Dans le cadre de la préparation des élections présidentielle et législative initialement prévues cette année, le président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita a rassuré ses compatriotes sur la tenue effectives desdits scrutins dans les délais requis. Toute chose qui a suscité la réaction du professeur Clément Dembélé par rapport à la gouvernance en général. Occasion pour lui d’émettre des critiques non sans faire des propositions concrètes. C’était à la faveur d’une rencontre avec les journalistes dans son domicile Samedi, le 07 janvier dernier.
De l’avis du Pr. Dembélé, jamais de 1960 à nos jours, l’on n’a vécu pareille situation. «Nous vivons aujourd’hui le phénomène d’une révolution des consciences et une période d’insécurité qui vient croiser celle électorale. Ceci est une première dans l’histoire du pays et incite à aller au-delà de la politique politicienne», a-t-il précisé.
L’orateur de marteler qu’il est bien temps d’abandonner la «politique cadavérique» à l’origine du péril.
A ses dires, si le développement du Mali était conditionné à la politique, l’on ne serait là aujourd’hui.
«On parle de rassemblement aujourd’hui au Mali, dit-il. Ce qui exige l’impérieuse nécessité d’aller au-delà de l’actuel système et de faire vibrer la fibre patriotique. Il faut largement rassembler les maliens aujourd’hui en vue de leur tenir de vérité, de dignité et d’l’honneur. Le malien a besoin aujourd’hui de savoir qui fait quoi ? Pour quoi et comment ?».
Et de poursuivre : «on ne peut plus continuer à nous vendre les vieilles recettes politiciennes. Depuis 1991, nous voyons les mêmes programmes, les mêmes têtes, les mêmes pensées et la même école politique que ces grands partis politiques qui ont été le principe fondamental de la démocratie malienne mais qui n’ont fait qu’accoucher de partis politiques qui continuent avec les mêmes idéologies dévolues, désenchantées, dépassées et qui demandent au peuple de continuer à consommer ce qui n’est pas comestible politiquement parlant».
Selon lui, «les citoyens âgés de 18 à 35 ans (la nouvelle génération) ont compris que leur destin leur appartient. « L’on ne peut continuer à leur vendre de l’Utopie, à les mentir et à proposer un système dépassé. On ne plus continuer à faire du neuf avec du vieux. Il faut aujourd’hui changer cet espace».
Il a lancé un appel à la jeunesse malienne de changer le pays. «Ce changement n’est pas lié à une question d’âge, mais de conviction, de la force de proposition concrète. Ce n’est pas seulement le discours, mais des questions auxquelles il faudra trouver réponse : que propose-t-on concrètement aux Maliens en vue d’une sortie de l’impasse sur le plan éducatif, sécuritaire, économique, agricole, industriel, énergétique, de la santé, des infrastructures» ? La jeunesse, poursuit-il, c’est aussi le renouveau de l’esprit.
S’agissant de l’éducation, le professeur a affirmé que «l’université malienne ne fait que fabriquer des chômeurs. C’est une vérité que les hommes politiques ont peur de dire. Il ne faut pas tenir un discours électoraliste, mais plutôt d’Homme d’Etat. Si l’école malienne d’une manière générale est malade, l’université elle, n’existe même pas en tant que telle. Parce qu’elle n’est pas dotée de vrais critères en la matière. Il n’y a pas de centre de recherche digne de ce nom, pas de laboratoire équipé, la formation des formateurs n’existe pas, non plus un plan de carrière pour l’enseignant malien ! Le cadre pédagogique n’est pas en adéquation avec les besoins du marché. La priorité politique, idéologique, intellectuelle et morale résident dans le fait que l’école malienne doit former des gens censés produire… L’Etat malien doit arrêter d’embaucher des fonctionnaires. Il faut maintenant aller vers les privés. Donnez l’innovation intellectuelle de la créativité aux jeunes maliens !».
S’agissant des 150 hectares d’IBK aux musulmans, Clément Dembélé a ainsi rétorqué : «IBK n’a pas fait un geste patriotique. Parce qu’on sait que la terre ne lui appartient pas. Elle appartient au peuple qui l’a installé dans le fauteuil de président de la république. Je suis d’accord que l’on donne ces hectares aux musulmans maliens mais qu’on remercie le peuple malien. Et si le Chérif Haïdara doit remercier quelqu’un pour ce geste, c’est le peuple malien. Si demain, d’autres religieux demandent la même chose, l’on sera obligé de leur donner. Car le pays est laïc et la république doit accepter et respecter toutes les religions».
Le professeur Dembélé est-il candidat pour la présidentielle de 2018. Il a répondu ceci : «Si candidat, je composerai avec des Hommes politiques, honnêtes qui ont le sens patriotique. Jamais dans la vie, je ne prendrai quelqu’un qui a été sali dans les sales affaires au Mali».
Le Pr Dembélé a déploré que «les vieux nous aient mentis pendant les dernières décennies au Mali».
Coulou