Pour espérer réussir sa dernière tentative de réformes politiques institutionnelles annoncées pour mars prochain, le président de la République a certainement besoin d’engager le dialogue politique et réunir les forces vives. Pour y parvenir, IBK doit nécessairement s’appuyer sur un homme rassembleur.
Le Premier ministre actuel est une personnalité incontestée. Nommé dans contexte particulier, Soumeylou Boubèye Maïga a quasiment réussi sa mission, avec l’organisation de la présidentielle et la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta. Seulement voilà : l’organisation des scrutins législatifs constitue aujourd’hui le tableau sombre de sa mission. Puisque la nouvelle légitimité politique obtenue au sortir de la présidentielle n’a pas permis au Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga de réaliser sa volonté. Attendu de jouer la carte du dialogue avec les acteurs politiques érigés d’un côté en contestataires de l’élection du président et l’autre côté contre la prorogation du mandat des députés sans concertation, le PM s’est plutôt inscrit dans une posture de répression. L’unanimité qui se dégageait autour de sa personne a du coup été durement éprouvée. Les hommes qui animent le jeu démocratique refusent ainsi de prendre langue avec lui.
Pour preuve, dans une correspondance en date du 5 novembre 2018 dont nous nous sommes procurer copie, Soumeylou Boubèye Maïga a souhaité rencontrer, vendredi 9 novembre 2018, l’opposition, avec à sa tête Soumaïla Cissé. Ladite rencontre qui devrait se tenir au siège du cabinet du chef de file de l’opposition allait se pencher sur les actions du gouvernement en cours, les réformes politiques et institutionnelles envisagées, le processus électoral et le découpage administratif. Cette rencontre n’a pas eu lieu, car, l’opposition n’a pas donné une suite favorable à la demande du Premier ministre. Dans la lettre en date du 8 novembre 2018 qui répond à celle du Premier ministre, l’opposition signale que la situation du Mali est caractérisée par la contestation des résultats de l’élection présidentielle, le refus de la fraude électorale, la dégradation continue de la situation sécuritaire, etc. « Seul un État dirigé par un président légitime et reconnu par tous les Maliens peut prendre en charge les questions brûlantes auxquelles la Nation est confrontée et les gérer conformément à l’intérêt général», précisait l’opposition.
Si Soumaïla Cissé n’a pas voulu prendre langue avec le PM, l’ex-ministre Me Mohamed Aly Bathily l’a reçu, tout en crachant sur sa légitimité. L’honorable Oumar Mariko n’est pas aussi allé avec le dos de la cuillère.
Dès lors, la situation générale du pays se détériore de plus en plus. Seul un PM légitime et reconnu par tous les Maliens peut prendre en charge les questions brûlantes auxquelles la nation est confrontée et les gérer conformément à l’intérêt général. Soumeylou B. Maïga a même fait fi de la crise postélectorale au Mali. Alors que le président en exercice de la CEDEAO, Muhammadu Buhari, avait voulu anticiper en dépêchant une mission à Bamako.
A cela s’ajoute la colère des religieux. De nos jours, les religieux sont partie prenante du jeu politique. Aucune réforme majeure ne peut s’obtenir sans leur adhésion. Pourtant, l’une des conditions imposées par le Chérif de Nioro est un dialogue sans l’actuel PM. Alors questions : avec qui SBM fera-t-il la paix : Le RPM ou La Cofop ? En tout cas, ses camarades politiques lui reprochent un plan de déstabilisation de la famille présidentielle. Le Rassemblement pour le Mali ayant été déjà secoué, puisque l’Asma du PM a copté près de 20 députés dans ladite formation, ainsi que des milliers de conseillers municipaux.
Le hic dans cette histoire c’est que le PM veut réussir des réformes institutionnelles dont la révision constitutionnelle. L’approche consultative des forces vives afin d’obtenir un minimum de consensus pourrait manquer.
La poursuite de la réorganisation territoriale dont la finalité est de renforcer l’efficacité de l’action, en prenant en compte le vécu des populations et des cohérences historiques et socioculturelles, l’approfondissement de la démocratie par une reconnaissance institutionnelle des identités territoriales dans une nation plurielle, un Etat démocratique et unitaire reste à désirer. Le PM semble prendre tous les acteurs comme des adversaires.
Bref, le président a besoin d’un autre homme pour un autre défi.
Zan Diarra