Afin de se prononcer sur l’évolution sociopolitique de notre pays, notamment la cherté de la vie avec une flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité, le respect du délai de la transition fixé à la fin du mois de février prochain…, la synergie “Sauvons le Mali” composée du Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie au Mali, de la plate-forme unie pour le Mali (Puma), du Parena, du Cœur pour le Mali, des forces patriotiques et progressistes du Mali, a animé, le samedi 11 décembre 2021, une conférence de presse à la Maison des aînés. Les travaux étaient dirigés par le président du Cadre et non moins président du parti Yelema, Dr Youssouf Diawara. C’était en présence de plusieurs responsables des différentes entités qui composent la Synergie.
Qelon la déclaration rendue publique, la conférence s’est tenue dans le contexte d’un pays endeuillé par de récentes attaques terroristes avec un bilan macabre de plus d’une trentaine de personnes calcinées et de nombreux blessés, suite à l’attaque d’un bus transportant des forains sur l’axe routier Songo-Bandiagara.
Et de poursuivre que la lutte contre l’insécurité qui devrait constituer la priorité des priorités pour les autorités de la transition peine à donner des résultats. Au contraire, le phénomène se métastase et l’étau se resserre autour des grandes villes, dans lesquelles on assiste à des attaques à main armée, y compris dans les grandes villes du pays.Sur le plan social et économique, mentionne la déclaration, les Maliens assistent à la dégradation inquiétante du climat social marqué, entre autres, par la cherté de la vie avec une flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité.
Aucune démarche inclusive et participative autour des réformes politiques et institutionnelles
A en croire les cadres de la Synergie, sur le plan politique et institutionnel, le consensus est la chose la moins partagée à un moment où les Maliens ont besoin de plus d’unité et de cohésion. En effet, le chronogramme électoral publié ainsi que les réformes politiques et institutionnelles annoncées sont régulièrement reportés et ne font l’objet d’aucune démarche inclusive et participative. Selon eux, la mise en œuvre des engagements pris vis-à-vis du peuple malien et de la Communauté internationale à travers la charte de la transition et le Plan d’action gouvernemental (Pag) est suspendue à la tenue d’assises nationales dites de refondation dont les termes de références n’ont pas été consensuels.
Au même moment, déplore la Synergie, les libertés démocratiques chèrement acquises sont bafouées à travers les arrestations arbitraires et extrajudiciaires de personnalités politiques et administratives, intimidations, violations graves de la loi et de la charte de la Transition de façon récurrentes.
Au plan diplomatique, la Synergie estime que le Mali, pays enclavé, n’a jamais vécu pareil isolement sur la scène internationale. Et d’ajouter que les sanctions annoncées par la Cédéao et l’Union Européenne (UE), le désengagement de certains partenaires techniques et financiers n’augurent pas, non plus, un lendemain meilleur.
“S’agissant de la marche, proprement dite de la transition dans notre pays, nous nous devons de rafraîchir nos mémoires, par rapport aux actions des différents regroupements initiateurs de cette présente conférence de presse dont l’objectif de base est de contribuer à la réussite de la transition dans notre pays”, précise la déclaration.
Urgence d’assurer la sécurité des personnes et des biens
Aux dires des cadres de la synergie “Sauvons le Mali”, à travers un mémorandum transmis aux autorités maliennes, différents communiqués rédigés et partagés, la tenue de plusieurs conférences de presse sur la marche de la transition et l’affirmation de notre attachement à la réussite de la transition, avait pour but d’attirer l’attention des autorités sur, entre autres, l’urgence d’assurer la sécurité des personnes et des biens et de lutter avec efficacité contre le terrorisme grandissant ; la lenteur dans la mise en œuvre de la feuille de route assignée à la transition ne favorisant pas le retour dans un délai raisonnable à l’ordre constitutionnel normal ; l’impératif de mettre à jour et de publier le chronogramme électoral, instrument essentiel pour toute transition ; la lutte contre la corruption et l’impunité dans le strict respect de la loi et de l’état de droit ; la nécessaire lutte pour une véritable justice sociale, afin de rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés ; la lutte effective contre la cherté de la vie ; l’exigence de résoudre la crise des enseignants afin que l’avenir de nos enfants ne soit hypothéqué ; le respect des engagements nationaux et internationaux.
