Après un an de gestion solitaire et chaotique du pays, IBK n’a plus le choix. Il doit écouter les maliens qui ont décidé de faire de lui leur Président. Cette écoute s’impose à lui comme l’unique alternative de redorer le blason du reste de son quinquennat.
L’UNTM s’est plaint récemment qu’après la mise en place de son nouveau bureau, elle a vainement cherché à rencontrer le Président de la République. Ce cas de l’UNTM n’est pas isolé. Plusieurs structures politiques à travers le pays ont des récriminations contre le titulaire du fauteuil Présidentiel à Koulouba. « Nous lui avons accordé notre soutien, mais depuis son élection, il n’est pas parvenu à avoir un cadre formel de discussion afin qu’on échange sur l’avenir de notre pays ». Cette phrase est ressassée à longueur de journée par tous ceux qui dénoncent le fait que IBK, Président de la République du Mali, fuit le dialogue politique et sociale. A l’allure où vont les choses, l’on a tendance à se demander comment IBK veut résoudre les problèmes des maliens sans les écouter. Emmurer à Sébénikoro et quelques fois à Koulouba, IBK doit rapidement développer une stratégie pour nouer un dialogue constructif avec les forces vives de la nation : Les partis politiques, les centrales syndicales, les collectifs d’organisation de la société civile. Ce dialogue éviterait au Président de la République de se trouver à chaque fois dans la posture de sapeur pompier. Depuis un an, les Maliens ont eu l’impression que le Président de la République n’est au courant de rien. Pour preuve, après le 21 mai 2014 à Kidal, IBK a fait dire à son Premier ministre Moussa Mara que la décision d’intervention de l’armée à Kidal n’était pas une décision politique, en d’autre termes que l’ordre d’intervention n’émanait pas des autorités politiques du pays. Récemment, les maliens l’on vu à la rencontre avec l’UNTM, après que cette centrale historique ait mis à exécution son mot d’ordre de grève. Ce jour-là IBK, à la limite, s’était désolidarisé de l’action de son gouvernement. Chose grave, aucune décision politique n’a suivie, soit pour sanctionner ou pour donner suite aux revendications de l’UNTM. Comme pour dire que le Peuple malien a besoin de sentir son Président de la République. Pour cela, IBK a besoin de déployer une politique volontariste qui le ramènerait sur la voie de son slogan de campagne « Le Mali d’abord », que les Maliens déçus ont vite fait de transformer en « Ma famille d’abord ». Sans nous étendre sur les promesses électorales du Président de la République, parce qu’il n’y a n’en pas eu, l’on peut quand même lui reprocher le fait qu’il n’y a pratiquement pas eu de résultats concrets dans le domaine de la lutte contre la corruption. Dès la prise du pouvoir à Koulouba, IBK avait décidé de placer son mandat sous le signe de la lutte contre la corruption qui gangrène toutes les sphères de notre société. Mais, un an après, le bilan est tellement maigre dans ce domaine que l’on peut douter de la volonté présidentielle de bouter la corruption hors du Mali. A part le dossier du PMU Mali avec le PDG Haïdara, en un an aucun autre dossier n’a fait l’objet d’actes de poursuites formelles. Tout comme la lutte contre la corruption est en panne sèche, faute de volonté réelle politique, il faut dire que le Mali est en passe de devenir le terreau fertile de l’insécurité. Le nord du Mali classée hors compétition en matière d’insécurité pour ses nombreux cas d’attentats terroristes, il faut s’inquiéter de la proportion que prend le banditisme dans tout le pays. Là-aussi en un an, il n’y a pas eu de solutions. A cela, quand nous ajoutons le marasme économique ambiant, la boucle pour que les Maliens vivent des moments difficiles est bouclée. Rapidement, seule la reprise d’un dialogue social et d’un dialogue politique, pourrait mettre le Mali à l’abri de difficultés qui fragiliseraient davantage la cohésion sociale, à un moment où le pays a besoin de tous ses fils et filles, pour faire face aux velléités sécessionnistes dans la partie septentrionale. Ibk aurait pu, à l’entame de son mandat, demander aux Maliens de serrer la ceinture. Dans ce sens, il aurait pu proposer à l’UNTM un moratoire d’un ou deux ans. Mais, aujourd’hui, il lui serait très difficile de convaincre les Maliens que les caisses de l’Etat sont vides. Les deux gros dossiers à scandale qu’est celui du Boeing et le marché sulfureux au niveau du ministère de la défense, ont fini par convaincre bon nombre de maliens que la sortie du tunnel en matière de bonne gestion des ressources publique n’est pas pour demain. IBK et le Mali gagneraient mieux, si le Président de la République acceptait enfin d’écouter les Maliens pour la satisfaction de la demande sociale.
Assane Koné