04 septembre 2013-15 avril 2015 : cela fait 20 mois que Ibrahim Boubacar Kéïta est aux affaires.
Durant ces 590 jours à la tête du pays, le président de la République n’a posé aucun acte de développement de rang. La faute ? Sans conteste, à sa mauvaise gouvernance, corollaire d’une gestion criblée de scandales financiers qui paralysent le fonctionnement de l’Administration, asphyxient l’économie et ternissent l’image du Mali. Mais aussi d’un cafouillage monstre dans la conduite et le déroulement du processus de paix d’Alger bloqué net par le refus du Mnla et ses alliés de parapher l’Accord issu des pourparlers. Bref, IBK a consacré les vingt mois à désamorcer des bombes qu’il a lui-même « fabriquées » et « placées » sous son fauteuil, et à courir derrière les rebelles pour arracher un accord de paix par le dialogue, une méthode qu’il avait pourtant toujours combattue et décriée avant de monter au trône. Le sultan de Sébénicoro est rattrapé par l’histoire. « Pour le déshonneur du Mali ! » « Pour le malheur des Maliens ! »
« Comparaison n’est pas raison », dit-on couramment. Mais beaucoup de Maliens envieraient aujourd’hui Alassane Dramane Ouattara et Macky Sall et auraient souhaité que le président Ibrahim Boubacar Kéïta soit comme ses homologues ivoirien et sénégalais en matière de gouvernance, mais aussi et surtout d’homme de terrain, plus proche des populations. De sources dignes de foi et facilement vérifiables par l’actualité médiatique, tous les mois, Alassane Ouattara inaugure une infrastructure de développement : route, hôpital, centre de santé, ouvrage agricole ou énergétique etc. En plus, il a fait des visites de terrain, son crédo pour connaître les réalités du pays profond et prendre les initiatives qui impactent directement la vie de ses concitoyens. Récemment rentré d’une excursion à l’intérieur du pays, ADO a juste eu le temps (très utile) de recevoir une soixantaine d’opérateurs européens désireux d’investir en Côte d’Ivoire, de faire quelques audiences et d’expédier certaines affaires courantes, qu’il s’apprêterait à retourner auprès des populations de l’intérieur pour partager leurs préoccupations afin de les résoudre.
Il n’est pas le seul chef d’Etat soucieux du quotidien de ses concitoyens. Au moment où vous lisez cet article, Macky Sall n’est pas à Dakar, selon les infos qui nous parviennent. Il a pris son bâton de pèlerin pour aller attaquer l’intérieur du pays, partager avec les populations leurs problèmes et engager des actions et projets de développement d’envergure au bénéfice des Sénégalais.
Pendant ce temps, IBK a même de la peine à passer 72 heures à Bamako, à fortiori hors de la capitale, si ce n’est à l’extérieur du pays. Depuis son arrivée au pouvoir, le président Kéïta a passé une seule nuit à l’intérieur du pays, plus précisément à Mopti où il avait inauguré l’hôpital de la ville avant de se rendre à Bandiagara le lendemain. Puis, plus rien. Même pas à Kati, l’agglomération la plus proche de Bamako.
Le président Ibrahim Boubacar Kéïta a passé 119 jours en 2013, 365 jours en 2014 et 106 jours en 2015, sans initier le moindre chantier (ou sentier) de développement. Pourquoi ? Parce qu’il a partagé ces 590 jours à gérer les scandales liés à l’achat de l’avion présidentiel, au contrat d’armement, aux surfacturations, aux sanctions des bailleurs de fonds, notamment le Fmi et la Banque mondiale. Mais aussi à s’époumoner vainement derrière un accord de paix qui le fuit cruellement.
Douze mois de scandales
Le Mali n’a pas fait le moindre pas en avant depuis les événements du 22 mars 2012. Et pour cause : après une transition qui a rétabli les institutions républicaines, le président IBK, plébiscité, ne parvient toujours pas à remettre le pays en selle. Au contraire, en près de deux ans de gestion, les indicateurs de croissance du pays ont considérablement régressé sur tous les plans. Mais surtout, la République a été éclaboussée, douze mois durant (de mars 2013 à mars 2014) par des scandales aussi graves et humiliants que l’affaire Tomi Michel, celles de l’avion présidentiel et du contrat d’armement, la découverte des surfacturations. D’autres dossiers liés aux nominations controversées et aux dépenses de prestige du locataire de Koulouba viennent, eux aussi, meubler un salon présidentiel bourré de pièces à scandales.
