Gestion de la transition : Le Président Dioncounda entre impulsions, improvisations et hésitations

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Le retour au bercail du Professeur Dioncounda Traoré avait présagé beaucoup d’espoirs quant au processus de stabilisation politico-institutionnelle à Bamako et, par ricochet, en ce qui concerne la reconquête du Nord. Les différentes propositions qu’il avait formulées en ce sens, en la faveur de son adresse de retour à la nation, avaient réconforté cette attente. Aujourd’hui, en cette phase à la fois sensible et décisive pour le Mali, une seule question mérite d’être posée : où en est l’homme, dans le cadre de la gestion de la transition ?

Le président malien de la transition Dioncounda Traoré. AFP

Loin de moi la prétention de porter un jugement discourtois sur le professeur Dioncounda, en ce qui concerne son bilan à mi-parcours dans la conduite des affaires publiques. Lequel bilan que je trouve d’ailleurs relativement positif, eu égard à certaines circonstances sociopolitiques et, compte tenu d’autres enjeux diplomatiques. Il s’agit plutôt de jeter un regard critique sur ses actes, dans le souci bien entendu de mieux les comprendre et  juger de leurs opportunités pour la nation. De ce fait, il ressort des analyses, 3 constats essentiellement légitimes pour situer sa responsabilité à l’état actuel du processus de transition.
La volonté de l’homme, de rassembler les maliens, stabiliser le pays et libérer le Nord, ne souffre d’aucune contestation. Dioncounda a prouvé, à maints égards, son patriotisme ; sans pour autant convaincre le malien lambda de sa capacité et ses aptitudes à insuffler le souffle nécessaire dont la transition a besoin. De ses différentes actions, il ressort un sérieux manque de cohérence et l’absence totale de plan d’action structuré pour la conduite de la transition. Cette attitude avant-gardiste, donnant l’impression d’une transition largement plus longue que prévue (au minimum deux ans), plonge le professeur Dioncounda dans une série d’improvisations. Laquelle saurait essentiellement se justifier par sa volonté de satisfaire tous les maliens, pour ne pas dire tous les protagonistes et acteurs de la crise institutionnelle malienne. 4 illustrations prouvent ces improvisations, souvent acrobatiques compte tenu de leurs manifestations, de l’homme. Revenons un tout petit peu en arrière, disons à son premier discours après son retour de la France. Les différentes propositions formulées, faute aujourd’hui de concrétisations, donnent l’impression d’un simple discours politique (d’un homme qui tentait à rassurer ses compatriotes et la communauté internationale) plutôt que d’une réelle volonté politique. Encore que celles-ci, après amendements et l’adhésion de toutes les forces vives de la nation, auraient pu avoir des impacts positifs sur le pays et la gestion des problèmes. Le 12 août dernier, suite à une démonstration de force du haut conseil islamique en faveur du premier ministre Cheick Modibo Diarra, Dioncounda a cédé donnant du coup à cette organisation la légitimité politique qui lui manquait pour imposer ses choix quant à la gestion des affaires de l’Etat. Ce qui mérite ici notre attention, c’est plutôt la célérité avec laquelle Dioncounda a reconduit CMD. La nouvelle a été apprise par la presse malienne et une bonne partie de la classe politique (y compris ses ‘’anciens compagnons du FDR’’) sur les ondes de RFI. Ce qui n’a pas été sans conséquences en termes de frustration et de gronde. A ces deux exemples, s’ajoutent deux autres plus pertinents et qui alimentent le débat de nos jours. La nécessité de l’aide étrangère pour la reconquête du nord n’est plus à être démontrée. Sauf que la sollicitation de la CEDEAO pour résoudre le problème, pour qui connait l’orgueil des maliens et le comportement réfractaire de certains de nos compatriotes vis-à-vis de cette question, aurait pu obtenir l’adhésion de tous à travers une bonne politique de communication et une approche plus participative axée sur la consultation de l’assemblée et la tenue d’une conférence nationale. La précipitation du professeur Dioncounda a plutôt été motivée par la conférence de presse du FDR relative à la sollicitation sans délai de la CEDEAO. C’était donc pour ne pas causer la rupture totale avec ce front, jusque là aux abois, que le Professeur Dioncounda s’est saisi du démarcage du MUJUAO vers Douentza pour  motivé sa décision. Ladite lettre laisse une empreinte assez succincte, quant à sa volonté de satisfaire à la fois les partisans et non-partisans de l’intervention de la CEDEAO. Sinon à quoi bon solliciter cinq bataillons, si ces derniers ne combattront pas ?
Les hésitations, le manque de charisme du professeur Dioncounda et ses considérations personnelles démesurées, certes justifiables par un impératif de sauvegarde de la stabilité politique, risquent de détériorer le climat social et engendrer plus de problèmes que de solutions. En donnant l’impression qu’il est prêt à céder à n’importe quel caprice ou satisfaire toutes sortes demandes, il risque d’encourager des dérives et s’attirer plus d’ennemis qu’il en a déjà. Il est vrai que Dioncounda doit son fauteuil présidentiel à la CEDEAO ou encore au FDR qui n’a ménagé aucun sacrifice pour ce faire. Il est tout aussi vrai que l’ombre du Haut Conseil Islamique ou de l’ex junte militaire plane toujours comme une épée de Damoclès sur sa tête.  Tout comme, il est obligé aujourd’hui de composer avec Cheick Modibo Diarra ou d’accepter toute sorte de chose pour le bien du Mali. Mais qu’à cela ne tienne, Dioncounda doit comprendre qu’il ne peut satisfaire tout le monde et au même moment. Il n’est redevable  qu’au Mali. Par conséquent, il doit sortir des hésitations et mettre fin à cette approche subjective qu’il donne de ses responsabilités. Il doit prendre des décisions difficiles et les assumer. ‘’Le statut de bon fils dont je voudrais m’approprier un temps si peu soit-il ’’, en guise de contribution, me pousse à renvoyer ‘’le bon père de famille qu’il doit être’’ à la formule selon laquelle : le bon chef doit être derrière (quand il s’agit de profiter), au centre (pour jouer la neutralité, rassembler et favoriser la cohésion) et surtout devant (quand il s’agit de prendre des décisions difficiles et les assumer contre vents et marrées).
Fousseyni  MAIGA

