En ce début d’année 2012 un coup d’œil rapide sur ce que fut l’année précédente, rappelle des moments très difficiles pour l’exécutif national. La fin 2011 fut des plus difficiles. Ils sont passés par-là, les différends nés de la révision des listes électorales, les contestations au sujet des réformes politiques engagées par le gouvernement au nom d’une rectification des tares de la démocratie malienne. Mais aussi le dossier du nord de notre pays avec la chute du régime Kadhafi et son lot de déversement d’ex-combattants maliens. Des dossiers chauds.
Si, en ce qui concerne le premier dossier chaud, le bon sens aura finalement prévalu, reste que sur le deuxième les contestations continuent. Un collectif dénommé «Touche pas à ma Constitution» milite toujours pour l’abandon de la révision constitutionnelle qu’il juge «pas nécessaire». Même si cette révision a été votée par l’Assemblée nationale, après des débats très houleux, et en attendant la tenue d’un référendum pour ce faire. Il est par ailleurs fort probable que la révision constitutionnelle passe en raison de l’appel de plusieurs partis politiques et d’associations et organisations de la «société civile» à la voter. Un constat se dégage : 2011-vers sa fin- a rompu avec le scénario de suivisme qui a caractérisé les deux mandats du règne de l’actuel président de
En tout cas, il aura volé en éclats dès lors qu’on a senti la nécessité de s’arrimer à d’autres alternatives. Principalement à cause de la volonté du chef de l’Etat, de ne pas se présenter à la présidentielle d’avril prochain. Il fallait pour cela tordre le coup à la loi fondamentale du pays. Ce que ne fut pas Amadou Toumani Touré. Alors, même ses propres courtisans l’ont laissé en rade. Encore qu’ils se soient montrés incapables de le soutenir dans les moments difficiles, notamment lorsque des Maliens ont battu le macadam contre le code des personnes et de la famille. À propos, ledit code est finalement passé. L’alchimie a consisté à ménager les susceptibilités des courants religieux, surtout islamiques, dont la démonstration de force avait fait reculer le pouvoir. Lequel n’a eu d’autre que d’expédier le projet de loi à l’Assemblée nationale pour seconde lecture.
Un incendie de moins. Quand d’autres s’allument sur le front social. En effet, fin 2011 début 2012, les contestations n’ont jamais faibli. Il y a quelques jours, les travailleurs des Aéroports du Mali étaient dans la rue contre le projet de privatisation de ce service. L’Association «Appel du Mali» a suivi les brisées de ceux-ci en manifestant bruyamment contre les spéculations foncières à la mairie du district de Bamako. La journée «ville morte» a fini de convaincre sur l’ampleur du ras-le-bol de nos compatriotes. Et ce mois de janvier, le collectif des partants volontaires à la retraite a tenu à faire entendre parler de lui en dénonçant ce qu’il appelle «la politique criminelle du gouvernement malien».
Ces dernières manifestations de protestation succédaient à des moments d’inquiétude dans le septentrion, où, pour la première fois, des occidentaux étaient enlevés dans notre pays, à Hombori et Tombouctou. Sur fond de résurgence de l’ancienne rébellion touarègue. Les menaces ne sont pas totalement écartées-nous y consacrons un article. Et dire que les élections générales doivent se tenir dans ce climat délétère… ça craint.
Issiaka Sissoko