Le plus gros scandale fut révélé aux Maliens et au monde entier sous la forme d’un marché de gré à gré de 69 milliards de FCFA attribué en violation des règles des marchés publics, à un proche de la famille présidentielle, Sidi Mohamed Kagnassy, directeur général de la société Guo-Star Sarl et promu aussitôt après conseiller spécial du président. Avec l’avenant, le marché a finalement porté sur 108 milliards de FCFA. Le fait que le marché soit attribué de gré à gré est un piétinement flagrant des principes élémentaires de passation de marché public. Pire, dans le même contrat, les Maliens apprendront que le ministre des Finances a couvert ce marché par une garantie de 100 milliards de francs CFA. En clair, l’Etat a payé la caution de l’adjudicataire à sa place. Ce qui a provoqué l’ire du FMI et d’autres partenaires techniques et financiers.
Justement, les bailleurs de fonds avaient aussi l’Etat dans le collimateur à cause de l’affaire dite de l’achat d’un nouvel avion présidentiel. En effet, hors de toute inscription budgétaire, 20 milliards de francs CFA (16, 17 ou 21 milliards sont invariablement avancés) ont été sortis des caisses de l’Etat pour acquérir un Boeing 737 non encore immatriculé au nom du Mali, alors même que le pays disposait d’un avion présidentiel (Boeing 727) en bon état et dont l’assurance contractée auprès de l’assureur londonien, Allianz, avait été renouvelée jusqu’en cette année 2015. Pour les Maliens et les bailleurs de fonds, c’est moins l’achat proprement dit de l’avion qui posait problème, que le contexte et les conditions douteuses de son acquisition pour le confort personnel du président.
Il n’en fallait donc pas plus pour irriter d’avantage les bailleurs de fonds, fondamentalement le Fmi qui a saisi les autorités maliennes pour en savoir plus sur la provenance des ressources qui ont été injectées dans le contrat d’armement et l’achat de l’avion présidentiel. Le Fmi a suspendu son aide budgétaire au Mali, imité en cela par la Banque mondiale et l’Union européenne.
Le Bureau du Vérificateur général est commis par le Fmi pour auditer ces affaires, ainsi que la section des comptes de la Cour suprême par le gouvernement malien. Les rapports de ces deux structures de contrôle sont accablants : des surfacturations comprises entre 29 milliards et 38 milliards sont décelées, plaçant à nouveau sous les projecteurs le Mali, en quête de redorer son blason.
Face aux preuves palpables de surfacturation, les autorités font amende honorable devant le Fmi, qui accepte de lever ses sanctions, mais à la condition sine qua non que le président IBK sévisse : publier les audits pour le peuple malien et le Fmi lui-même, sanctionner les agents indélicats, faire tomber des têtes au sommet. Ce qui fut fait avec l’éviction de plusieurs membres du gouvernement compromis dans les deux affaires.
A cela s’ajoutent d’autres dossiers aussi encombrant que l’affaire Tomi Michel, le poids de la famille présidentielle dans la gestion du pouvoir ; les coûts de la rénovation de la résidentielle privée et du palais de etc. Autant d’actes et/ou de pratiquent qui ont paralysé le Mali et occupé IBK de mars 2013 à mars 2014.
Un accord fantôme
Cet épisode eut-il finit que s’engagea le dialogue inclusif inter malien dont le chef de file de la médiation fut confié à l’Algérie. Cinq phases et un incessant aller-retour Bamako-Alger furent nécessaires pour parvenir à un accord qui s’avère finalement être fantomatique. En effet, entamés le 16 juillet 2014, les pourparlers entre le gouvernement malien et les groupes rebelles ont abouti, au bout de huit mois, le 1er mars 2015, au paraphe par le gouvernement et la Plateforme d’un document intitulé « Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ».
Les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad, qui regroupe le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua), le Mouvement arabe de l’Azawad (Maa), la Coalition du peuple pour l’Azawad (Cpa) et la Cmfpr2 refusent de parapher, demandant à en référer à sa base. Le plaidoyer de la Médiation à Kidal n’y fit rien. Conséquence : c’est le blocage parfait !
Ce fiasco remet en cause le fruit de plus de huit mois de négociations et de pourparlers entre acteurs de la crise malienne.
Le débat sur l’Accord diversement interprété et jugé, en bien ou en mal.
