Gestion du front social :Les bons points de Modibo SidibéLes déboires de Makaï

0

Hier, elle faisait interdire une marche salutaire des Etudiants. A propos de la grève des enseignants du supérieur, elle n’a rien vu et rien entendu. Aujourd’hui, elle s’abstient de recevoir plusieurs regroupements de syndicats. Un geste qualifié de mépris par les acteurs sociaux. « Renforcement du dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux » reste cependant l’un des crédos forts de son employeur. Son prédécesseur accusé de tous les péchés d’Israël lui, s’est au moins abstenu d’agir de manière chevaleresque.

On ‘est visiblement pas sorti de l’auberge. Sur le front social, l’actuel premier ministre brille malheureusement par ses maladresses. Son refus hier de rencontrer les syndicats a plus qu’offensé les manifestants lesquels ont perçu en son geste, un signe de mépris et de désinvolture.

La veille, elle s’était pourtant rendu au siège de la CSTM et a tenu un discours pour le moins rassurant, essentiellement orienté vers le dialogue et l’apaisement. Un premier pas qui a redonné espoir. Nul ne pouvait naturellement se douter qu’il suffirait de 24 heures pour voir un autre visage et entendre un autre son de cloche. C’est, en clair, la meilleure façon pour elle d’amenuiser les chances du dialogue qu’elle a pourtant prôné la veille.

Pis ! La particularité du Mali dans un contexte mondial marqué par des contestations tout azimut, reste le dialogue social, le sens de la retenue, le respect de l’autre. Ces valeurs sont, hélas, désormais soumises à rude épreuve. Le compatriote malien, on le sait, est plus sensible au respect et à la considération qu’à toute autre démarche. C’est bien ce qui a permis au premier ministre sortant de marquer des points précieux face à des interlocuteurs pourtant plus intransigeants que ceux d’aujourd’hui.

L’option Modibo Sidibé

Comment s’est donc illustré le prédécesseur de Madame Khaïdama, immédiatement après sa nomination au poste de premier Ministre en 2007?
Il a engagé un dialogue franc avec tous les acteurs syndicaux de la place. S’abstenant de contester le bien fondé de leurs revendications catégorielles, ni ramener le débat à un simple déficit de communication (trop simpliste) comme l’a récemment si bien fait sa successeuse, il a d’abord rassuré ses interlocuteurs de la légitimité de leurs revendications et des acquis (les syndicats avaient obtenu satisfactions sur plusieurs points de leurs doléances avec le gouvernement sortant de Pinochet). Et au nom du Mali, sollicité qu’ils renoncent à leurs droits, du moins dans un avenir immédiat.

La pilule était dure à avaler, mais le discours sincère, patriotique et apaisant permis de la faire passer. Les syndicats d’enseignement eurent la nette conviction que le pouvoir en face ne les traitait pas, pour la première fois, d’apatrides, d’eternels insatisfaits très peu soucieux de l’avenir des enfants et du pays… En somme, c’est la règle dans le pays. Tout contestataire est vite assimilé à un empêcheur de tourner en rond, voir à un vulgaire égocentriste.

Le discours de Modibo Sidibé sortait de cette logique caricaturale. Et il fit effet.
Madame Khaïdama elle, se renferme dans sa tour d’ivoire et tente d’imposer une ligne de conduite aux manifestants lesquels, au delà de la question AMO, se trouvent bien dans leurs droits sur les autres points de revendications. C’est bien le gouvernement malien qui, en effet, n’a pas respecté la plupart de ses engagements avec les syndicats. L’Assurance Maladie Obligatoire ne constitue en vérité que la partie visible de l’iceberg des revendications de ces mouvements syndicaux. Cette lecture des événements aurait dû inciter notre premier ministre à un «petit sacrifice» à l’adresse des manifestants.
B. Diarrassouba

Commentaires via Facebook :