À la question récurrente de la gestion du Nord, s’ajoutent des revendications d’ordre social qui risquent d’envenimer la situation. Ce sont les conditions de vie et de travail des agents de l’Etat. Et si l’on en reste là, le pouvoir actuel, déjà épuisé par d’énormes problèmes, risque d’ouvrir un autre front qui sera difficile à gérer.
Alors que les pourparlers inclusifs inter-maliens pour la sortie définitive de la crise se déroulent actuellement de façon chaotique, avec la comédie suicidaire de ceux qu’il convient désormais d’appeler «séparatistes» (Mnla, Hcua et Maa-dissident) ayant boudé le 1er face-à-face gouvernement malien/groupes armés du Nord, les autorités actuelles doivent faire face à une nouvelle fronde : celle de l’Union nationale des travailleurs du Mali.
Déroute des Fama à Kidal ; occupation du Nord du Mali, notamment de Kidal par les groupes armés ; soucis pour la réussite des pourparlers inclusifs inter-maliens à Alger ; affaire Michel Tomi ; affaire de l’achat de l’avion présidentiel avec son corollaire de suspension de l’aide du Fmi et de l’UE ; descente aux enfers de l’école malienne ; panier de la ménagère qui se vide de jour en jour… Une montagne de problèmes qui coupent le sommeil au président IBK. Comme si tout cela ne suffisait pas, voilà que le gouvernement, qui semble déjà à bout de souffle, fait face à une grogne sociale sans précédent de l’Union des travailleurs du Mali (Untm). Laquelle Untm, après sa grève de 48 heures des 21 et 22 août 2014, menaçait d’aller en grève de 72 heures, à compter du 22 septembre. Fort heureusement les négociations devraient reprendre entre le gouvernement et la centrale des travailleurs.
Abordons d’abord la reprise du dialogue inclusif inter-malien boiteux en terre algérienne. Après l’étape préliminaire qui avait été bouclée à la satisfaction de tous, nous voici au second round. Si le gouvernement malien peut se réjouir d’avoir pu arracher un pré-accord, il y a une grosse inquiétude quant à ce second round devant lui permettre d’aller jusqu’au bout de ses efforts, avec l’appui de la Communauté internationale, en réalisant un grand pas vers un Accord pour le retour définitif de la paix sur toute l’étendue du territoire national. Un pari difficile, surtout quand on sait que c’est sur ce volet que tous les gouvernements précédents ont échoué.
À titre de rappel, ces pourparlers inclusifs entre les autorités de Bamako et les rebelles armés du Mnla et de leurs acolytes jihadistes et narcotrafiquants, du Maa, Hcua… s’étaient ouverts le mercredi, 16 juillet 2014, dans la capitale algérienne (Alger). Des pourparlers qui s’avéraient délicats, étant donné que depuis la reprise de Kidal par les rebelles armés, suite à la déroute des Fama, ils sont en position de force. Qu’à cela ne tienne, le gouvernement malien avait été ferme en ce qui concerne l’intégrité territoriale et avait pu dire non à une quelconque «autonomie» ou «auto-détermination» de la prétendue «république de l’Azawad» des narco-terroristes du Mnla.
En cette année 2014, après la grave crise socio-politico-sécuritaire que notre pays a traversée et traverse encore, et après les accords de Ouagadougou qui ont été réactivés, nous voici donc à nouveau à Alger. Un autre Alger qui suscitait lui aussi beaucoup d’espoir, mais qui risque de virer au fiasco si le gouvernement malien et la Communauté internationale ne restent pas assez vigilants. Surtout que ces bandits armés du Nord et leurs acolytes jihadistes et narcotrafiquants de tous acabits ne tiennent jamais leur parole donnée, changeant toujours de couleurs comme des caméléons.
Autre grosse épine qu’IBK n’arrive pas à enlever de ses pieds, c’est celle concernant les revendications de l’Untm. Disons plutôt qu’il s’agit là d’un marteau que cette Centrale brandit sur la tête du gouvernement visiblement en panne de vision pour le Mali. En effet, au terme de la réunion de son bureau exécutif du 15 septembre 2014, elle avait donné un ultimatum jusqu’à vendredi dernier, 19 septembre, au gouvernement afin qu’il s’assume sur les cinq points de revendications restants. Au risque de déposer un préavis de grève qui allait être effectif depuis hier 22 septembre, fête anniversaire de l’indépendance du Mali. Alors que, selon nos informations, la première grève avait fait perdre à l’Etat malien plus de 2 milliards de Fcfa en deux jours. Selon nos dernières nouvelles, les deux parties devraient reprendre les négociations ce mardi 23 septembre 2014.
Précisons que les cinq points de revendication, qui avaient conduit au débrayage de l’Untm, ont pour noms : le relèvement du SMIG d’environ 10% ; le relèvement de l’allocation familiale au bénéfice des conventionnaires d’environ 10%; une proposition d’étude du système fiscal en vue d’une réduction de l’ITS. À noter que douze points avaient été pris en compte par le gouvernement. Mais cela n’avait pas suffi pour calmer la colère de l’Untm. Car, selon une source syndicale très proche du dossier, les 5 points de revendication restants, qui constituent actuellement la pomme de discorde entre les deux parties, sont les plus essentiels et les plus importants pour l’Untm. «On nous dit que l’Etat ne peut pas prendre en compte nos 17 points de revendication, parce qu’il n’a pas les moyens financiers. Mais, pendant ce temps, il a de l’argent pour s’offrir du luxe, acheter un avion à 20 milliards de FCfa, de luxurieuses bagnoles… Tout simplement incompréhensible ! De qui se moque-t-on ?», martelait un syndicaliste à la Bourse du travail, visiblement très remonté.
Comment le gouvernement compte satisfaire ces revendications syndicales à tout le moins légitimes et résoudre en même temps l’équation délicate du Nord en tentant de ramener Kidal dans le giron de la République du Mali ? La question reste entière.
Bruno E. LOMA
La question du nord n’est qu’une question de temps inchala. S’agissant de l’UNTM , jusqu’à preuve du contraire vous n’avez pas compris que votre état est pauvre ; de cet fait ne pensez vous pas que vos revendications sont inopportunes??????
Le président est la hauteur des maliens et nous le soutenons. Quoi que sa puisse déplaise à d’autres ; ainsi va la nature humaine
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