Pour le Premier ministre, Modibo Keïta, l’Accord sauvegarde les principes fondateurs de la nation et prend en compte les aspirations du peuple malien tendant vers une paix globale et définitive.
Pour la majorité présidentielle, cet accord préserve l’unité du Mali et le caractère laïc et républicain du pays.
Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, lui, se réjouit du fait que nulle part dans l’Accord, il n’apparaît une référence à la création d’une fédération ou d’un État dans l’État malien.
A ces appréciations favorables, s’oppose le rejet en bloc des partis politiques de l’opposition et de certains syndicats.
L’Adps de Soumana Sako rejette purement et simplement le document «parce que violant la constitution du 12 janvier 1992 ».
Le parti Fare Anka wuli de Modibo Sidibé se démarque radicalement d’un Accord qui « ne résout en rien les questions fondamentales relatives à la stabilité du pays, à l’intégrité du territoire, à l’unité nationale et à la réconciliation nationale ».
Pour les autres partis de l’opposition républicaine , « cet accord contient des germes d’une désintégration rampante du pays..».
De son côté, une bonne partie de la société civile exprime son désaccord vis-à-vis de l’Accord, à l’image du Coren (Collectif des ressortissants du nord) qui estime qu’il ne prend pas en compte les préoccupations de la société civile.
Pour couronner l’échec, la CMA refuse catégoriquement de parapher l’Accord, exigeant, à titre prioritaire, « la reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique ».
La date d’hier, 15 avril 2015, brandie hautement par le médiateur algérien pour le paraphe de « son Accord » par la CMA, est passée, sans paraphe. Et sans sanction. Comme si de rien n’était.
Au même moment, les attentats, les mines antipersonnel, les crashs d’hélicoptères, les pertes des soldats de la Minusma, les combats, les attaques et le banditisme résiduel,…côtoient au quotidien les Maliens. Des Maliens de surcroit privé de tout et qui manque de tout, y compris le repas ordinaire.
A quand le réveil d’IBK pour un Mali, enfin, sur pied ?
Sékou Tamboura
Tout ce verbiage se résume en ceci: cher gentil bandit armé, je t’en prie, déposes ton arme, arrêtes avec la consommation et le trafic de drogues et d’armes, cesses d’enlever des blancs pour les vendre, refuses de vendre ton pays, tes parents et tes enfants au premier venu, reconvertis-toi dans le développement de ta Région, du tourisme, de l’élevage, de la plantation de dattiers, du déploiement de l’énergie solaire que tu as en abondance, penses à multiplier les écoles, les centres de santé, les services de justice. Vous vous rendez parfaitement compte de l’incongruité d’un tel langage. Cela n’a jamais marché, cela ne marche pas, cela ne marchera nulle part dans le monde. UN PROBLEME DE BANDITISME NE SAURAIT ËTRE UN PROBLEME DE DEVELOPPEMENT. Comme le Mali actuel est trop faible et refuse même les escarmouches, à part le GATTIA, couchons-nous et acceptons d’être humilié, fuyons le pays, ou pire, faisons-nous protéger par des terroristes, le temps d’être prêt, étant entendu que personne ne se leurre encore sur l’AMUSEMA…
1. la Communauté internationale ne fera rien pour aider le Mali, au contraire, elle soutient l’affaiblissement du Mali (de Berlin 1884 à ce jour en passant par la remise de Kidal par SERVAL au MNLA, cela a toujours été le cas: utiliser des africains pour casser d’autres africains). Et IBK avec son latin ne fait pas exception à la règle : la France le fait chanter.
2. cet accord est le plus mauvais de tous les autres, parce qu’il reprend la n ième faute (ce n’est plus une erreur), d’accepter le principe de la réintégration des rebelles, meilleur moyen pour ne JAMAIS AVOIR UNE ARMEE FORTE : UNE STRUCTURE OU L’INDISCIPLINE PEUT ETRE SYNONYME DE MORT QUI DEVIENT UN LIEU DE DESERTION PLUS QU’ORDINAIRE. Comment peut-on imaginer un bandit se convertir en saint sans la crainte de la force? Depuis quand un problème de banditisme, de mercenariat et de trafic se mue en un problème de développement?
La solution? Le GATIA, des Brigades d’autodéfense encadrées par l’armée, des aéronefs de combat, des leaders africains d’une autre trempe, l’Union africaine…
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