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6 COMMENTAIRES

  1. Merci Monsieur Maiga pour vos analyses toujours pertinentes et objectives. Si j’étais Dioncounda, je vous aurais nommé conseiller spécial.

  2. Dioncounda est vaiment un grand patriote. Que Dieu t’aide pour sortir le Mali dans ce trou que Sanogo et check Modibo et leur alliers ont creuser.

  3. Je suis parfaitement d’accord avec vous CuZhou. Vous avez compris le probleme de Djoncounda.
    Il a toujours dit que lui ne sera jamais la cause d’un mal pour le Mali, alors si les personnes mal-intentionnees detruisent le pays sous son leadership, qui sera le vrai responsable?
    Djoncounda a besoin de l’assistance d’un conseiller de forte personnalite comme Me Kassim Tapo, qui n’a jamais change d’opinion ou de point de vue par rapport a la gestion de cette crise. Malheureusement je vois ce gard aussi demissioner de son poste de porte parole pour le FDR pour des futilites. Alors bonne chance a nous.

  4. Dioncounda sait très bien que notre armée même avec tous les équipements du monde ne peut libérer le nord; il veut tout simplement que certains ennemis et opportunistes qui profitent de l’ignorance du peuple soit discrédités.
    croyez moi sans la communauté internationale avec de vrais unités combattantes extérieurs on est tres mal barré

  5. Dioncounda a un costume beaucoup trop grand pour lui ,et comme certains lui ont tapés trop fort sur la tete ,il est encore complétement sonné :mrgreen: :mrgreen:

  6. Cette analyse, me rappelle un dessin animé regardé il y a si longtemps. Un éléphant qui peint un tableau sur la forêt et les animaux. Le tableau peint, il appelle tous les animaux afin que chacun se prononce. Chacun le juge bon mais y amène sa petite critique. Après, mon cher éléphant reprend le tableau en y intégrant toutes les observations formulées et invite de nouveau les animaux à la critique. résultat : le tableau était devenu nul.
    La morale de cette histoire : on ne peut satisfaire tout le monde.
    La réussite de Dioncounda passera effectivement par sa fermeté à réaliser les projets qu’il s’est fixé, au risque de faire des mécontents, même parmi les siens.

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