Gouvernance démocratique : un sursis pour IBK

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Le Président Ibrahim Boubacar Kéita, doit faire face aux revendications des syndicats

S’il y a une raison objective au plébiscite d’IBK à l’élection présidentielle passée, c’est bel et bien la soif de changement du peuple malien. Changement des hommes, des méthodes, des façons de faire donc de système de gouvernance. Les griefs faits au «régime défunt» sont entre autres : gestion familiale, partisane et clanique du pouvoir, poursuite effrénée de buts individuels et d’atteintes d’objectifs égoïstes au détriment des intérêts de la collectivité, légalisation et légitimation du mensonge, du vol et de la corruption, criminalisation de notre économie, destruction programmée et planifiée de notre système éducatif, etc. La crise multidimensionnelle dans laquelle a été plongé notre pays en 2012, n’est rien d’autre que la conséquence des anomies sus citées. Le peuple du Mali, agacé, traumatisé et humilié par les péchés impardonnables commis par ces dirigeants, voyaient en IBK, l’homme de la situation simplement.

Un des candidats à l’élection présidentielle avait pour mot d’ordre : «An Ka Wuli » (levons-nous) ; un autre «An ka ta » (Allons-y) ; et IBK «Pour l’honneur du Mali, pour le bonheur des Maliens». La jonction ou la coordination de ces 3 mots d’ordre a eu l’effet suivant : les Maliens se sont levés et sont partis voter pour l’honneur du Mali et pour le bonheur des Maliens. De l’investiture du président de la République à nos jours, je dois avoir l’honnêteté de reconnaître, qu’il m’est très souvent arrivé d’exploser de joie, en applaudissant intensément certains discours de fermeté et de rigueur qu’il a tenus sur certaines tribunes nationales qu’internationales.

En effet, il y a au moins 20 ans, que nous n’avions pas entendu certains propos d’une certaine teneur venant d’un président. Le fait, qu’en lieu et place de la comédie et de la fanfaronnade institutionnelle mise en place et entretenue par les premiers responsables déchus de notre pays, nous retrouvions un père de la nation digne d’un dirigeant à poigne, est non seulement positivement salué par les populations, mais aussi réconfortant. Cependant, dès la mise en place du gouvernement actuel, malgré la présence incontestable et incontestée de quelques ministres dignes de ce statut, il est nous est apparu clairement que le changement vrai auquel beaucoup s’attendaient, dont votre modeste serviteur, est désormais situé dans un horizon dont l’atteinte ne sera point de si tôt. Nous avons été confortés dans cette posture par la saga politique des élections législatives, de l’élection du président de l’Assemblée nationale et de la mise en place du bureau de cette même institution.

Nous, nous posons aujourd’hui la question, non pas de savoir si notre pays a changé, mais s’il est plutôt sur la voie du changement, c’est-à-dire, la revendication minimale du peuple malien au vieux. Ce qui est sûr, la déception et le désespoir grandissant sont patents au sein des populations. Notre soutien à IBK pour qu’il soit élu président, a été un choix volontaire, sans calcul aucun, sans arrière-pensée, et pour des raisons objectives que nous avons clairement exposées. C’est justement à ce titre et au nom de la responsabilité citoyenne que nous avons pris l’engagement solennel de le soutenir tant qu’il est sur la voie de justice, de le critiquer s’il le faut et de le combattre s’il nous apparaît clairement qu’il mène le pays à l’abîme.

Notre combat n’aura point de sens, exempté de ces principes. Pour finir, nous avons coutume de dire qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, surtout qu’une occasion historique est encore à porter de main du président : la formation du nouveau gouvernement. Les Maliens lui ont déjà accordé un sursis en digérant ce qui a été déjà fait de son investiture à nos jours. Ce n’est pas évident qu’ils soient encore disposés à accepter l’inacceptable qui serait cette fois, la formation d’un gouvernement qui incarnerait le retour à un système de gouvernance déjà honni et vomi par le peuple souverain.

Fabou KANTE

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