Gouvernance politique : Savoir partir du pouvoir

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L’exercice du pouvoir s’apparente à l’exercice d’un pouvoir quasi divin. Dans un certain nombre de régimes autoritaires, le détenteur du pouvoir a droit de vie et de mort sur ses compatriotes. Un regard sur le printemps arabe, donne un aperçu  de la capacité des hommes de pouvoir à vouloir s’y  maintenir   par tous les moyens y compris  par l’utilisation de la violence  armée.

C’est en cela que la limitation du mandat dans l’exercice de quelque pouvoir que ce soit, est une nécessite consubstantielle. Nous sommes à l’aube de l’exercice du jeu démocratique dans nos contrées. L’alternance politique devient de plus en plus une pratique normale du jeu démocratique, même si dans un certain nombre de pays, on a tendance à faire sauter le verrou constitutionnel de la limitation du mandat présidentiel. Ils ne seront plus nombreux les chefs d’Etat qui pourront continuer à manipuler les articles de la Constitution dans ce but.

Si Modibo Keïta avait inscrit dans la Constitution l’alternance démocratique, le coup d’Etat de la junte militaire n’aurait pas eu lieu. De même, si Moussa Traoré avait limité dans le temps sa transition au pouvoir, il serait peut-être  général respecté à la retraite. Quand on pense que le pouvoir est un trophée qu’il faut conquérir et le garder à vie, on s’expose à des soulèvements populaires et même militaires pour y mettre fin. D’autres groupes s’organisent pour le ravir et l’exercer, même s’ils doivent user de la violence extrême. Le pouvoir attire comme un aimant irrésistible depuis l’aube des temps. La démocratie est le mode de gouvernance qui adoucit les mœurs politiques. L’alternance et la limitation du mandat est l’antidote à l’accession violente au pouvoir. Son exercice réduit les violences politiques à leur minimum.

Alpha Oumar Konaré utilisa les deux mandats constitutionnels de 5 ans et transmis le flambeau à son successeur que les urnes ont désigné. Il n’a tiré aucune gloire dans le respect de la Constitution, même si on lui a prêté l’intention de rempiler. C’est sans doute un mauvais procès. Nul ne peut garder le pouvoir qu’après une modification du verrou de la limitation des mandats. Le nec le plus ultra serait d’arriver à limiter le mandat à cinq ans non renouvelable et de limiter le nombre de partis politiques à un maximum de trois. De cette façon, les forces politiques seront regroupées et l’alternance au pouvoir serait une réalité.

Savoir quitter le pouvoir, ne veut pas dire respecter uniquement  la limitation des deux mandats de 5 ans fixés par la Constitution. Mais, cette réalité recouvre la mise en place des conditions idoines pour la transmission des attributs du pouvoir à un successeur élu démocratiquement, en toute transparence, dans un processus électoral fiable et incontestable, exempte de fraudes. Quelle est la fierté d’être premier de la classe, si les notes viennent de la contrebande? Au Mali, les dernières élections ont été entachées par une fraude massive à tous les échelons selon les aveux du président de la Cour constitutionnelle. Et pourtant, les dirigeants ont conservé un pouvoir qu’ils n’auraient dû garder que si les résultats qui les firent rois étaient expurgés des fraudes. Il n’y a pas eu des pas plus que lorsque Alpha avec l’organisation en 2002 et  sa passation de témoin en joueur de ping pong. Faut-il craindre un scénario de cette trame? Tout indique que cela pourrait se reproduire. Toutefois, les acteurs ont changé et la défiance envers l’Etat s’est accrue. Les acteurs paraissent déterminer à conserver les nectars du pouvoir, tandis que d’autres veulent s’approprier la reine qui produit le miel. La lutte sera âpre et il n’est pas certain que les fraudes seront tolérées. Le président qui est chargé des élections et son Ministre de l’Administration des élections  sont devant un gigantesque challenge. Ils doivent  mesurer toute leur responsabilité et ne dormir que d’un œil. ATT aurait été mieux inspiré de confier la Primature à un homme à poigne, au lieu de choisir une gentille dame en vertu du syndrome de sa place dans l’histoire. Maintenant qu’il s’est mis en première ligne, il lui faut savoir partir après avoir gagné la mère des batailles, à savoir quitter le pouvoir sans anicroche, avec l’estime et la considération de ses concitoyens. Cette bataille n’est pas gagnée d’avance, parce que son échec équivaut à un avis de tempête sur la République.
Birama FALL

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