans après le retour du Président ATT aux affres, pardon, aux affaires, et à un an de la fin de son deuxième et dernier mandat à la magistrature suprême de notre pays, ces promesses restent sans lendemain. Chaque jour qui passe voit notre pays sombrer dans la dépression. Les caisses de l’Etat sont vides. Ou presque. Partout, règne la pauvreté et la misère. Un seul exemple cité par le Vérificateur : les 112,37 milliards de francs CFA de manque à gagner pour le Trésor.
Que signifient donc ces Etats généraux et ces foras pour ces millions de Maliens qui n’aspirent qu’à un travail pour pouvoir nourrir, soigner et vêtir leur famille ? Que rapportent ces états généraux et ces forums pour ces millions de Maliens abonnés au désespoir ? Que dalle ! Serait-on tenté de répondre.
Au lieu de prendre des mesures vigoureuses pour juguler la corruption, la délinquance financière, la faillite de l’école et les dérives judiciaires, nos princes poursuivent leur fuite en avant.
Conséquences : chaque jour qui passe, le Mali recule dans tous les domaines. Ou presque.
De 6,4% en 2002, le taux de croissance est estimé, aujourd’hui, à moins de 2%. S’y ajoutent une école agonisante, une Administration pléthorique et inefficace et une justice indépendante de tout sauf de l’argent sale.
Dans ce contexte, pour le moins morose, ces forums et états généraux constituent- ils une panacée ?
Surtout que les recommandations, qui en sont issues, ne sont jamais appliquées. Elles sont rangées dans les tiroirs, qui sont généralement brûlés par des incendies improvisés.
Dans un contexte économique, qui ne laisse place, ni à l’amateurisme, ni à l’improvisation, nos gouvernants poursuivent leurs balbutiements.
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Le pays recule !
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Sur le plan de la gestion des finances publiques, c’est un flop magistral : le détournement du dénier public reste un excellent sport pour la santé.
Après la promesse du président ATT devant Dieu et les hommes de bouter la délinquance financière hors de nos frontières, on lutte contre la corruption, au volant de luxueuses bagnoles. Partout ; la même devise : « bouffe et tais-toi, s’il en reste, le pays pourra en bénéficier ». Combien de hauts cadres, reconnus coupables du vol de plusieurs dizaines, voire des centaines de millions de nos francs, continuent de se la couler douce, pendant que des voleurs de poule purgent, sans jugement, des peines de prison ?
Tout est devenu normal dans notre pays : le vol, le viol du bien public, l’anarchie, la pagaille organisée… tout est parti très vite.
Même sur le plan de la consolidation des acquis démocratiques, le tableau reste moins reluisant. Le consensus démocratique a tué la démocratie tout court.
Malgré sa relative stabilité, notre pays apparaît, aux yeux de nombreux observateurs politiques, comme une « grenade dégoupillée », prête à péter au visage du « premier petit nimprudent ». L’opposition a été gommée à coups de portefeuilles ministériels. Ou de postes juteux. Les convictions politiques ont été enterrées sous une dalle en béton. Les partis politiques aussi. Après 19 ans d’expérience démocratique, notre pays est revenu à ses anciennes amours : la démocratie au sein du parti… pardon, au sein d’associations et de comités de soutien à ATT. Comme à l’époque du Général Moussa Traoré.
Sur le plan social, c’est la fin des abricots, pardon, la fin des haricots. La pauvreté et la misère se généralisent. Le chômage à pignon sur toutes les familles. Où va le Mali ? Le seul moyen d’échapper à la « galère », c’est de créer une Association ou un club de soutien.
Pour quitter le pouvoir par la grande porte, à l’issue de son second et dernier mandat, une seule solution pour le Président ATT : prendre le taureau par les cornes. C’est à cette seule et unique condition qu’il peut s’assurer une « bonne récolte ».
Mais pour l’heure, on est loin, très loin du compte. Requiem !
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Jean Pierre James
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