Les ANR, une manœuvre dilatoire visant à proroger le délai de la transition
Ils ont également évoqué l’incompatibilité de la mise en place d’un organe unique avec le respect du délai de la transition ainsi que l’inopportunité des Assises nationales de la refondation (ANR), perçue comme une manœuvre dilatoire visant, tout simplement, à proroger le délai de la transition.
A les entendre, plusieurs mois après leurs premières déclarations, le constat est un constat d’échec des autorités à faire face aux défis qui assaillent notre pays, notamment l’échec à assurer l’inclusion de toutes les forces vives dans la marche de la transition tant proclamée par le président de la transition ; l’échec à mettre en place un Organe unique de gestion des élections avant le 10 octobre 2021, date fixée par le gouvernement Choguel ; l’échec à mettre à jour et publier le chronogramme des élections, un chronogramme délibérément mis aux oubliettes. “C’est dire que la tenue du scrutin référendaire prévu le 31 octobre 2021 et des élections législatives et présidentielle subséquentes n’était qu’un leurre, une duperie, une fourberie”, mentionne la déclaration.
Pour les responsables de la synergie “Sauvons le Mali”, les Assises nationales de la refondation initialement prévues de juin à aout 2021 puis de septembre à octobre 2021 et reporté par le panel des hautes personnalités ne sont, de façon évidente qu’un moyen de justifier l’inaction, voire l’immobilisme d’un gouvernement sans repère, ni boussole, incapable de soumettre au peuple malien et aux amis du Mali un simple chronogramme des élections, outil fondamental de toute transition. Et de rappeler que l’élaboration d’un chronogramme des élections demeure un travail technique et politique. “A moins de trois mois de la fin de la transition, le constat est un constat d’échec. Les missions clairement définies dans la charte de la transition restent à présent sans aucune réponse”. Face à ce sombre tableau qui, à l’évidence, ne doit réjouir et satisfaire aucun Malien, notre pays a plus que jamais besoin d’unité, de cohésion, d’inclusivité, de concertation et de consensus.
Inscrire la transition dans la Charte et la Constitution
Pour ce faire, le Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, la Plateforme unie pour le Mali, Cœur pour la nation, Forces patriotiques et progressistes du Mali et le Parena, soucieux du devenir de la nation malienne, conscients de leur rôle et de leur responsabilité dans la défense des acquis de la démocratie, mesurant le degré de détérioration de la situation sécuritaire et des menaces qui pèsent sur l’unité et la souveraineté du pays, considérant la dégradation du climat social et ses conséquences socio-économiques ainsi que l’isolement diplomatique dans lequel se plonge de plus en plus le pays, lance un appel pressant au président de la transition à prendre toutes ses responsabilités pour inscrire la transition dans la Charte et la Constitution qui l’encadrent.Par ailleurs, les cadres de la Synergie “Sauvons le Mali” exigent l’élaboration et la publication d’un chronogramme électoral à dissocier de toutes assises ; la lutte effective contre la cherté de la vie ; l’établissement d’une carte électorale sur la base des données sécuritaires ; l’élaboration d’un plan de sécurisation des élections à ne pas confondre avec la mission permanente et de longue haleine de sécurisation de l’ensemble du territoire national ; la création des conditions d’un sursaut national pour le retour rapide du Mali dans le concert des nations ; la reprise des réunions du cadre de concertations entre le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation et les partis politiques, la société civile, les mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation ; la prise en compte des recommandations et résolution du dialogue national inclusif (Dni) ; la cessation des arrestations politiques, des intimidations et des menaces à l’endroit des personnalités politiques.
La synergie “Sauvons le Mali” ouverte au dialogue et à la concertation
Aussi, ils rejettent toute idée tendant à mettre les résolutions d’un forum au-dessus de la constitution, le décret du 24 novembre 2021 portant adoption d’un projet de loi électorale et prise en compte du projet de loi électorale issu de l’atelier organisé par le Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) du 03 au 07 mai 2021 ainsi que les conclusions issues des Assises nationales dites de la Refondation dans son format actuel.
Enfin le Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, la Plateforme Unie pour le Mali, Cœur pour la Nation, Forces Patriotiques et Progressistes du Mali et le Parena disent rester ouverts au dialogue et à la concertation sur toutes les questions dont la résolution est susceptible de participer à la réussite de la transition et d’éviter une aggravation de la crise que connait notre chère patrie.
Boubacar PAÏTAO