Le risque d’une instabilité politique est dorénavant réel au Mali. Le fichier électoral que l’on soupçonnait d’en être la raison est désormais disculpé. C’est bien l’obsession du président sortant de rendre le tablier le 08 juin 2012 comme initialement promis et l’organisation d’un referendum constitutionnel.
« On ne peut pas faire autrement et terminer avant le 8 juin. Il faut un couplage et aller à la dissolution de l’Assemblée nationale… Le gouvernement respectera le délai règlementaire… Ce qui permettra d’avoir le temps nécessaire pour la proclamation des résultats avant le 08 juin 2012 ». C’est ce qui ressort des propos du ministre Kafougouna Koné à la faveur de la 7ème réunion de la Commission du Cadre de Consultation des Partis Politiques et le Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, le jeudi dernier au gouvernorat du District.
En clair, dans le souci de faire respecter les engagements présidentiels, à savoir, l’organisation d’un referendum constitutionnel et son obsession à rendre le tablier le 08 juin 2012, quoi qu’il advienne, le gouvernement propose de revoir les dates des traditionnels scrutins et même de dissoudre l’Assemblée Nationale.
On imagine aisément que cette acrobatie intellectuelle doublée d’un funambulisme pour le moins périlleux cesseraient d’être un exercice national traumatisant si le président de la République renonçait tout simplement à ses projets. Celui d’un referendum constitutionnel et son obsession à rendre, advienne que pourra le tablier, le 08 juin prochain.
Le renoncement au premier permettra d’ajuster au mieux le calendrier électoral initial et de se cesser de jouer aux équilibristes; Et surtout, de se concentrer de manière efficiente sur l’élaboration d’un fichier consensuel.
A y voir de très près, c’est bien l’intrusion d’un projet de referendum constitutionnel qui est à l’origine de ce remue-méninge. Il se trouve cependant qu’aucun des scénarii prenant en compte ce projet de reforme ne sera exempt de conséquences imprévisibles.
La dissolution de l’Assemblée Nationale, par exemple, équivaut au régime en place de gouverner par ordonnance pendant cinq à six mois, selon le calendrier retenu, et sur une période pour le moins incertaine où l’institution chargée du contrôle de l’action gouvernementale aurait cessé d’exister. En somme, pendant cette période très sensible, le gouvernement ne serait soumis à un contrôle et ne rendrait point compte au peuple à travers ses représentants à l’Hémicycle. Si ce n’est pas la voie royale vers la dérive, alors… Il s’agit, en tout état de cause d’un coup dur pour le processus démocratique surtout en période électorale.
En contrepartie, ne pas dissoudre l’Assemblée, rendrait incertain le respect du calendrier électoral. En définitive, le dilemme restera donc entier tant que subsistera la volonté politique de maintenir le projet de reforme constitutionnelle.
Conscient des risques, le gouvernement espère obtenir la caution des partis politiques. Chose qui n’est pas acquise d’avance.
En réponse au Ministre Kafougouna Koné, le Col Youssouf Traoré de l’UFDP, a clairement indiqué que « les partis politiques ne sont pas concernés par la dissolution de l’Assemblée nationale», une décision « hautement politique » de son point de vue. Et de conseiller de ne « jamais coupler le référendum avec un scrutin, car il y aura des enjeux contraires». Le vice-président du MPR, M Drissa Traoré d’enfoncer le clou : «Ce ne sont pas les partis politiques qui diront de dissoudre l’Assemblée nationale. Il s’agit d’une disposition constitutionnelle. Notre préoccupation majeure reste le fichier électorale».
Le fichier électoral, le véritable goulot d’étranglement !
B.S. Diarra