Fort de l’écrasante majorité des partis politiques que compte le paysage politique malien, et de 75 députés sur les 147 à l’Assemblée nationale, ce regroupement parfois contre nature, connait aujourd’hui beaucoup de remous en son sein. Et pour cause, le parti majoritaire le RPM, en véritable mastodonte, écrase tout sur son passage. Même les alliés ne sont pas épargnés.
Ils sont tous frustrés aujourd’hui, les alliés du RPM, avec lesquels ils forment la majorité présidentielle. Même si certains n’ont pas le courage de le dire ouvertement. Ils regrettent de s’être mariés avec le parti présidentiel sans avoir des garanties réelles. En réalité, le RPM n’avait nullement besoin d’eux, ils se sont offerts à lui sans frais. Alors, il serait difficile d’attendre le moindre respect et considération de sa part, comme le veut une vraie alliance, diront certains observateurs avertis.
La mouvance présidentielle aujourd’hui n’existe que de nom. Il n’y a que la majorité présidentielle à l’Assemblée qui travaille, mais le cadre de concertation des partis de la majorité dénommé ‘’Alliance pour le Mali’’ n’est qu’une coquille vide. Le plan et le contrat que l’ancien Premier ministre avait proposé est resté lettre morte chez son prédécesseur Moussa Mara, qui d’ailleurs était le porte-parole de cette alliance avant de se voir bombardé chef de l’exécutif. Il a tourné le dos à ses anciens camarades qui ne l’ont plus vu depuis. Malgré tout, ces présidents de parti continuent de s’appeler majorité présidentielle. Mais derrière ce discours officiel se cache beaucoup d’amertume. Ils reprochent au RPM de régner sans partage, il ne pense pas à eux. Ils aimeraient être conviés à la table pour manger avec leur allié mais ce dernier n’est pas encore rassasié. Mieux, les cadres de ces partis alliés sont relevés par des ministres RPM à coup de pelle. Les alliés observent impuissants et attendent toujours une main tendue de leur partenaire qui ne les voient point.
De sa mise en place à nos jours, les alliés n’ont rien vu de leur allié. Aujourd’hui, la réflexion est engagée au sein de l’APM pour voir quelles dispositions prendront-ils pour se faire voir et entendre de leur allié apparemment sourd et muet.
Ils sont nombreux les observateurs qui ne parient pas sur une continuité de cette mouvance et sont formels qu’elle implosera dans les mois ou les années à venir, d’autant que le mépris du RPM a atteint des seuils intolérables.
Cela expliquerait aisément la cacophonie actuelle selon laquelle des ténors du RPM réclament la tête de Mara et d’autres non. Les tisserands veulent leur pouvoir à eux tout seuls, donc la primature ne saurait être confiée à quelqu’un d’autre.
Les jours, les semaines voire les mois à venir promettent d’être chauds. On assistera certainement à une reformation du paysage politique avec des petits vrais meurtres entre des vrais faux amis, le temps que les tisserands décident de livrer bataille à visage découvert, ils vont d’abord tâter le pouls de l’opinion publique.
Harber MAIGA
